Des envies de canoë ? C’est en Dordogne qu’il faut aller
Avec un fleuve, qui porte son nom à moins que ce ne soit l’inverse, et de nombreuses rivières qui la serpentent, la Dordogne est aujourd’hui considérée comme la première destination française pour la pratique du canoë de loisirs. Visite guidée avec l’office du tourisme et l’auteur qui s’est musclé à force d’y ramer tous les étés même s’il manque l’Auvezère à son palmarès.
Pour avoir eu l’occasion de pratiquer la Dordogne, la Vézère, son affluent, l’Isle ou encore la Dronne dans un canoë et donc à la force du poignet, je peux affirmer sans prendre beaucoup de risques que le département comblera les amateurs de promenades tranquilles – mais parfois exigeantes – sur les cours d’eau qui traversent ce département dense en curiosités naturelles et architecturales. Grâce à la richesse de la documentation mis à disposition par l’office du tourisme, et à défaut de pouvoir encore s’y rendre, on prend quand même les rames et on se balade.
La Dordogne
A tout seigneur, tout honneur. On commence par le fleuve-éponyme, la Dordogne. L’office suggère aux visiteurs de commencer par le « circuit de la Vallée des Châteaux ». Une première étape vous conduira à faire une halte au Château de Castelnaud ou au Château de Beynac. On oublie pas son appareil photo et on fait attention à ne pas le tomber car on en aura besoin à la découverte ensuite « des plus beaux villages du Périgord et de France comme Domme ou le pittoresque village de la Roque-Gageac ». En plus, il est tout à fait autorisé et même conseillé de se baigner.
Une base de loisirs récompensée par l’Unesco
La base de loisirs CanoSphère, situé à Cenon sur la Dordogne, a reçu en novembre 2019 une récompense de la part de l’Unesco pour sa démarche écologique. Pour Biosphère Bassin Dordogne, « On retrouve ici : circuits courts d’approvisionnement pour la guinguette, énergie verte sur l’ensemble des installations, pailles en bambou, généralisation des doggy bags, refus des lumières bleues anti-insectes avec explication auprès de la clientèle… ». Par ailleurs, « au-delà de ses propres repères, CanoSphère souhaite porter un débat d’avenir pour engager une réflexion collective avec l’ensemble des loueurs et acteurs économiques de la rivière. Elle prône ainsi des stratégies inter-entreprises qui pourraient permettre d’appréhender l’ensemble des systèmes vivants et des services écosystémiques. Pourquoi pas en commençant par la mutualisation des moyens de transports, des lieux de débarquements (pour réaménager les espaces naturels) ».
La Vézère
Un must. On n’a pas le droit de partir en vacances en Dordogne sans faire une halte à Saint-Léon sur Vézère où il est aisé de trouver un loueur. A vous de choisir la distance mais, méfiez-vous, pour les plus longues distances, si vous êtes en manque d’entraînement ou avec de jeunes enfants, ça peut faire long. Allez, on laisse l’office nous faire rêver : « Levez les yeux, et vous découvrirez les villages troglodytiques de la Roque Saint-Christophe et de la Madeleine. La Vallée de la Vézère est aussi surnommée « la vallée de l’Homme » pour ses sites préhistoriques et ses abris sous roches remarquables. Si vous avez le temps un autre jour, visitez les grottes ornées de Font-de-Gaume ou Les Combarelles aux Eyzies de Tayac, la capitale « mondiale » de la Préhistoire ».
La Dronne
Allez, on suit le guide et nous voilà dans le Périgord Vert, ses forêts, ses étangs, ses sangliers et « ses martins pêcheurs, libellules et hérons cendrés, habitants des berges vous accueilleront le long de votre parcours. On n’oublie pas ses jumelles.
Votre parcours vous fera surement passer à Brantôme, la « Venise verte du Périgord », où l‘on peut naviguer sur les canaux en admirant ce village si pittoresque cerné par les eaux, réputé pour sa grotte du jugement dernier et ses joutes nautiques.
Ne manquez surtout pas si vous avez le temps, la visite du Château de Bourdeilles, composé d’un édifice médiéval et d’un ensemble datant de la Renaissance. Et si vous êtes à Ribérac, le petit tuyau de l’auteur, on va faire un tour au marché qui se déroule tous les vendredis pour acheter fraises et foie gras. Par ailleurs, à Ribérac, il est aussi tout à fait possible de louer un kayak ou un canoë au camping, la promenade est bucolique et peut – doit – se faire avec de jeunes enfants. On se baigne, on s’attaque, on se renverse, on porte parfois son embarcation pour franchir un obstacle. Bref, on se régale.
L’Auvézère
Ses moulins, ses falaises et ses lieux incontournables comme la Chapelle d’Auberoche ou les cascades du Blâme, c’est un parcours plus sportif. « Lorsqu’elle fait son entrée en Périgord après avoir dévalé les flancs du plateau de Millevaches où elle prend sa source, l’Auvézère ne s’apprivoise pas facilement. Laissons-là aussi l’office nous faire rêver, après tout, c’est son métier : « De Payzac à Rognac, où elle rejoint l’Isle en terre civilisée, la rivière se fait rebelle dans les gorges du haut pays avant d’être domptée à l’aval par les retenues et les barrages des moulins.
