Les Hautes-Alpes, territoire enivrant façonné pour le vélo
Pas moins de quatre étapes du Tour de France se déroulent cette année dans le département des Hautes-Alpes. Une belle mise en lumière pour ce territoire qui a su tisser des liens très étroits avec l’organisateur ASO. Terrain de jeu à ciel ouvert où la sportivité se fond dans des paysages grandioses, la région abrite les plus grands cols mythiques de la Grande Boucle. Une géographie si exaltante que les cyclotouristes se l’approprient de plus en plus. De véritables fabriques à souvenirs bien loin du tumulte de nos villes.
Mardi matin 2 juillet, un soleil bien présent mais des températures encore fraiches. Des hordes de spectateurs se massent sur les pentes du Galibier. Beaucoup sont venus à vélo. Le passage du Tour de France dans le célèbre col des Alpes, le plus fréquenté (une soixantaine de fois depuis 1911) dans l’histoire de la Grande Boucle, demeure un moment très attendu par les passionnés de la discipline.
Le panorama est grandiose. Chaque épingle, chaque virage offre un point de vue différent sur les massifs des Ecrins et de la Meije ainsi que la vallée de Serre-Chevalier Briançon. « Quand le Tour de France est dans les Hautes-Alpes, c’est un levier d’attractivité extraordinaire. Une vraie image de promotion pour notre territoire » résume Jean-Marie Bernard, président du département des Hautes-Alpes (voir ci-dessous).
« C’est magnifique, on voit la neige »
« Nous ne sommes jamais venus par ici, mais qu’est-ce que c’est beau. Cela vaut son pesant d’or » confie Jean-Noël, un retraité originaire de la Somme (voir ci-dessous), qui en compagnie de son épouse Blanche effectue son septième Tour de France en camping-car. Attendant patiemment le passage de la caravane publicitaire puis celui des coureurs sur les pentes du Galibier, le couple s’émerveille de ce « panorama à 360° ». « C’est magnifique, on voit la neige. On ne s’en lasse pas » confie de son côté Maëlic, 11 ans, venu depuis le Puy-en-Velay en compagnie de son frère et ses parents pour « supporter Romain Bardet ».
« Bienvenue dans mon bureau » semble leur dire Patrick Gelatto, président du club de ski de Serre Chevalier et durant des années l’un des organisateurs de la cyclo sportive Serre Chevalier/Luc Alphand. Connaisseur avisé du milieu du cyclisme et maitrisant parfaitement son territoire, il encourage tous les visiteurs à « profiter de cette nature saine » qui nous fait « tous vivre ici ». Un endroit privilégié pour les sports outdoor.
Le Tour, six fois dans les Hautes-Alpes au cours des dix dernières années
« Nous sommes sacrément aidés par notre relief et notre géographie » reconnait Yvan Chaix, Directeur de l’Agence de Développement Economique et Touristique des Hautes-Alpes, qui dit tout mettre en œuvre pour que « le Tour passe régulièrement chez nous ». Et visiblement ça marche puisque sur les dix dernières années, la Grande Boucle est venue à six reprises dans le département. Précisons que lorsque le département est retenu pour recevoir une ou plusieurs étapes, il paie 50% du montant du ticket d’entrée pour une arrivée (un chèque à partir de 130 000 euros à ASO) ou un départ (90 000 euros), le reste étant assuré par la collectivité locale.
Un investissement important mais qui génère de fortes retombées. « C’est largement amorti par rapport à ce que cela rapporte. La question ne se pose même pas » indique Yvan Chaix qui évoque « des retombées touristiques, économiques et médiatiques considérables, de l’ordre de 20 millions d’euros sur des séquences cumulant plusieurs étapes ». Sur certaines d’entre elles, l’agence de Développement des Hautes-Alpes observe « une croissance de 35% du nombre de touristes et 45% d’excursionnistes » au regard d’une année n’accueillant pas le passage du Tour de France. Jusqu’à 500 000 spectateurs viennent suivre et encourager au plus près les coureurs. Autant d’individus qui consomment et font vivre toute une économie locale.
