Le « carré magique » de la ministre des Sports pour réussir les Jeux à Paris
Auditionnée le 12 octobre par la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports, a livré son « carré magique d’exigence » pour réussir les Jeux Olympiques et Paralympiques l’été 2024 à Paris.
Pour les anciens, passionnés de football, le « carré magique » désignait au cœur des années 80 le milieu de terrain de l’équipe de France de football composé de Michel Platini, Jean Tigana, Alain Giresse et Bernard Genghini ou Luis Fernandez. Une excellence qui dans la bouche de la ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques devient une exigence à quelque 650 jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris.
« L’organisation la plus irréprochable possible sur le plan sportif »
Ce « carré magique » décliné par Amélie Oudéa-Castéra s’appuie donc sur quatre points. Au premier rang desquels « l’organisation la plus irréprochable possible sur le plan sportif ». « Nous avons en tête nos 54 disciplines, nos 879 épreuves. Au niveau sécurité, nous avons une soixantaine de sites à sécuriser avec un besoin d’environ 22 000 agents de sécurité par jour » résume la ministre qui évoque aussi « les 800 000 personnes qu’il s’agira d’acheminer quotidiennement sur l’ensemble des sites de compétition ».
Outre l’enjeu logistique, l’ancienne présidente de la Fédération Française de Tennis insiste sur la nécessité « d’une forme d’exemplarité écologique avec la réduction par deux de nos émissions » avec des Jeux sous le signe de « la neutralité carbone ».
La maitrise des budgets (voir ci-dessous) constitue un autre enjeu important de ce premier « coin du carré ». « Il faut que les Jeux financent les Jeux et que nous sachions contenir l’impact de l’inflation » a dit Amélie Oudéa-Castéra.
« Aider nos athlètes à être au meilleur de la performance »
Pour celle qui a succédé à Roxana Maracineanu, « la deuxième dimension pour réussir ce carré magique d’objectifs, c’est d’aider nos athlètes à être au meilleur de la performance ». « Jouer à domicile, ça met du vent dans les voiles, mais c’est parfois aussi source de pression. C’est pour cela que nous devons les entourer au niveau technique, médical et mental pour leur permettre d’être à l’heure pour ce grand rendez-vous » explique devant les sénateurs la ministre. Comme l’a expliqué le président de la République, l’objectif est intégrer « le Top 5 » des nations et non plus les 80 médailles comme initialement fixé par Jean-Michel Blanquer, l’ancien ministre de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports.
« Une fête pour l’ensemble des Français »
Le troisième grand enjeu de ce carré magique, c’est de faire de ces Jeux « une source d’engouement populaire, une fête pour l’ensemble des Français ». « Nous voulons faire vivre ces Jeux sur l’ensemble des territoires à travers le label Terre de Jeux et les Clubs Paris 2024 » ajoute Amélie Oudéa-Castéra qui veut renforcer la présence de cet évènement « dans l’enceinte de l’école à travers la Semaine Olympique et Paralympique qui va se dérouler en avril prochain sur le thème de l’inclusion ».
« Un héritage utile et durable »
Cet ancrage au sein de l’école s’inscrit dans le quatrième coin de ce « carré magique » qui repose sur « la nécessité de laisser un héritage utile et durable, tant sur la plan matériel qu’immatériel ». « Sur le plan matériel, je pense notamment à l’investissement fait sur la Seine-Saint-Denis, le département le plus jeune et le plus pauvre de France qui bénéficiera de 4 000 logements dont 40% de logements sociaux » affirme la ministre. Cette dernière n’oublie-pas non plus « le travail sur les équipements et le design actif ». Il s’agit là « d’aménager notre cadre de vie pour qu’il soit plus propice à l’activité du vélo, de la marche, mais aussi qu’il favorise le sport en tant que métier d’insertion professionnelle pour l’ensemble des composantes sociales de notre pays » conclut Amélie Oudéa-Castéra. En résumé, un « carré magique » dont on espère vraiment qu’il sera magique.
Budget : piocher dans la réserve afin de limiter l’inflation
Le ministère des Sports se dit « très attaché au respect du cadre budgétaire » mais sa ministre est consciente « d’un certain nombre de vents contraires » liés à l’inflation. Et comme « il n’y a pas de baguette magique », il faudra donc procéder à « un certain nombre d’arbitrages ».
Le Comité d’organisation (COJOP) et la Solideo chargée de la livraison de 64 ouvrages olympiques doivent donc revoir leur copie. Si le surcoût du COJOP est en cours d’évaluation, la Solideo l’estime quant à elle à 150 millions d’euros dans un contexte d’inflation à 6% (1,4% à l’origine). Conséquence, fort d’un budget de 3,9 milliards d’euros (97% des financements d’origine privée), Paris 2024 va devoir dégager davantage de recettes pour compenser les pertes. Et aussi piocher dans ses 315 millions d’euros de réserve pour aléas.
Sur le surcoût de 150 millions d’euros évalué par la Solideo (budget de 4 milliards d’euros), Amélie Oudéa-Castéra a fait savoir que « l’Etat prendra en charge 96 millions d’euros, soit les deux tiers. Le tiers restant sera financé par les collectivités concernées par les chantiers en cours ». Afin qu’il n’y ait pas de contribution publique additionnelle, le ministère des Sports dans son budget d’1,1 milliard d’euros (0,3% du budget général) « embarque une contribution de 61 millions d’euros » afin de tenir compte de l’inflation.