Et non, tous les Français ne se sont pas mis à la course à pied en 2020
Etudier la pratique physique et sportive des Français lors du premier confinement, tel était l’un des enjeux du 2ème « Baromètre national des pratiques sportives 2020 » divulgué au ministère chargé des Sports ce lundi 1er mars.
« Le sport c’est toute ma vie. Il est indispensable à la santé physique et morale. Il permet de s’épanouir et de tisser du lien social » a déclaré Roxana Maracineanu, ministre déléguée aux Sports, lors de la présentation du « Baromètre national des pratiques sportives 2020 » réalisé par l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire (INJEP) en collaboration avec le centre d’études Credoc. Une conviction de l’ancienne championne du monde de natation qui ne se reflète pas forcément dans l’étude réalisée entre juin et juillet 2020 puisque 35% des personnes interrogées – un échantillon d’un peu plus de 4 000 personnes – ont diminué leur pratique sportive durant le premier confinement, du 17 mars et 11 mai.
« La raison première de cette baisse tient aux restrictions imposées à certaines pratiques en raison des mesures sanitaires et au fait que les pratiques à domicile ne s’y substituent pas ou imparfaitement » explique en substance Patricia Croutte, chef de projet au Credoc, qui insiste aussi sur « les facteurs psychologiques tels que l’envie et la motivation » qui ont joué un rôle déterminant sur cette période. Malgré le coup de frein observé pendant le premier confinement, la part de pratiquants reste relativement stable puisque 65 % des Français ont pratiqué au moins une activité sportive dans l’année écoulée, contre 66 % en 2018. A noter qu’en 2020, si l’on en croit un autre baromètre, celui de la Fédération Française d’Éducation Physique et de Gymnastique Volontaire (FFEPGV), les françaises ont consacré 30 minutes de moins par semaine à l’activité physique qu’en 2019, et 48 minutes de moins que les hommes.
La course à pied, activité refuge ?
Le Baromètre révèle par ailleurs que 53 % des Français interrogés ont pratiqué au moins une activité pendant le confinement. On pouvait légitimement penser que pendant le confinement la course à pied allait toucher des pans entiers de la population. Le résultats du Baromètre indiquent plutôt le contraire. Si la randonnée ou marche, le footing et le fitness sont les trois activités les plus fréquentes (pendant et hors confinement), elles enregistrent toutes les trois une baisse du nombre de pratiquants. Entre 2018, année du premier baromètre, et 2020, le footing est ainsi passé de 16 % à 13 % d’adeptes. Dans le même temps, la marche/randonnée qui reste l’activité la plus pratiquée est passée de 25 % à 17 %.
En regroupant les différentes disciplines par univers sportifs, celui de la course à pied et de la marche occupe la première place avec 41 % de pratique hors confinement et 32 % pendant le confinement, suivi par les activités de la forme et gymnastique (27 % hors confinement et 24 % pendant le confinement). Les activités de cycle (vélo de course, vélo d’appartement, VTT…) arrivent en troisième position avec 16 % et 9 %. Les activités de la forme et gymnastique ne perdent quant à elles que peu de fidèles pendant le confinement (-3 points) en comparaison avec l’univers de la marche et de la course (- 9 points) ou les activités de cycle (-8 points, soit quasiment une pratique divisée de moitié).
L’envie d’avoir envie
Alors qu’ils ne manquaient généralement pas de place chez eux pour faire du sport (61 % des Français disent en avoir eu suffisamment), ni de temps (68 % en avaient suffisamment), la plupart des personnes interrogées ont cependant diminué leur pratique ou n’ont pas changé leurs habitudes. Au-delà de ces questions matérielles, l’INJEP et le Credoc invoquent une composante psychologique. En effet, l’envie de faire du sport pendant le confinement a fait défaut. Seulement 54 % des Français ont eu envie de pratiquer une activité physique et sportive pendant le confinement dont 23 % des non-pratiquants. Des études pointent les effets délétères du confinement (isolement, dégradation du sommeil, détresse psychologique…) qui ont pu peser sur la motivation. À titre de comparaison, dans le Baromètre 2018, le fait de ne pas aimer le sport était invoqué comme frein à la pratique par 30 % des non-pratiquants (et 10 % des pratiquants déclaraient ne pas aimer le sport).
16% des Français auraient bénéficié d’une prescription médicale pour faire du sport
Dans ce Baromètre 2020, deux dispositifs en faveur de la pratique sportive ont été analysés. D’une part, le sport sur ordonnance et, d’autre part, les aides des employeurs auprès de leurs collaborateurs. Ainsi 16% des interrogés auraient bénéficié d’une prescription médicale pour une pratique sportive, avec un taux plus élevé dans les groupes en moins bonne santé. Quand on a bénéficié du dispositif, la pratique sportive se trouve majorée (+ 12 points par rapport à l’ensemble de la population). Par ailleurs, un actif en emploi sur cinq bénéficie d’une aide à la pratique sportive (qu’elle soit pécuniaire ou logistique) par le biais de son entreprise.
Le Baromètre national des pratiques sportives est publié tous les deux ans. « C’est un outil qui nous permet d’ajuster notre action pour le développement de la pratique sportive des Français » souligne Roxana Maracineanu qui entend bien « mettre le sport au cœur de nos vies et dès le plus jeune âge et d’où que l’on vienne ». « La volonté de l’INJEP qui est un service totalement indépendant, explique son directeur Thibaut de Saint-Pol, c’est d’être le centre qui fournit des statistiques, des études et des évaluations pour les ministères en charge de la jeunesse, de la vie associative et du sport ».