Tour de France, étape 12 : Les Alpes, du Sud au Nord
C’est le 14 juillet et, à n’en pas douter, cela va être la fête tout au long du parcours dans les Alpes et, en particulier, sur les lacets de l’Alpe d’Huez.
Le 14 juillet, sur le Tour, c’est toujours un jour spécial. On n’espère toujours la victoire d’un Français. Au-delà de ce souhait, on va découvrir les Alpes sous toutes ses coutures.
Briançon, capitale des Alpes du Sud
L’histoire commune du Tour de France et de Briançon a débuté en 1922 avec une victoire d’étape de Philippe Thys qui était déjà le premier triple vainqueur de l’épreuve. Par la suite, le palmarès de la ville fortifiée par Vauban s’est enrichi des noms des champions les plus illustres : Gino Bartali, Louison Bobet, Fausto Coppi, Charly Gaul, Gastone Nencini, Federico Bahamontes et Eddy Merckx, tous vainqueurs du Tour.
Les fortifications de Vauban
Occupant une position stratégique à 1 326 mètres d’altitude, la ville haute de Briançon, juchée sur un piton rocheux, s’impose comme un site unique de fortification de montagne. Enserrée dans des remparts projetés par Vauban, elle est elle-même couronnée par des forts d’altitude la rendant imprenable. Ce site majestueux et imposant permet de comprendre le génie d’adaptation dont a fait preuve le célèbre ingénieur militaire de Louis XIV. Bien qu’une importante partie de ces ouvrages ait été exécutée après sa mort, leur réalisation s’est faite selon ses principes jusqu’en 1734.
www.ville-briancon.fr/les_fortifications_de_vauban.html
Fort des Trois têtes
C’est l’ouvrage le plus important du dispositif fortifié briançonnais. Il surplombe les vallons du Fontenil et de Fontchristiane ainsi que la ville fortifiée. Dès 1700, Vauban avait souligné l’importance stratégique de sa position et sa construction débuta en 1721 sous la direction des deux ingénieurs Tardif et Nègre.
Fort Dauphin
Conçu comme sentinelle avancée de la chaîne de fortifications du XVIIIe siècle, le fort Dauphin assurait le croisement des feux avec le fort des Salettes afin d’interdire l’accès à la ville depuis le chemin du Piémont et protégeait le fort des Têtes. Construit entre 1724 et 1734 sur le plateau de Biffeul, ce fort présente l’intérêt de n’avoir pratiquement pas été modifié, si ce n’est par l’adjonction d’un magasin à poudre caverne en 1874. De nombreux projets visant à lui donner plus d’ampleur se sont ensuite succédés. Seuls les travaux d’entretien courant et quelques aménagements ont été réalisés. Après la guerre de 1870, il devient obsolète et la construction de nouveaux forts (l’Infernet en 1876) s’avère nécessaire.
Collégiale Notre-Dame-et-Saint-Nicolas
Ensemble construit à partir de 1703 (après la destruction de l’église médiévale pour raisons stratégiques), l’actuelle église paroissiale Notre-Dame et Saint-Nicolas, connue sous le nom de collégiale Notre-Dame, a été achevée en 1718 sur des plans revus et corrigés par Vauban, de passage dans la cité où il s’occupait des fortifications.
Parc de la Schappe
Le parc de la Schappe est l’œuvre de Laurent Delphin, commandant de la place de Briançon, qui se lance en 1815 dans un projet extravagant : convertir d’anciennes carrières arides en un parc luxuriant à la mode orientale, avec un lac orné d’un pont japonais, d’un îlot et d’une pagode.
www.ville-briancon.fr/le_parc_de_la_schappe.html
La Maison de la Géologie et du Géoparc
Dédié au tourisme scientifique, ce centre d’interprétation géologique avec écrans interactifs (2D et 3D), maquettes et géodrome extérieur (musée de plein air) présente de façon ludique et pédagogique les différentes étapes de la création des Alpes ainsi que les richesses du Géoparc franco-italien des Alpes Cottiennes.
