Avec le Dakar, l’Arabie Saoudite s’offre une vitrine touristique et son lot de polémiques
La disparition d’Hubert Auriol, trois fois vainqueur du Dakar avant de prendre les commandes de l’épreuve, est venue rappeler, à ceux qui s’intéressent un peu moins au rallye depuis qu’il a quitté l’Afrique, que l’épreuve se déroule en ce moment en Arabie Saoudite.
Jamais, sans doute, depuis le départ du Dakar en début d’année en Arabie Saoudite, on aura autant parlé de ce mythique rallye que depuis dimanche dernier. La disparition d’Hubert Auriol (voir plus bas), trois fois vainqueur de l’épreuve (deux en moto, l’un en voiture) nous a en effet replongés dans un monde où ce rallye était l’un des grands évènements sportifs de l’année.
Depuis que pour des raisons de sécurité, il a été contraint s’exporter en Amérique du Sud puis, en Arabie Saoudite, le Dakar touche de moins en moins le grand public. Il est loin le temps où le journaliste Gérard Holtz nous faisait vivre tous les jours les bivouacs et toutes les péripéties de a cours. Mais, loin de s’avouer vaincu, il trace toujours sa route ensablée et attire toujours des pilotes de renom comme le grand champion de rallye, neuf fois champions du monde, Sébastien Loeb.
Evidemment, on ne peut pas le cacher, nombreux sont les observateurs à s’offenser que le Dakar offre une aussi belle vitrine à l’Arabie Saoudite qui, par le biais d’organisations d’évènements sportifs, chercherait à changer son image à l’international. Le débat est vieux comme le tourisme : faut-il boycotter les dictatures pour ne pas donner du crédit à des régimes autoritaires, ou, au contraire, faut-il s’y rendre pour aller à la rencontre de sa population pour échanger et penser ainsi le voyage comme comme vecteur de paix ?
Nous prenons le meilleur en souhaitant que l’on puisse visiter un jour, sans mauvaise conscience, les sites historiques et archéologiques de la destination médiatisés grâce à ce type d’évènement. On peut citer, par exemple, la ville de Dariya, qui a été la capitale du premier Etat saoudien fondé en 1744 dont le quartier historique d’at-Touraïf est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Autres curiosités : l’ancienne cité d’Hégra et ses nombreux tombeaux monumentaux sculptés dans la pierre qui sont de rares témoignages de la civilisation nabatéenne, Jeddah, petit village de pêcheurs devenu au VIIe siècle le port officiel de la Mecque puis la deuxième ville du pays avec 3,5 millions d’habitants avec, en construction, ce qui deviendra la plus haute tour du monde. Enfin, l’Arabie Saoudite abrite la plus grande oasis du monde, Al Hassa, qui s’étend sur 58 000 km2, où vivent 600 000 habitants et 2,5 millions de palmiers. L’Arabie Saoudite vient d’ailleurs vouloir rouvrir ses frontières aux touristes le 31 mars prochain sous conditions (quarantaine, test PCR négatif….).
Un Grand Prix de Formule 1 en Arabie Saoudie 2021
C’est dans la ville de Jeddah, au bord de la mer Rouge, que se tiendra, en novembre, le premier Grand Prix de Formule 1 en Arabie Saoudite. Dans un premier temps, les pilotes s’affronteront en pleine ville mais il est prévue la construction d’une piste pour les années à venier. A l’occasion de cette annonce, Chase Carey, président-directeur général de la Formule 1, soulignait que « l’Arabie saoudite est un pays qui devient rapidement une plaque tournante du sport et du divertissement avec de nombreux événements majeurs qui s’y déroulent ces dernières années et nous sommes très heureux que la Formule 1 y participe à partir de la saison prochaine. »
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Disparition d’Hubert Auriol, « l’Africain », la légende du Dakar
Hubert Auriol, vainqueur trois fois du Dakar, auto (1) et moto (2), s’est éteint dimanche. Véritable légende, il n’a jamais cessé de suivre l’évènement auquel il a tant donné. Ainsi, déjà affaibli par la maladie, il s’était rendue l’année à l’année en Arabie Saoudite, à Ha’Il, pour la première édition dans le Royaume. Bien avant cette nouvelle ère, c’est sur le continent africain qu’il était devenu l’un des personnages les plus emblématiques du rallye à l’époque des pionniers, remportant l’épreuve à moto en 1981 puis en 1983. Le natif d’Addis-Abeba avait rapidement hérité du surnom de « l’Africain », mais ce sont aussi ses duels épiques avec Cyril Neveu, en particulier celui de 1987 qu’il a perdu en se brisant les deux chevilles sur l’avant-dernière étape, qui ont bâti sa légende et celle du Dakar. Passé sur quatre roues, Auriol est ensuite devenu en 1992 le premier pilote à s’imposer dans deux catégories, associé au navigateur Philippe Monnet. Après sa dernière participation en 1994 (2e), le pilote a été appelé à prendre les commandes de la machine du Dakar tout entière, restant le patron du rallye jusqu’en 2003.