Nelson Monfort : « Je suis un grand fan de la Scandinavie »

Un sourire légendaire, une voix reconnaissable entre toutes. Œuvrant pour France Télévisions depuis la fin des années 80, Nelson Monfort est sans doute le commentateur sportif en activité le plus célèbre de France. Interrogeant les plus grands champions de la planète, il s’apprête à couvrir ses 16^ème Jeux Olympiques, hiver et été, à Paris l’an prochain. Echanges avec un journaliste polyglotte pour qui le voyage est toujours porteur de sens.

Vous voyagez beaucoup. Quelles sont les destinations qui vous ont marqué, en France ou à l’étranger ?

Si beaucoup de vos interlocuteurs citent volontiers les Caraïbes et autres destinations balnéaires, moi ce n’est pas le cas. Je suis un grand fan de la Scandinavie, de la Norvège, de la Suède, du Danemark, et aussi de la Finlande qui vient d’accueillir les championnats d’Europe de patinage artistique. Que ce soit en été ou en hiver, ce sont des pays pour lesquels j’ai éprouvé un véritable coup de foudre.

Vous avez une explication à cela ?

Le civisme tout simplement. Je crois qu’il s’agit de la plus belle des explications. Si je prends l’exemple d’Helsinki, peut-être la ville que je connais le mieux, c’est très frappant. En effet dans cette cité de plus de 600 000 habitants, on n’entend pas un coup de klaxon, pas une incivilité. Ce n’est pas pour rien que l’on parle de ville silencieuse, j’ai pu le constater sur place.

Là-bas il y a des pistes cyclables partout. Les cyclistes sont rois mais ils ne sont jamais agressifs. À l’image de la population qui est très disciplinée et d’une grande gentillesse. En fait je n’ai jamais été déçu par cette ville. Elle est attachante, elle est belle, elle est propre et il y règne une lumière absolument magnifique.

Pouvez-vous nous partager une anecdote de voyage ?

Des anecdotes j’en ai beaucoup. Je retiens surtout des rencontres professionnelles exaltantes qui sont d’ailleurs souvent liées aux Jeux Olympiques. Vous savez, JO été et hiver, j’en suis à 15. Ce n’est pas rien. La première fois c’était à Barcelone en 1992. Derrière il y a eu les Jeux olympiques d’hiver à Lillehammer en 1994. C’était magnifique. C’est à cette époque que je suis tombé amoureux de la Norvège, encore un pays nordique.

J’ai récemment publié un livre qui s’intitule « Mémoires olympiques » (voir ci-dessous) dans lequel j’évoque tous ces souvenirs et tous ces pays dans lesquels je me suis rendu.

Revenons aux anecdotes. Vous parliez d’une interview qui vous a particulièrement marqué ?

Oui c’était en 1992 lors d’une nuit étoilée à Barcelone. Carl Lewis (Ndlr : athlète américain, sprinter et sauteur, ayant remporté neuf médailles d’or aux JO en 1984 et 1996) venait de remporter une nouvelle médaille d’or. J’étais un de ses premiers interlocuteurs. Et au micro, il me dit : « Je pense à mon père là-haut dans le ciel qui veille sur moi ce soir ». Ce sont des réponses qui vous touchent profondément. Comment ne pas l’être.

Autre moment fort, lors des JO de Londres en 2012 lorsque l’équipe de France de natation est devenue championne olympique du 4 X 100 m nage libre. Elle n’était pas favorite. Personne ne s’y attendait. Je m’en souviens comme si c’était hier. Amaury Leveaux, Fabien Gilot, Clément Lefert et Yannick Agnel ont devancé les Etats-Unis. Au sortir de l’eau, après un relais incroyable, Yannick Agnel me glisse à l’oreille que j’étais leur cinquième relayeur. Rien que pour vivre des moments comme celui-ci, cela vaut la peine d’exercer ce métier.

Je pourrais aussi citer Rafael Nadal. Je l’ai accompagné lors de ses 14 victoires à Roland-Garros. Je crois qu’il m’aime.

Vous nouez des amitiés avec les sportifs ?