Afflux de touristes et de spectateurs qui ne veulent pas manquer ça
Dans la longue pente du Galibier (8,7 km pour un dénivelé positif de 584 mètres), excités à l’idée de voir la plus grande course cycliste au monde, les gens continuent d’affluer. Un air de kermesse se dégage. Des tables de pique-nique sont improvisées. Une télévision montée sur un meuble de fortune diffuse les images de France Télévisions. Certains peignent à la hâte des « Pogi » (à la gloire du double vainqueur slovène Tadej Pogacar en 2020 et 2021) sur la chaussée. Les déguisements sont légion. Des drapeaux tricolores, belges ou danois s’agitent déjà. Des cyclistes amateurs, mais avec un équipement dernier cri, se dressent sur les pédales. Ils vont s’installer un peu plus haut. Un spectateur leur tend une planche de saucisson pour qu’ils puissent soutenir leur effort. Dans le lacet suivant un père de famille sur son vélo tracte sa petite fille à l’aide d’un câble. Tout le monde veut en être et personne ne souhaite manquer cet évènement.
Si le Tour de France passe par les Hautes-Alpes depuis plus d’un siècle, c’est d’abord le fait d’une volonté des collectivités locales et du département qui ont su au fil des années tisser des liens très forts avec l’organisateur ASO. « Lorsque Christian Prudhomme (le directeur du Tour de France) et ses équipes viennent dans les Hautes-Alpes, nous nous mettons en quatre pour les accueillir dans les meilleures conditions » affirme Jean-Marie Bernard. Et de mettre en avant cette « belle complicité avec le groupe ASO » toujours désireux de « découvrir de nouvelles routes, de nouveaux itinéraires », tel le col du Granon (2 413 mètres) remis au goût du jour l’été 2022 et en passe de rentrer dans la légende avec le duel épique entre Tadej Pogacar et le Danois Jonas Vingegaard, le futur vainqueur cette année-là.
Poêlée géante de diots à l’hôtel du Lautaret
Un peu plus de 13h00 en ce mardi 2 juillet. Le soleil darde ses rayons sur la montagne. Un flot ininterrompu de camping-cars est garé sur la montée du Lautaret. Au sommet de ce col, au carrefour de la route du Galibier et celle de Grenoble, Joss Bonnabel, propriétaire du Lautaret Lodge & Spa (l’Hôtel des Glaciers) s’active. Avec son staff, il a préparé une poêlée géante de diots (saucisses de Savoie) et son gratin de crozet (pâtes locales). De quoi tenir pour celles et ceux qui ne se sont pas encore positionnés dans les lacets du mythique Galibier. La sono crache à plein tube. Ambiance de fête.
« Dans ce département des Hautes-Alpes qui porte si bien son nom, nous avons la chance d’avoir les plus grands cols routiers du monde, les plus connus et les plus empruntés par le Tour de France » avoue fièrement Yvan Chaix qui cite spontanément « l’Izoard, le Galibier ou plus récemment le Granon, des sommets où se sont écrites les plus pages de l’Histoire de la Grande Boucle ».
Une « vallée vélo » qui concentre des cols légendaires
Ces cols légendaires, il est d’ailleurs possible de les emprunter l’été en toute sécurité lors d’opérations spéciales. Des « cols réservés » (voir ci-dessous), fermés l’espace d’une matinée ou d’une soirée à la circulation motorisée, et qui permettent à chacun de réaliser son rêve en s’inscrivant dans la roue des champions. Ces opérations sont totalement gratuites, ouvertes à tous et sans inscription. Au sommet, un petit ravitaillement « made in Hautes-Alpes » et une animation musicale attendent celles et ceux qui ont réussi à dompter les pentes sévères de la montagne. Une expérience unique.
Il est vrai que Briançon et Serre Chevalier font office de « camp de base » pour aller se challenger sur tous ces cols. « Nous sommes dans une vallée vélo, sorte de bike park géant, qui concentre quelques-unes des routes les plus mythiques du Tour de France » synthétise David Chabannal, directeur de l’Office de Tourisme de Serre Chevalier (voir ci-dessous), qui ne cesse de louer « le charme des cols d’altitude, que l’on soit en vélo de route, en Gravel ou en VAE ».