www.maisondelageologie.fr/
Sur la route
Col du Colombier
Frontière naturelle entre les Alpes du Nord et du Sud, le Galibier est le col alpestre le plus franchi par le Tour avec 59 passages. En 2011, Andy Schleck s’imposa au sommet pour la plus haute arrivée d’une étape du Tour. En 2017, c’est Primoz Roglic qui bascula en tête avant d’aller chercher la victoire à Serre Chevalier. Enfin en 2019, c’est Nairo Quintana qui l’avait franchi en solitaire pour aller s’imposer à Valloire.
Peu avant le sommet (côté Lautaret), une stèle rend hommage à Henri Desgrange, le premier directeur du Tour de France, qui écrivit dans l’Auto en 1911 pour le premier franchissement du col par les coureurs : « Oh ! Sappey ! Oh ! Laffrey ! Oh ! Col Bayard ! Oh ! Tourmalet ! je ne faillirai pas à mon devoir en proclamant qu’à côté du Galibier vous êtes de la pâle et vulgaire bibine : devant ce géant, il n’y a plus qu’à tirer son bonnet et à saluer bien bas ! »
Valloire
Cette station de sports d’hiver, entre Télégraphe et Galibier, est le village de Jean-Baptiste Grange, double champion du monde de slalom. Plus renommée pour ses champions de ski que de vélo, Valloire est pourtant bien connue du peloton, qui y passe régulièrement lorsqu’il aborde ou récupère des ascensions du Galibier. Le cycliste le plus célèbre de cette commune qui marque la bascule entre les Alpes du Nord et du Sud reste sans doute le curé qui y officiait en 1922 et qui, cette année-là, prêta son vélo à Eugène Christophe. Comme cela lui arriva plus d’une fois, le premier porteur du Maillot Jaune avait brisé sa fourche dans la descente et avait dû emprunter ce biclou pour rallier Genève.
Saint-Jean-de-Maurienne, pour les touristes sportifs
S’il avait boudé Saint-Jean-de-Maurienne jusqu’en 2006, le Tour y a depuis pris ses habitudes avec des étapes en 2010, 2012, 2015 et 2019. Les arrivées ont souri aux Français avec des victoires de Sandy Casar en 2010 et Romain Bardet en 2015. Saint-Jean-de-Maurienne est une ville où le tourisme sportif est roi, aussi bien l’hiver dans les stations de ski de la Maurienne (la Toussuire, Valloire) que l’été, où la ville s’enorgueillit d’être la capitale mondiale des cyclo grimpeurs avec 48 itinéraires cyclables, 1 600 km d’itinéraires et dix grands cols, dont six hors catégorie.
Musée Opinel
Créé dans un ancien atelier de fabrication du célèbre couteau, le musée a été entièrement rénové en 2013. A côté de la forge et des machines toujours en place, une scénographie moderne permet de découvrir les procédés de fabrication d’hier et d’aujourd’hui, ainsi que toute l’histoire de la famille Opinel et du célèbre couteau savoyard.
www.opinel-musee.com
Saint-Sorlin-d’Arves
Station village, située au pied du col de la Croix-de-Fer et du glacier de l’Étendard, en face des Aiguilles d’Arves, Saint-Sorlin-d’Arves offre un panorama à couper le souffle. En hiver, le ski se pratique au cœur du domaine skiable des Sybelles, dans une atmosphère de village ensoleillé et de neige optimale, avec également un large choix d’activités de loisirs ou de détente. En été, l’heure est à la randonnée ou au cyclotourisme. L’église Saint-Saturnin (1603) fait partie des chemins du Baroque.
C’est de Saint-Sorlin qu’est originaire la famille de Pierre Balmain, dont le grand-père était colporteur. À sa mort, en 1982, les cendres du couturier ont été dispersées au pied du glacier de Saint-Sorlin.
