« Malgré nos efforts, c’était trop compliqué d’y arriver »
Déjà reporté l’an dernier, l’Ourea Trail qui devait se tenir l’été prochain sur Avoriaz 1 800 a finalement été annulé. Pour Amandine et Gaël Mainard qui ont investi beaucoup d’argent dans l’organisation de cette première édition, c’est « une énorme déception ». Avec l’obligation derrière de se réinventer.
Cela faisait trois ans qu’ils avaient envie d’écrire un projet à leur image. Trois ans pour proposer une nouvelle marque, un nouveau challenge dans l’univers très serré des courses de trail. Passionnés de sport, ayant déjà organisé durant sept ans un triathlon international à Vichy, Amandine Mainard et son mari Gaël n’ont pas ménagé leur peine pour mettre sur pied l’Ourea. N’ayant pu se tenir l’an dernier, l’évènement (3 trails à étapes et 8 trails d’un jour aux parcours variés) devait se dérouler du 24 au 31 juillet en présence d’athlètes amateurs et quelques-uns des meilleurs Elite mondiaux.
Sur un budget de 900 000 euros, 240 000 euros investis en fonds propres
« Fin 2020, nous étions confiants et boostés. Le vaccin arrivait, la crise serait derrière nous » résume Amandine. Un enthousiasme qui malheureusement finit par s’éroder avec le temps. Malgré la création d’une agence de voyages pour assurer notamment les prestations transport et hébergement, malgré la mise en place d’une assurance annulation, le nombre d’inscrits (de 10 euros pour un prologue de 4 kms à 2 500 euros pour une semaine en appartement) ne progresse pas, « 10% de nos prévisions ». Les partenaires « ne signent pas au bas de la page » et ne s’engagent pas alors que le budget de 900 000 euros est déjà bouclé.
Pour faire vivre leur évènement sur le magnifique Domaine des Portes du Soleil, Amandine et Gaël Mainard ont investi sur leurs fonds propres, « 140 000 euros une première fois puis 100 000 euros supplémentaires lorsque l’an dernier l’Ourea Trail a été reporté ». Les frais de communication sont importants de même que les dotations ou prize money, « une enveloppe de 200 000 euros dans un marché qui explose » souligne Amandine. « Lorsqu’on a vu que cela ne prenait pas et que nous n’avions pas de visibilité sur l’avenir, nous nous sommes posés des questions, qu’est-ce qu’on fait ? » explique la jeune femme consciente aussi qu’il était difficile d’attendre plus longtemps pour prendre une décision car « il y a tellement de choses à prévoir en amont ».
S’étant pris « cette crise sanitaire mondiale en pleine tête », le couple décide la mort dans l’âme d’arrêter les frais, « malgré nos efforts, c’était trop compliqué d’y arriver ». Et puis, poursuit Amandine, « nous n’allions pas nous endetter toute notre vie, vendre la maison… pour seulement 400 athlètes ». Les participants s’étant déjà inscrits seront d’ailleurs tous remboursés dans un délai maximum de deux mois.
L’obligation de se réinventer et gagner sa vie
Le binôme ne se projette pas dans l’avenir, « on verra si ce trail ressort un jour, dans deux, trois, quatre ou cinq ans. En attendant, nous avons besoin de digérer, et travailler afin de gagner notre vie » relate Amandine qui, pharmacienne de formation, n’exclut pas de « retourner à ses premières amours ».
Certes le regret de ne pas voir les athlètes sur la ligne de départ et franchir la ligne d’arrivée reste immense, mais de cette expérience malheureuse, Amandine et Gaël Mainard retiennent tout de même de « jolies rencontres », « la qualité des échanges avec les prestataires impliqués ». « Si ce trail n’a pas eu lieu, c’est sans doute qu’il ne devait pas avoir lieu. Nous, nous poursuivons notre bonne étoile en espérant qu’il y aura quelque chose de mieux qui nous attend derrière » relate Amandine qui ne veut « surtout pas se laisser abattre ». La responsable conclut par une pique adressée au « gouvernement qui n’encourage pas le maintien et la pratique de ces évènements en extérieur, alors qu’il n’y a pas de preuve de mode de contamination avérée ».
*A travers ce témoignage émouvant, nous voulions aussi montrer la grande difficulté dans laquelle se trouvent les organisateurs d’évènements outdoor. Selon le CESO (Collectif évènementiel sportif outdoor), sur les 14 000 manifestations organisées en 2020, 95% ont été annulées. Pour bon nombre d’entre eux, c’est un drame comme l’expliquait dans nos colonnes le docteur Patrick Basset à l’origine du Collectif.