La sédentarité est aussi dangereuse que le tabac et l’alcool
Dédiée à la promotion de la pratique sportive et de ses valeurs, la 5ème Semaine Olympique et Paralympique (SOP) se déroule cette semaine jusqu’au samedi 6 février. Avec un objectif, instaurer 30 minutes d’activité physique au quotidien. Une nécessité alors que la crise sanitaire liée au Covid-19 augmente considérablement le phénomène de sédentarité.
En France, on estime qu’il y a 50 000 morts par an liées aux conséquence de la sédentarité. Il est primordial d’agir ». Le propos est signé Michel Cymes, médecin et membre du collectif Pour une France en forme. Et c’est justement parce que nous sommes de plus en plus souvent immobiles, en particulier les jeunes, que la SOP se consacre cette année à la promotion des 30 minutes d’activité physique par jour à l’école. Une initiative menée par Paris 2024 en étroite collaboration avec le Ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports.
« L’objectif auquel nous tenons le plus, c’est de mettre plus de sport dans la vie des gens. Et ça commence à l’école » indique Tony Estanguet, président du Comité d’Organisation Paris 2024. Cette semaine, ce sont plus de 200 athlètes connus et moins connus qui partent à la rencontre des enfants dans les établissements scolaires français. Une manière opportune aussi de renforcer les liens entre le mouvement sportif et l’école.
Une véritable bombe à retardement
L’enjeu est crucial. L’augmentation de la sédentarité et la baisse d’activité physique des jeunes sont une véritable bombe à retardement qui risque d’avoir des conséquences dramatiques pour notre système de santé, notre économie… et générer de plus en plus de situations de mal-être et d’anxiété. « Le seul moyen d’améliorer l’immunité, c’est l’activité physique » rappelait il y a quelques jours devant le Sénat le professeur François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes. Selon lui, « parmi les quatre grands facteurs de risques susceptibles de favoriser le développement d’une maladie chronique – tabagisme, consommation immodérée alcool, « malbouffe », et sédentarité-inactivité physique – cette dernière cause est celle qui est la plus largement ignorée ». « C’est là que nous devons désormais porter tous nos efforts », ajoute-t-il, plaidant pour faire de la sédentarité « une grande cause nationale ».
Le constat est alarmant. En 40 ans, les jeunes ont perdu un quart de leurs capacités cardiovasculaires, donc de leur capital santé. Auditionné également par le Sénat en novembre dernier, Denis Masseglia, expliquait que les jeunes aujourd’hui possèdent une capacité physique inférieure à celle de leurs ainés, « Savez-vous qu’ils mettent en moyenne entre 30 secondes et une minute de plus pour courir 1 kilomètre par rapport il y a 50 ans ». Edifiant !
De plus en plus souvent immobiles, nous passons trop de temps devant nos écrans. Le manque d’activité physique augmenterait de 30% le risque d’avoir une des 36 maladies chroniques répertoriées (diabète, cancer, maladie cardiovasculaire…). Comme le résumait la semaine dernière Stéphane Junique, président d’Harmonie Virtuelle, à l’occasion d’un colloque intitulé « Sport sur ordonnance », l’hôpital, c’est de l’assistance, la construction d’un stade, c’est la prévoyance ». On ne peut que lui donner raison.
Dormir, manger… bouger
La bonne nouvelle, c’est qu’on peut changer les choses. Tout simplement en bougeant. Y compris en période de couvre-feu. Il suffit de sortir quelques minutes à l’air libre. L’idée n’est pas forcément de « faire du sport » mais de prendre l’habitude de bouger à chaque fois que l’occasion se présente : monter les escaliers, préférer le vélo ou la marche aux transports en commun… Bien dormir, bien manger (5 fruits et légumes par jour), et bouger régulièrement dans le respect des règles sanitaires permettent d’améliorer l’immunité face aux virus. Pour les adultes en télétravail, il est important de casser les périodes assises prolongées par quelques minutes d’exercice physique toutes les deux heures – et de limiter le grignotage. « Nous sommes tous génétiquement programmés pour bouger au moins 30 minutes par jour. Sans activité physique, notre génome ne peut pas fonctionner » ajoute encore François Carré. Ce sont les médecins qui le disent, le sport permet d’améliorer notre endurance cardio respiratoire, notre état musculaire et osseux, et de réduire le risque de maladies non transmissibles, de dépression et de détérioration de la fonction cognitive.
Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 constituent un véritable élan pour faire évoluer les mentalités autant que les comportements. Avec ces 30 minutes d’activité physique par jour demandées aux enfants, ces derniers auront déjà rempli la moitié du contrat journalier pour le maintien de leur bonne santé mentale et physique. Jean-Michel Blanquer, actuel ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, ne dit pas autre chose, « Les vertus du sport sont inestimables. En faisant de la santé le thème de la cinquième Semaine Olympique et Paralympique 2021, nous encourageons les équipes pédagogiques à offrir à notre jeunesse toutes les opportunités pour une activité physique la plus fréquente et la plus régulière possible ». D’autant plus, précise le professeur Carré, que « toutes les études montrent que les enfants qui font de l’activité physique obtiennent de meilleurs résultats scolaires, moins de décrochage et une meilleure insertion sociale ».
Plate-forme dédiée et contenu pédagogique
En complément de la plateforme Eduscol et afin d’accompagner les enseignants dans le déploiement de projets sur la thématique de la santé, notamment pour promouvoir 30 minutes d’activité physique quotidienne, Paris 2024 met à disposition une plateforme dédiée. Elle héberge des contenus pédagogiques et des ressources provenant du ministère, des académies et des fédérations sportives pour mettre en place la Semaine Olympique et Paralympique. Ces outils clés en main offrent aux enseignants la possibilité de garantir 30 minutes d’activité physique par jour dans la vie scolaire de leurs élèves, en complément de l’EPS.
Les recommandations de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé)
De 1 à 5 ans
- Au moins 3h00 d’activité physique par jour.
- Pas d’écran avant 2 ans ; écran inférieur à 1h00/ jour de 2 à 5 ans.
De 6 à 17 ans
- Au moins 1h00 d’activité physique par jour.
- Ecran pas plus de 2h00 par jour.
De 18 à 64 ans
- Au moins 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité modérée ou au moins 75 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue (ou une combinaison des deux).
Plus les 65 ans et plus
- L’activité physique englobe notamment les loisirs, les déplacements (par exemple la marche ou le vélo), les activités professionnelles, les tâches ménagères, les activités ludiques, les sports ou l’exercice planifié, dans le contexte quotidien, familial ou communautaire.