Les Jeux maudits
La cérémonie d’ouverture de la XXXIIᵉ olympiade de l’ère moderne s’est déroulée vendredi dernier à Tokyo dans un stade quasi vide. Inédit et triste.
Peu probable qu’à l’occasion de cette olympiade les chaines de télévision battent des records d’audience. Déjà en raison du décalage horaire (quand il est midi en France, il est 19h00 dans la capitale nippone), et puis bien sûr en raison de l’absence de public dans les enceintes sportives.
Réflexion faite, il aurait peut-être été préférable de maintenir les JO l’an dernier que de les différer d’une année pour finalement aboutir à un huis clos total. Mais évidemment on ne pouvait pas prévoir la courbe ascensionnelle du virus. À tel point qu’à peine arrivés de nombreux athlètes, contrôlés positifs, ont été contraints de rentrer chez eux avec leur rêve de médaille olympique envolé. Si ces Jeux ne sont pas interdits, ils sont maudits.
Maudits aussi par une large majorité de la population japonaise qui aurait préféré, par crainte de propagation de l’épidémie de Covid-19, l’annulation pure et simple des compétitions. Passionné de sport et d’olympisme, je ne descendrai jamais dans la rue pour réclamer le retrait d’une compétition.
Je me désole bien sûr de ces Jeux sans contact sur fond de pandémie. Je suis triste de ne pas voir cette communion entre les athlètes et le public, de ne pas m’enthousiasmer à l’écoute des vibrations positives d’un stade. Mais j’espère tout de même vivre de beaux moments de sport, assister à de belles performances, notamment de la part de la délégation française. Au passage, félicitations à l’épéiste Romain Cannone pour avoir décroché la première médaille d’or pour la France.
Et puis dans trois ans, c’est déjà Paris. La situation sanitaire sera-t-elle revenue à la normale, nous l’espérons tous mais rien n’est moins sûr. On le voit, à Tokyo, c’est une bonne partie du modèle économique de cette olympiade qui vacille en l’absence de public. De même, devant tant d’incertitude, les sponsors vont-ils poursuivre leur engagement ou demander une renégociation de contrat pour les Jeux Olympiques de Paris. Difficile de se projeter. Futile de le faire, peut-être. Alors place au sport et que le meilleur gagne.