Le Bourg d’Oisans
Jadis établie au bord d’un lac disparu, la ville est connue des amateurs du Tour comme le point de départ de la montée vers l’Alpe d’Huez. Réputée pour son ardoise, ses minerais et ses colporteurs, c’est une station alpine d’où sont originaires l’ancienne championne de slalom Fabienne Serrat et l’ancienne championne olympique de snow-board Isabelle Blanc.
Le Bourg-d’Oisans a accueilli le Tour de France à vingt reprises, pour dix-neuf départs et seulement une arrivée (1966). En 2018, le peloton s’était élancé de la commune en direction de Valence, où Peter Sagan l’avait emporté.
En raison de sa position, Bourg d’Oisans est également le point de départ de nombreuses cyclo-sportives, dont certaines comptent parmi les plus populaires au monde.
Le parc national des Écrins
Le territoire du parc national des Écrins (91 800 ha), créé en 1973, s’étend entre les villes de Gap (12 kilomètres à vol d’oiseau), Briançon (13 kilomètres) et Grenoble (23 kilomètres). Il est délimité par les vallées de la Romanche, la Guisane, la Durance et le Drac. C’est en Oisans que le projet du parc a vu le jour dès 1913 avec l’achat par l’État de 4 000 ha de montagne au-dessus de Saint-Christophe-d’Oisans. Le parc national des Écrins est l’un des dix parcs nationaux français et a été distingué par le Conseil de l’Europe comme Parc européen de la haute montagne.
L’Alpe d’Huez, la route aux 21 lacets
En 1952, Fausto Coppi étrennait avec succès la route aux 21 lacets. La répétition des succès de Zoetemelk, Kuiper ou Winnen lui a valu plus tard le surnom de « montagne des Hollandais » avant que les Italiens ne s’y illustrent à nouveau avec Gianni Bugno puis Marco Pantani. Côté français, Bernard Hinault a été le premier à s’y imposer en 1986.
Église Notre-Dame-des-Neiges
Elle est célèbre pour son architecture originale en forme de tente et ses vitraux peints par l’artiste isérois Arcabas. La légende assure que le père néerlandais Reuten y sonnait la cloche à chaque victoire d’un de ses compatriotes à l’Alpe d’Huez. Les cloches résonnent en réalité à chaque arrivée.
Le Pic Blanc
Point fort incontestable du domaine, le panorama du Pic Blanc à 360 degrés culminant à 3330 mètres d’altitude est classé 3 étoiles au Guide Vert Michelin. Il dispose d’une vue imprenable sur 1/5ème du territoire français : le mont Ventoux, le Taillefer, Belledonne, la Chartreuse, la Meije, la Muzelle, le Mont-Blanc et les Aiguilles d’Arves.
Site archéologique de Brandes
C’est au tout début du XIIe siècle que des chercheurs d’argent investissent le site de Brandes, le plus haut village médiéval d’Europe. Pendant plus de deux siècles, ces hommes exploitent un riche gisement de plomb argentifère probablement lié à l’atelier monétaire du Dauphin. L’exploitation s’échelonnait entre 1 750 m et 2 800 m d’altitude. Le minerai était abattu au feu et au burin, à ciel ouvert et en galeries. Les vestiges permettent de dresser le portrait d’une société originale organisée autour d’une fortification, d’une église entourée d’une nécropole, d’un habitat important, de galeries de mines.
Musée d’Huez et de l’Oisans
Labellisé Musée de France, il présente une exposition sur le site archéologique de Brandes avec une nouvelle scénographie. Une exposition consacrée au Maquis de l’Oisans y est également proposée, à laquelle s’ajoute depuis décembre 2014 la nouvelle exposition « Il va y avoir du sport ! » qui permet aux visiteurs de découvrir la naissance de l’Alpe d’Huez comme station sportive et de revenir sur l’épopée des JO d’hiver de 1968, les épreuves de bobsleigh… Il y est aussi question du Tour de France et d’autres thèmes divers qui ont contribué à créer l’identité de l’Alpe d’Huez.