« Le sport émoi », toute une conception de la vie
Sportif passionné, en particulier de football, Stéphane Floccari, agrégé et docteur en philosophie, voit dans la pratique sportive « une formidable chambre d’écho de toutes les grandes questions que les hommes se posent sur la justice, la beauté, la violence, la liberté, le pouvoir… ». C’est ainsi qu’il rédigé un ouvrage, « Le sport émoi » aux éditions Amphora qui nous invite à penser le sport à travers le prisme de la philosophie. Enrichissant et distrayant.
Convoquer dans un même livre Platon, Descartes, Pascal, Nietzche avec Michel Platini ou Kylian Mbappé peut paraitre un brin provocateur ou pour le moins audacieux. C’est pourtant le pari réussi de Stéphane Floccari qui dans son livre d’une petite centaine de pages nous fait appréhender le sport différemment et surtout enrichir notre approche face à la chose sportive.
C’est sur la forme d’un entretien conduit par François L’Yvonnet (professeur de philosophie et éditeur), un format accessible au plus grand nombre, que l’auteur, enseignant à l’INSEP, nous enjoint à la réflexion. « Se préparer, c’est moins chercher à tout maitriser et tout prévoir, qu’intégrer la part d’aléa qui fait le trait d’union entre la pratique du sport et la conduite de la vie. Dans le sport comme dans l’existence, rient n’est jamais écrit, aucune victoire n’est définitive et aucun défi n’est impossible à relever ! » écrit Stéphane Floccari. C’est tellement vrai.
Le football, « une émotion, une réflexion, une culture et une éducation »
Il est vrai que Stéphane Floccari se réfère énormément au football, « à la fois une émotion, une réflexion, une culture et une éducation », sport qu’il a pratiqué et qui le passionne. « Le poulbot des cours de récréation qui tape dans le ballon joue autrement sa vie que l’adulte qui fait la queue en haut de l’Everest pour en rapporter un selfie ». Là encore il touche juste et nous plonge dans nos émois d’enfance et fait rejaillir en nous cette petite « madeleine de Proust » où tout devenait possible sur un terrain de football. L’affirmation de soi et le combat pour exister, impressionner et se différencier.
On pourrait croire que cet ouvrage ne s’adresse qu’à l’amateur de sport de sexe masculin (quasiment pas de références à des sportives féminines). Réflexion faite, le propos de Stéphane Floccari dépasse les clivages de sexes. Il peut résonner (et faire raisonner) en chacun(e) de nous. Pas besoin d’être un fan absolu, un sportif accompli ou agrégé de philosophie pour prendre du plaisir dans la lecture. Et toujours à propos de football, l’écrivain philosophe indique qu’il place beaucoup d’espoirs et d’attentes dans le football féminin qu’il trouve « très technique et plaisant à regarder », aussi parce qu’il est « largement préservé des maux dont souffre sa version masculine dominante ».
Quand « La Tribune et le Terrain dialoguent dans un Stade »
En cet été olympique, festif et réussi, il n’est pas fortuit de rappeler que dans une enceinte sportive, « dans un stade, des évènements ont lieu, des rencontres se font, des liens se nouent et des sentiments s’éprouvent, que l’on retrouve difficilement ailleurs. C’est une expérience comparable à ce que les Grecs de l’Antiquité pouvaient ressentir en allant au théâtre ». Celles et ceux qui ont assisté à des épreuves lors de ces Jeux ont dû certainement éprouver cette communion et cette liesse populaire qui nous fait tant de bien.
En résumé, « Le sport émoi », (Le sport et Moi), se lit agréablement et sans difficulté majeure. Lorsqu’on referme la dernière page, on se dit qu’effectivement le sport, qu’il soit pratiqué ou suivi, peut nous apporter beaucoup. Un livre qui nous permet de prendre de la hauteur et de nous éloigner des tensions du moment.
« Le sport émoi »
Par Stéphane Floccari
« Penser le sport », une collection imaginée avec l’INSEP
Aux éditions Amphora
En librairie depuis le 11 avril 2024
105 pages – 12,95 euros