Elle alterne eaux vives et eaux calmes pour séduire au long de son cours tous les profils de rameurs, des compétiteurs avides de sensations jusqu’aux randonneurs à la recherche d’une promenade fluviale tranquille et sécurisée.
Une descente aux multiples attraits. La rivière ne dévoile ses intérêts aux navigateurs qu’une fois passée la forge de Savignac-Lédrier. Cette partie amont, et en particulier le parcours accidenté qui rallie Saint-Mesmin à Génis n’est réservée qu’à une pratique relevée et encadrée par des professionnels, si le niveau d’eau le permet. Les amateurs de sensations évoluent ici entre les rochers et sous un couvert végétal généreux, au travers des schistes de gorges très encaissées, avec des à-pics de près de 150 mètres. Un beau terrain de jeu pour les aventuriers, avec des passages évocateurs : le Serpent, le Saut-Ruban…
A hauteur de Cherveix-Cubas, l’Auvézère s’assagit considérablement dans la plaine alluvionnaire et la descente s’émaille alors de traversées de villages jardins et de haltes nautiques rafraîchissantes. Plus bas, l’abbaye de Tourtoirac – non loin de laquelle repose Antoine de Tounens, roi d’Araucanie et de Patagonie – est sertie de falaises au centre desquelles s’installe un silence respectueux. Le voyage continue… Les découvertes aussi : Sainte-Eulalie, Saint-Pardoux, Forge d’Ans et les cascades du Blâme, Cubjac, la chapelle d’Auberoche sur les hauteurs qui précèdent l’arrivée au Change et enfin Rognac, où la rivière s’abandonne à la protection septentrionale de l’Isle.
La rivière en mouvement. Au gré d’un environnement préservé, les différents parcours invitent les rameurs à côtoyer une faune et une flore aussi riches que variées. Bien que discrets, les mouflons et les loutres peuvent surprendre les plus attentifs sur les deux rives des gorges à l’amont, alors qu’au lit de la rivière les rayons du soleil font scintiller les écailles des truites et des ombres.
Des rencontres qu’apprécient les curieux de nature au fil de courants éphémères. La présence marquée des moulins évite ici toute monotonie : les retenues et les petits rapides équipés de passes sécurisées se succèdent dans un mouvement alternatif et rythmé, pour accompagner le clapotis des eaux et le rire des enfants à la descente des « toboggans à bateaux ».
L’Isle
A Neuvic sur l’Isle, on fabrique du caviar et ça se visite. Une bonne idée avant ou après avoir ramé sur cette jolie petite rivière qui traverse Périgueux, préfecture de la Dordogne. Née sur les plateaux du Limousin, l’Isle atteint les prémices de sa maturité en franchissant les portes du Périgord, au Nord de Jumilhac-le Grand. Après avoir fait en ces lieux le bonheur des chercheurs d’or, elle poursuit son cours vers les plateaux calcaires du causse truffier puis dévie vers l’ouest pour continuer son chemin en direction de la façade atlantique.
S’il n’est pas encore possible d’en suivre le courant sur la totalité de son linéaire sans mettre pied à terre, l’Isle offre aux randonneurs fluviaux une remarquable diversité de parcours et de paysages. De l’amont à l’aval entre Corgnac et Montpon-Ménestérol, la rivière est jalonnée d’une multitude de petits barrages, d’ouvrages appartenant au passé et de haltes accueillantes. Etroite, très ombragée et parfois même un peu mystérieuse lorsqu’elle traverse les noyeraies et les vergers de Coulaures ou qu’elle s’accélère en petits rapides à hauteur de Savignac-les-Eglises, l’Isle prend des allures de long fleuve tranquille à l’approche de Périgueux.
Observées de l’eau, les coupoles de la cathédrale Saint-Front présentent une autre dimension ; puis, à quelques coups de rame, le château des Izards et les berges paysagées de la voie verte laissent doucement la place à un périple moins urbanisé. Les îlots et les plages d’Anesse-et-Beaulieu incitent aux pauses bucoliques ; plus loin, les châteaux se succèdent pour donner une certaine majesté au voyage : Le Puy de Saint-Astier, Beauséjour à Saint-Léon, le château de Neuvic et Mauriac à Douzillac scandent la descente.
Epargnée par la ruée des rameurs des beaux jours, l’Isle donne à chacun la sensation d’une grande liberté. Un sentiment encore accentué à l’aval, à l’approche de Mussidan. Cernée par les forêts de la Double et du Landais, la rivière s’enfonce jusqu’à Montpon-Ménestérol au cœur d’un environnement plus sauvage mais qui garde les traces des activités passées… A Saint-Martial-d’Artenset, passer l’écluse en compagnie de la gabare du moulin du Duellas ressemble à une véritable aventure.