Je n’exclus pas une complicité, une amitié mais je préfère rester sur l’admiration. Je pense que c’est mieux ainsi.

Vous savez un jour, en 2017 à Lille, après la victoire de l’équipe de France de tennis en Coupe Davis, Yannick Noah m’a demandé de venir faire la fête avec les Bleus. J’ai considéré que je n’étais pas à ma place. De plus je ne suis pas un grand adepte des troisièmes mi-temps. Non, aller taper dans le dos d’untel ou untel ce n’est pas trop mon truc. Je ne sais pas si c’est l’objectivité ou la neutralité journalistique qui me fait dire ça, mais les sportifs ont leur monde, et nous, nous avons le nôtre.

Où vivez-vous aujourd’hui ?

À Paris. Mais je songe de plus en plus à quitter la capitale. J’ai vraiment beaucoup de mal avec toutes ces incivilités. Je crois que je n’y me ferais jamais.

Je réfléchis… Peut-être irais-je dans le Pays Basque. Je pense aussi à Pézenas (Hérault), la ville de Molière.

Vous êtes polyglotte mais vous citez Molière car vous être très attaché au respect de la langue française ?

Oui je parle cinq langues : Anglais, Espagnol, Italien, Allemand, et bien sûr le Français. C’est la plus belle langue qui soit. C’est pour cette raison que je veille à son bon usage, y compris chez les journalistes.

Comment choisissez-vous vos vacances. Êtes-vous plutôt voyage organisé ou improvisé ?

Plutôt improvisé. Autrefois je choisissais mes lieux de vacances en fonction de la proximité d’un golf. Aujourd’hui c’est un peu différent. Je n’ai pas d’endroit privilégié. J’aime me laisser surprendre et découvrir par moi-même. Je ne sollicite pas les agence de voyages.

Récemment je suis tombé sur un superbe endroit en Vendée, le château du Boisniard. Je trouve formidable que l’on puisse concilier déplacement professionnel et hébergement dans un bel endroit pour dormir.

Quel est votre prochain voyage ou prochaine destination de vacances ?

Je ne serais pas contre de retourner en Scandinavie. Et si les frontières s’ouvrent, pourquoi ne pas revenir aussi à Saint-Pétersbourg, c’est une ville magnifique.

Si vous deviez poser vos valises, le paradis ce serait où ?

Mon paradis c’est avec les gens que j’aime. Tout comme j’aime arriver à destination, où qu’elle soit. Ne pas être confronté à des problèmes de transport, simplement arriver, c’est cela qui me plait.

Après où me poser ? Il y a tellement de beaux endroits. Les Pyrénées, Pau et sa région, je pourrai y vivre. Le climat y est très agréable.

J’ai évoqué la Scandinavie mais j’adore aussi le Japon, pays hôte des prochains championnats du monde de patinage artistique. C’est si loin mais si bien. Par contre il est préférable de s’entourer d’un guide pour visiter. Sans un accompagnateur, c’est impossible. À Tokyo, certaines stations de métro comportent d’innombrables sorties (Ndlr : Shinjuku-Nishiguchi par exemple possède plus de 200 sorties et 51 quais).

Vous allez avoir une actualité chargée ces prochains mois sur France Télévisions ?

Oui avec notamment les championnats du monde de patinage artistique qui auront lieu du 20 au 26 mars à Saitama au Japon. J’adore commenter ce sport en compagnie de Philippe Candeloro, c’est un vrai bonheur. Je crois aussi que cela plait aux téléspectateurs.

Ensuite il y aura bien sûr Roland-Garros (du 28 mai au 11 juin), ce sera mon 34^ème. J’ai commencé en 1989 à l’époque de Chang, Edberg et Agassi.   

Au mois d’août (du 19 au 27), nous aurons les championnats du monde d’athlétisme à Budapest, encore une ville que j’adore. Tout comme les deux autres capitales de l’Europe Centrale, Prague et Vienne.

Et bien sûr en 2024, il y a les Jeux Olympiques de Paris (du 26 juillet au 11 août), ce seront donc mes 16èmes Jeux.  

« Mémoires olympiques »

Par Nelson Monfort

Aux éditions Michel Lafon

256 pages, 18,95 euros