La caravane publicitaire électrise les foules
Il est un peu plus de 15 heures lorsque les premiers véhicules de la caravane publicitaire s’engouffrent dans les lacets du Galibier qui relient la Maurienne au Briançonnais. Un joyeux défilé créatif et coloré qui électrise les foules. Chacun tente de récupérer des cadeaux, les fameux goodies, distribués par les marques partenaires. Natif du coin, Lucas Dauge (voir ci-dessous) qui court aujourd’hui pour une équipe américaine (Novo Nordisk) venait systématiquement lorsqu’il était petit sur les étapes du Tour qui avaient lieu dans la région. « L’ambiance exceptionnelle, la caravane publicitaire, les coureurs, le maillot à pois, c’est ça qui m’a donné envie plus tard de faire de la compétition » résume-t-il.
Montant intégralement à pied les pentes du col du Galibier, Jacques, 67 ans, a prévu d’attendre les coureurs tout en haut. Venu de Saint-Etienne, il ne laisse personne indifférent avec sa pancarte « La terre est plate ». « C’est pour le fun » dit-il. À raison d’une dizaine d’étapes à chaque édition, se déplaçant depuis trois en dormant dans sa voiture, il loue le « cadre paradisiaque » de l’endroit, « quand on monte dans les cols on entend chanter les marmottes », et adore « taper la discut’ » avec des cyclistes rencontrés au gré de ses pérégrinations.
« C’est le plus beau jour de ma vie »
17h00, ça y est, les premiers coureurs font leur apparition dans le Galibier. Un juge de paix ce col car sous l’impulsion des coureurs de la Team UAE Emirates le peloton est déjà bien écrémé. Les spectateurs exultent et encouragent leur(s) champion(s). Plus on est haut, plus il y a de monde. C’est du délire. Positionnées à un kilomètre du sommet, au niveau de la stèle Henri Desgranges (le créateur du Tour de France en 1903), Camille et Valentine, des jumelles bruxelloises de 17 ans en vacances à Annecy, n’en perdent pas une miette. « C’est le plus beau jour de ma vie » déclare l’une d’entre elles. Et pour cause, les deux jeunes filles, passionnées de vélo, et leur maman vont voir sous leurs yeux l’attaque du slovène Tadej Pogacar, leur « favori », qui va s’en aller cueillir le maillot Jaune en plongeant sur Valloire après avoir franchi en tête le sommet du Galibier, à 2 642 mètres d’altitude.
Cette famille belge qui venait pour la première fois sur une étape du Tour résume parfaitement le sentiment général : « un spectacle grandiose fait d’une ambiance incroyable dans un panorama tout aussi magique ». « Et puis toutes ces nationalités, des Tchèques, des Ecossais, des Italiens, des Néerlandais, des Norvégiens…, c’est fou. Cela donne surtout envie de revenir » confie Pauline la maman.
Le département traversé de part en part
À compter de ce mercredi 17 juillet, trois autres étapes du Tour de France dont une arrivée inédite à Superdévoluy viendront compléter cette 111ème édition dans les Hautes-Alpes. « Le département est quasiment traversé de part en part. Ce sont 150 communes qui auront leur bout de Tour de France » se réjouit Yvan Chaix qui a mobilisé « les populations locales avec aussi le tissu associatif, sportif et entrepreneurial pour faire de cette fête populaire une grande réussite ».
« Rendez-vous compte, poursuit le dirigeant, sur les dix dernières années, une vingtaine d’arrivées ou de départs d’étapes ont été donnés dans les Hautes-Alpes. C’est considérable. Personne n’a fait mieux à part Paris et les Champs-Elysées ». Les spectateurs, qu’ils soient du coin, de passage ou venus spécialement pour l’évènement, ont encore trois jours pour venir admirer les coureurs dans ces superbes paysages des Alpes du Sud parfaitement dessinés pour la pratique du vélo.
Quatre questions à Jean-Marie Bernard, président du département des Hautes-Alpes : « La fréquentation dans le département est boostée d’une façon incroyable »
Pourquoi les Hautes-Alpes sont-ils un territoire béni pour la pratique du vélo ?
