« Chaque parcours de golf est un voyage différent »
Coach, consultant en stratégie et passionné de golf depuis 15 ans, Jean-Christophe Buchot explore dans son ouvrage « L’Albatros – Parcours de vie » (Editions Amphora) les liens qui existent entre le jeu de golf et les enjeux de la vie. Un voyage initiatique en 18 chapitres comme autant de trous sur les greens où l’apprend beaucoup sur soi.
L’albatros n’est pas qu’un oiseau marin avec des ailes de grande envergure si bien décrit par Baudelaire, c’est aussi le coup le plus rare au golf (trois en dessous du par). Et c’est encore le nom du parcours du Golf National à Saint-Quentin-en-Yvelines. « C’est le plus mythique en France, celui où s’est déroulé la Ryder Cup en 2018 (Ndlr : compétition par équipe opposant tous les deux ans l’Europe aux Etats-Unis), le troisième événement sportif le plus suivi au monde » complète Jean-Christophe Buchot qui prend pour cadre ce parcours de l’Albatros pour nourrir et construire la rédaction d’un livre. Avec comme postulat de départ « qu’une partie de golf est un condensé de la vie ».
Témoignages, analyses et mise en perspective
Ayan conçu son ouvrage comme « un manuel de développement personnel », l’auteur explique coup après coup, trous après trou (18 objectifs et réflexions pour 72 stratégies et intentions) comment optimiser son potentiel. Sur la base de témoignages (joueurs de golf pros, coachs, dirigeants de la fédération, hommes d’affaires, médecins…), chaque espace de ce livre parcours – plus de 550 pages tout de même – constitue un prétexte pour évoquer des choix et des enjeux de la vie.
À l’image du parcours très technique de l’Albatros, « un juge de paix si vous voulez connaitre votre réel niveau », le golf est un sport d’humilité où rien n’est jamais acquis. Une école de patience, de gestion de ses émotions, de ses frustrations. Avec cette particularité, explique Jean-Christophe Buchot, que « lorsqu’on est débutant, on peut faire un coup de champion. Et à l’inverse un joueur chevronné peut totalement se manquer sur un coup ».
Contrairement à d’autres discipline sportives, il est possible de débuter le golf à tout âge. « La notion de progrès est permanente » affirme Jean-Christophe Buchot qui cite volontiers l’acteur réalisateur Clint Eastwood à qui on demande à 90 ans passés pourquoi il continue de jouer au golf. Réponse : « pour progresser ». Ce sport, poursuit le consultant en stratégie, « nous aide à développer ce qu’on appelle dans le monde des ressources humaines nos soft skills, notre savoir-être, un certain état d’esprit critique, mais positif ». Il ajoute : « le golf sollicite notre agilité physique et mentale, notre intelligence émotionnelle, notre capacité à prendre des décisions et à nous y tenir, notre esprit d’équipe ».
Initier les enfants au golf
Le golf, « si on le prend comme il convient », possède tellement de vertus qu’il faudrait qu’il soit initié et enseigné dès le plus jeune âge. « Je le dis souvent à des amis qui ont des enfants de 7-8 ans, mettez-les au golf, vous leur faites le cadeau d’une vie. Ils vont apprendre beaucoup de choses, la gestion de l’énergie, la visualisation, la concentration, la relaxation… » nous confie l’auteur qui parle également du golf comme l’une des rares activités sportives pouvant se pratiquer en famille, du petit-fils au grand-père.
Ce sport suscite un attrait incroyable. Il faut voir par exemple le nombre d’anciens sportifs de haut niveau (Michael Jordan, Michel Platini…) s’adonner au golf. Le nombre aussi de présidents formés à l’école du golf. Ne serait-ce qu’aux Etats-Unis, tous au XXIème siècle, de Bill Clinton à Joe Biden, arpentent les greens. Après tout, comme le rappelle Jean-Christophe Buchot, « le golf est le seul sport à avoir été pratiqué sur la lune, en 1971, par le commandant Alan Shepard, avec un fameux coup de fer 6 ».
Le terrain de golf, révélateur de l’être humain
Ayant beaucoup travaillé sur la psychologie du sport, Jean-Christophe Buchot, qui accompagne en coaching et formation des sportifs, des chefs d’entreprise ou des salariés à haut potentiel, constate qu’un parcours de golf est « un terrain d’observation du comportement humain ». Selon lui, « pas besoin de s’allonger sur un divan ou de faire passer des tests en vue d’une embauche, sur un parcours on voit tout de suite comment la personne se comporte, comment elle réagit par rapport à ses coups forts, ses coups faibles… ». Car toujours selon l’auteur, « ce qui se passe dans notre tête se traduit dans notre jeu ». Difficile de tricher donc.
« S’il ne permet pas d’évacuer la tension par l’agressivité ou la dépense physique », le golf procure néanmoins des « émotions incroyables » affirme l’auteur de « L’Albatros – Parcours de vie ». Selon lui « l’adrénaline est liée au challenge que l’on (se) met ». « J’ai vu des personnes de 60-70 ans vibrer comme si enfant elles jouaient aux billes dans la cour de récréation » ajoute-t-il. Pour cet inconditionnel de l’Espagnol Severiano Ballesteros qui a popularisé son sport en dehors de ses frontières historiques (Etats-Unis, Grande-Bretagne), « chaque parcours de golf est un voyage différent, un voyage où l’on va apprendre sur soi ».
Le plaisir plus que la performance
À travers son ouvrage, bien structuré et bien écrit, le coach en sociologue de son sport n’a pas pour mission « de nous entrainer à maitriser une discipline, mais de nous aider à être mieux nous-même, meilleur avec nous-même, à avoir une meilleure attitude vis-à-vis de nous-même et de la vie ». En réalité l’essentiel est de prendre du plaisir, « non pas dans le score, mais dans l’exécution des coups » comme le proclamait le joueur américain Bobby Jones. « Prendre du plaisir non pas dans nos résultats, mais dans l’acte de vivre » confirme et lui répond Jean-Christophe Buchot. Car pour le consultant, « jouer au golf, c’est se sentir vivant ». D’ailleurs nous l’avons observé en mode confiné, « y a pire que de mal jouer, c’est de ne pas jouer ». Alors vive le golf !
« L’Albatros – Parcours de vie »
Par Jean-Christophe Buchot
Aux éditions Amphora
560 pages – 27 euros