JO de Paris : « la possibilité d’une grève illimitée est réelle »
Mardi 5 décembre, à la demande du groupe Les Républicains, était organisé au Sénat un débat sur le thème « JO 2024 : la France est-elle prête ? ». Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, est venue répondre aux interrogations concernant « la plus grande fête du sport jamais organisée en France » selon les mots du sénateur Michel Savin. Avec inévitablement quelques motifs d’inquiétude.
Les enquêtes fusent. Les enquêtes abondent. Bon d’articles et de déclarations évoquent l’aspect négatif lié à l’organisation des Jeux Olympiques. Des discours et des écrits pessimistes qui pourraient rejaillir sur l’image de notre pays, et que la ministre des Sports s’efforce de corriger. « Le JO bashing nous impose à un effort supplémentaire en termes de pédagogie, de communication, en même temps que nous voulons faire prendre conscience à chacun de tout ce que les Jeux Olympiques et Paralympiques apportent à notre société de positif » a expliqué au Sénat Amélie Oudéa-Castéra.
Sous les yeux de « la moitié de l’humanité »
Sénateur de l’Isère, Michel Savin ne dit pas autre chose. « Les JO sont une occasion unique de mettre en avant notre pays qui sera sous le feu des projecteurs mondiaux, 4 milliards de téléspectateurs, la moitié de l’humanité ». Des chiffres enthousiasmants à condition bien sûr que « cette fête du sport se réalise dans les meilleures conditions possibles ». On ne peut nier que des interrogations subsistent.
Le sénateur Savin évoque notamment la situation dégradée dans les transports en commun, « nous n’avons pas retrouvé le niveau de service d’avant Covid ». Et d’expliquer que les Jeux Olympiques vont générer « 15% de trafic en plus alors qu’à cette période il est en baisse de 30 à 40% ». Un pic d’activité qui n’est pas en adéquation avec le recrutement du nombre d’agents jugé insuffisant.
« Un syndicat a déjà déposé un préavis de grève sur toute la durée des Jeux »
Toujours en lien avec les transports, un autre sujet de préoccupation concerne l’éventualité d’une grève. « Un syndicat a déjà déposé un préavis sur toute la durée des Jeux » souligne Michel Savin pour qui « l’image de notre pays serait largement écornée si nous devions faire face à des services de transport publics ou ramassage d’ordures gelés en plein Jeux ». Ajoutée à « des infrastructures et du matériel existant vieillissants, la possibilité d’une grève illimitée est réelle » ajoute le responsable politique.
« Oui résolument nous serons prêts à accueillir le monde »
Sans répondre directement aux inquiétudes, Amélie Oudéa-Castéra tient avant tout à rassurer, « oui résolument nous serons prêts à accueillir le monde » et « nous allons faire de Paris 2024 les Jeux les plus iconiques et responsables de l’histoire ».
Sommes-nous pour autant rassurés ? « Sur l’organisation, nous sommes dans nos temps de passage pour la livraison des Jeux Olympiques » ajoute la ministre. Et de dire que « les plans de transport sont stabilisés avec une offre renforcée sur de très nombreuses lignes, en moyenne de + 15% et parfois même jusqu’à + 60% ».
Concernant la sécurité, Amélie Oudéa-Castéra mentionne « les 16 700 entrées et plus de 10 000 recrutements » au niveau de la sécurité privée. « Les plans de mobilisation de nos forces de l’ordre sont calés, et la préparation de la cérémonie d’ouverture fait l’objet d’un suivi tout particulier » précise-t-elle encore.
« 300 lits supplémentaires par rapport à un été classique »
Même attention apporté à notre système de santé afin qu’il puisse « répondre pleinement aux besoins, tant des visiteurs (jusqu’à 15 millions de personnes attendues) que des délégations, et ceci sans que nous dégradions l’accès aux soins pour tous nos concitoyens » explique la ministre qui cite l’exemple d’APHP qui « ouvrira 300 lits supplémentaires par rapport à un été classique ».
Mise en avant du tourisme industriel
Formidable vitrine pour notre ingéniosité, les Jeux constituent également « une occasion unique de renforcer la qualité de l’accueil touristique sur notre territoire, et de promouvoir auprès des touristes du monde entier nos savoir-faire » poursuit Amélie Oudéa-Castéra. Elle explique : « dès le relais de la Flamme qui traversera 70 départements seront organisés des programmes de tourisme industriel, des marchés de producteurs locaux en même temps que nous mettrons en valeur notre patrimoine à travers plus de 400 villes de France, y compris en outre-mer ».
Le succès des Jeux lié à l’augmentation du nombre de pratiquants
« Nous attendons tous un succès des Jeux et de nombreuses médailles, mais le plus grand succès serait avant tout celui de l’augmentation de la pratique sportive pour nos compatriotes afin que notre pays soit enfin une nation sportive » martèle Michel Savin qui a conclu son allocution en affirmant que « c’est à l’augmentation du nombre de pratiquants et de licenciés toutes disciplines confondues dans les mois qui suivent les Jeux que nous mesurerons le véritable succès de ces Jeux Olympiques et Paralympiques ». « Depuis 2017, nous avons enregistré trois millions de pratiquants supplémentaires » semble lui répondre Amélie Oudéa-Castéra. Encore insuffisant.
Ambitieuse et désireuse « d’offrir le meilleur visage de notre population cet été », la ministre des Sports est aussi convaincue que la réussite des Jeux Paris cet été va « nous rendre plus forts et plus crédibles pour porter au succès la candidature de la France en vue des Jeux d’hiver de 2030 ». Un autre match.
*Nous reconnaissons que le titre est quelque peu sur-vendeur. Comme beaucoup de médias en ligne, il s’inscrit dans une logique de clic. Un fonctionnement auquel nous n’adhérons pas forcément mais qui s’avère de plus en plus indispensable pour garantir notre pérennité.
Comme nous sommes favorables et disons-le franchement enthousiastes à l’idée d’organiser les Jeux Olympiques en France, notre titre initial était : « Oui résolument nous serons prêts à accueillir le monde ». Ce qui ne dissipe pas pour autant les inquiétudes.