C’est la topographie qui fait cela. Le département concentre les grands cols mythiques du Tour de France, le Galibier, le Lautaret, l’Izoard, le Granon, Vars…
Tout cela se conjugue avec la montée en puissance du cyclotourisme, aujourd’hui devenu un véritable phénomène de société. En conséquence nous nous sommes naturellement orientés vers un aménagement de nos routes pour faciliter cette pratique. L’amélioration des déplacements à bicyclette fait partie de notre politique départementale. Il faut continuer.
Avant la fin de notre mandat (en 2028), nous nous sommes fixés comme ambition de réaliser 100 kilomètres de voies cyclables. Notamment sur les endroits les plus fréquentés comme entre Briançon et le col du Lautaret. Chaque année nous consacrons beaucoup d’argent, environ 3 millions d’euros, pour l’aménagement des voies cyclables. C’est une vraie ambition pour le département. D’autant plus que les cyclotouristes dans la région représentent une manne économique importante.
Et quand Tour de France passe dans les Hautes-Alpes, c’est un surcroît de notoriété ?
Absolument. Quand le Tour de France est dans les Hautes-Alpes, c’est un levier d’attractivité extraordinaire. Une vraie image de promotion pour notre territoire. C’est important pour nous lorsqu’on voit par exemple le lac de Serre-Ponçon pendant une demi-heure à la télévision aux quatre coins du monde.
On n’oublie-pas non plus tous ceux qui organisent leurs vacances ou une partie de leurs vacances sur notre territoire parce qu’ils veulent être sur le bord des routes et suivre le Tour de France. Cette année plus particulièrement car il y a quatre étapes. La fréquentation dans le département va être boostée d’une façon incroyable. Il y a des centaines de milliers de visiteurs qui vont venir chez nous uniquement pour le Tour de France. Autant de personnes qui consomment, mangent, dorment localement. Tout cela c’est un vrai retour.
Ces nombreuses étapes dans les Hautes-Alpes, c’est aussi lié à la qualité de vos relations avec l’organisateur ASO ?
Oui, lorsque Christian Prudhomme (le directeur du Tour de France) et ses équipes viennent dans les Hautes-Alpes, nous nous mettons en quatre pour les accueillir dans les meilleures conditions. Nous les recevons à bras ouverts. Il existe une véritable complicité avec le groupe ASO.
Parce que l’organisateur est à l’affût d’itinéraires, nous lui faisons découvrir de nouvelles routes. Comme le col du Granon en 2022 qui n’avait plus été emprunté par le peloton depuis 1986. Cela a été un vrai succès. Il reste d’ailleurs encore des petites routes, des itinéraires par lesquels le Tour de France n’est pas encore passé. On ne désespère pas d’attirer Christian Prudhomme sur ces portions.
Il y a le Tour de France, mais aussi le Critérium du Dauphiné et le Tour de France féminin. À ce propos, j’ai déjà lancé l’invitation auprès de Christian Prudhomme. Le jour où le Tour de France féminin fait une édition dans les Hautes-Alpes, nous sommes candidats.
Et puis vous mobilisez et soutenez financièrement toutes les communes qui accueillent le Tour de France ?
Par rapport à cette 111ème, nous avons depuis plusieurs mois réuni toutes les communes traversées (environ 150). J’ai d’ailleurs lancé un challenge pour la commune la plus dynamique lors du passage du Tour de France. C’est une façon de récompenser tous les efforts d’animation mis en place à cette occasion et mettre aussi un peu la pression sur le Comité des Fêtes. La commune qui sera retenue bénéficiera d’une enveloppe de 100 000 euros supplémentaire pour soutenir ses projets. Le verdict sera rendu au plus tard au début du mois d’août.
Tout le monde veut embellir son village lors du passage du Tour. Cela créé un vrai moment de convivialité, chez nous cela va durer quatre jours. Et dans la période où nous sommes, cela fait du bien à tout le monde.
Marcel Cannat, vice-président du Département des Hautes-Alpes, en charge des infrastructures, des transports, du patrimoine Départemental, de la sécurité et des affaires militaires : « Il y a toujours un plan B, systématiquement »
Accueillir une étape du Tour de France implique en amont de nombreuses visites sur le terrain entre les équipes techniques d’ASO, le Département et les collectivités afin d’évaluer la viabilité des itinéraires susceptibles de voir passer les coureurs mais également la caravane publicitaire ainsi que l’ensemble des suiveurs du Tour. Vice-président du Département en charge des infrastructures, des transports, du patrimoine Départemental, de la sécurité et des affaires militaires, Marcel Cannat supervise l’organisation et l’aspect logistique d’un tel évènement.
De nombreuses réunions sous l’égide de la préfecture
« Jusqu’à l’officialisation du parcours dévoilé au Palais des Congrès de Paris en octobre, c’est confidentiel. On sait tout mais on ne dit rien » résume le responsable. Une fois la présentation au public effectuée, place à de nombreuses réunions qui vont s’échelonner du mois d’octobre au mois de février. « Elles se font sous l’égide de la préfecture avec plusieurs groupes de travail constitués, concernant la circulation, la sécurité, les relations avec les communes… » précise Marcel Cannat.
Dans le département, les villes de départ et/ou d’arrivée sont donc définies en étroite concertation avec les équipes d’ASO. « Cela représente l’équivalent d’une ville de 4 500 personnes et 45 semi-remorques qui doivent se déplacer chaque jour. Tout cela demande une longue préparation » explique le vice-président du Département qui « s’entretient régulièrement avec Yannick Goasduff, commissaire général en charge des départs sur le Tour de France, et Stéphane Boury, commissaire général des arrivées du Tour ».
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Lors du passage de l’étape du jour, un PC course est installé dans l’aire d’arrivée. « Ce semi-remorque, personne ne le voit. C’est une grande salle de travail avec des écrans géants. À l’intérieur, gendarmerie, pompiers, organisation du Tour… Toutes les décisions sont prises ici » affirme Marcel Cannat. Parallèlement, un Centre Opérationnel Départemental (COD) est activé en préfecture, « le copie de ce qui se passe dans le semi-remorque à l’arrivée sur le Tour ».
« Si jamais je vois quelque chose d’anormal j’informe tout de suite le PC course »
Juste avant le passage de la caravane publicitaire, environ deux heures avant les coureurs, Marcel Cannat effectue une reconnaissance du parcours. « Si jamais je vois quelque chose d’anormal j’informe tout de suite le PC course. Je peux faire partir les camions-balais dans la foulée. Il y en a un peu partout sur le parcours » déclare-t-il. Une fois le responsable passé, plus aucune circulation est autorisée.
Le jour de l’étape, jusqu’à 250 pompiers peuvent être mobilisés. « Ils sont d’ailleurs très fiers de venir en bord de route, même le dimanche ». Le service des routes est également pleinement impliqué.
Si par exemple l’arrivée à Superdévoluy (le 17 juillet) ne pose aucun problème apparent, il faut davantage prendre de précautions comme sur l’arrivée du Granon en 2022. « C’est dans un cul de sac, il faut donc penser aux déviations, aux zones d’atterrissage des hélicoptères, aux zones d’évacuation en cas de pluie ou d’orage… » souligne Marcel Cannat. Un travail minutieux qui demande une parfaite connaissance du terrain.
Assisté d’un nivologue et d’un guide de haute montagne
Sur le Galibier où les coureurs sont passés le 2 juillet, le dirigeant et ses équipes ont déneigé le col quelques jours seulement auparavant, « il y avait 6 mètres de neige, on a tout enlevé ». Dans ses décisions, Marcel Cannat se fait assister d’un nivologue ou encore d’un guide de haute montagne qui lui donnent des indications précises quant à l’état des routes le jour J. « De toute façon, il y a toujours un plan B, systématiquement » précise-t-il.
Après le « Gros Léon », peut-être le « Petit Marcel »
Ayant accueilli à de nombreuses reprises des étapes du Tour de France, le département des Hautes-Alpes a à cœur de prolonger l’aventure. « Pour les années à venir, on se définit selon les souhaits du président (Jean-Marie Bernard), c’est lui le principal financeur du Tour. Je sais qu’on s’est positionnés pour le Tour de France féminin. On devrait avoir un camion-balayeur aux couleurs des Hautes-Alpes. Après le « Gros Léon » pour les hommes, on l’appellera le « Petit Marcel » » conclut Marcel Cannat.
Jean-Noël et Blanche : « Un panorama à 360° qui vaut son pesant d’or »
Avant ils suivaient le Tour à la télé. Maintenant ils le vivent en vrai. À bord de leur camping-car qu’ils ont acheté il y a maintenant sept ans. Couple à la retraite, Jean-Noël et Blanche sont des passionnés de vélo. Surtout Jean-Noël qui a couru dans sa jeunesse chez les amateurs.
Originaires du Plessier-Rozainvillers, non loin d’Amiens dans la Somme, ils se déplacent pour leur septième Grande Boucle. Pas sur l’intégralité des 21 étapes mais sur la plupart à chaque édition. Ne s’étant pas rendus en Italie pour le Grand Départ, ils commencent leur itinérance sur l’étape 4 entre Pinerolo et Valloire. Après avoir parcouru plus de 1 000 kilomètres depuis leur domicile.
Leur camping-car, ils l’ont garé dans les premiers lacets du Galibier. Comme des centaines d’autres alignés les uns derrière les autres. C’est la première fois qu’ils viennent sur ce « Géant ». « La baie de Somme, c’est magnifique, mais ici qu’est-ce que c’est beau. On est dans un décor de rêve. Un panorama à 360° qui vaut son pesant d’or » s’enthousiasme Jean-Noël.
« Les gens croient qu’on vend des bobs et des casquettes »
Depuis quelques jours déjà sur place, ils ont pris soin de décorer leur véhicule. Juste devant ils ont installé une corde à linge sur laquelle pendouillent maillots à pois, bobs et casquettes Leclerc ou Cochonou. « Les gens croient qu’on les vend mais pas du tout, c’est pour faire joli » sourit Blanche travaillant naguère pour la marque Lee Cooper. En à peine une matinée, leur petit stand savamment agencé fait l’objet d’une centaine de photos. « Ah si on faisait payer toutes les personnes qui nous mitraillent » proclame rigolard le mari, ancien agriculteur céréalier.
« Nous nous considérons un peu comme des gens du cirque »
« Nous nous considérons un peu comme des gens du cirque, on se déplace chaque jour d’un site à l’autre » souligne le conducteur Jean-Noël qui planifie d’une année sur l’autre son Tour de France. Ayant désormais la science de l’habitude, il installe son camping-car dans un endroit qui lui permet d’en repartir assez facilement. Du Galibier, il a tout calculé, « un peu à l’abri du vent », mais surtout « bien placé » pour reprendre en fin de journée la route de Grenoble et rejoindre Lhuis dans l’Ain pour l’étape du lendemain (Saint-Jean-de-Maurienne – Saint-Vulbas), « cela fait très exactement 279 kilomètres ».
L’itinérance a du bon mais ce n’est pas toujours facile de trouver une place, « parfois je fais 30-40 kilomètres, il m’est même arrivé d’en faire 80 avant de pouvoir me garer » déclare Jean-Noël qui déplore aussi parfois avoir été « mal reçu » comme « un jour dans les Vosges » où on a voulu lui « esquinter » son camping-car.
Une moyenne de 5 000 kilomètres et 900 euros d’essence
À chaque édition du Tour de France le couple fait une moyenne de 5 000 kilomètres. « Ça fait cher le gasoil » analyse Blanche, « environ 900 euros ». Mais la passion pour cet évènement festif et populaire qu’est le Tour de France n’a pas de prix, surtout lorsque c’est Romain Bardet qui gagne (vainqueur de la première étape), « on l’aime bien, il fait toujours un bon Tour » analyse le sexagénaire néanmoins conscient qu’il ne pourra jamais gagner la Grande Boucle face aux cadors que sont Jonas Vingegaard ou Tadej Pogacar.
Lucas Dauge : Malgré le diabète, des rêves de Grand Tour
« Le Tour de France, dès qu’il passait dans le coin, j’allais le voir ». Natif de Châteauroux-les-Alpes près d’Embrun, Lucas Dauge a très vite nourri des rêves de coureur cycliste. « L’ambiance de la course, la caravane publicitaire, le maillot à pois, je me souviens notamment de Richard Virenque, tout cela me fascinait » explique le jeune homme aujourd’hui âgé de 27 ans.
À l’âge de 13 ans, il s’inscrit à l’UCPG, un club cycliste basé à Gap. Alors qu’il progresse et montre de très belles aptitudes pour la discipline, il est diagnostiqué diabétique de type 1 en 2015, « une maladie auto-immune » occasionnant fatigue et perte de poids. Un coup de frein mais pas un coup d’arrêt dans sa quête de devenir pro.
Un petit appareil pour mesurer son taux de glucose y compris en course
Après Gap, Lucas Dauge, également passionné de ski, rejoint Aix-en-Provence, dans un club davantage en phase avec ses ambitions. Il apprend aussi à composer avec sa maladie. « Il faut en permanence surveiller sa glycémie, ingérer du sucre si elle baisse et s’injecter de l’insuline si elle est haute » résume-t-il. Un capteur placé sur son avant-bras lui permet à l’aide d’un petit appareil de mesurer son taux de glucose en temps réel. L’obligeant parfois à se faire des injections d’insuline en pleine course.
Ayant appris à se gérer, Lucas et son profil de grimpeur accumule de bons résultats en compétition. Lors de recherches sur Internet, il apprend l’existence de l’équipe américaine Novo Nordisk, elle-même managée par une personne diabétique. Ni une ni deux, il rentre en contact avec la direction du Team. L’été 2017, il est convié à faire un stage à Atlanta, camp de base de l’équipe qui évolue en UCI Pro Team (le 2ème échelon international après l’UCI World Tour).
C’est donc dans le fief de Coca-Cola – cela ne s’invente pas – qu’il convainc ses employeurs de l’embaucher. « Oui Coca, on ne l’aura pas comme sponsor » dit-il en souriant. Car il faut préciser que l’équipe Novo Nordisk est composée exclusivement de coureurs diabétiques de type 1. Parmi eux un jeune tchèque, Matyáš Kopecky, au talent particulièrement prometteur puisqu’il enregistre déjà plusieurs places de Top 10 sur des courses de renom.
« Leader, cela ne m’attire pas forcément, équipier, c’est déjà très bien »
Lucas Dauge, lui, ne cherche pas forcément la gloire, simplement de bien vivre de son métier, ce qu’il parvient à faire. Mais non sans casse, une fracture tibia-péroné à l’entrainement en 2021, une clavicule cassée plus récemment sur une course en Roumanie. « Leader, cela ne m’attire pas forcément, équipier, c’est déjà très bien » déclare-t-il. L’objectif pour l’équipe (20 coureurs, 9 nationalités, 3 Français) est d’accumuler des points UCI pour un jour pouvoir rejoindre l’élite, l’UCI World Tour. « Disputer le Tour de France, ce sera peut-être difficile, courir un Giro ou une Vuelta, c’est un objectif » concède le jeune pro qui constate « de plus en plus de pression et de nervosité au sein des pelotons ».
« J’ai du mal à me passer de mes montagnes »
Alors qu’il n’était pas rassuré en prenant l’avion, Lucas Dauge se retrouve à parcourir le monde, l’Amérique du Nord, l’Afrique, la Chine… Après avoir disputé le Tour de Slovaquie au cours duquel s’est notamment illustré le champion français Julian Alaphilippe, puis à l’issue d’un stage en Italie, le coureur du Team Novo Nordisk s’apprête à courir le Tour du Hainan au sud de la Chine, du 27 au 31 août. Une épreuve bien loin de ses routes d’entrainement et de ses montagnes, « j’avoue, j’ai du mal à m’en passer » lui qui adore « faire le tout du lac de Serre-Ponçon » ou « gravir le col de l’Izoard » au nord-ouest du massif du Queyras.
Un exemple à suivre
Dans sa quatrième année sous le maillot de l’équipe Novo Nordisk, Lucas Dauge montre la voie. Persévérer, se surpasser et ne jamais lâcher pourrait être son mantra. « Il faut croire en ses rêves » assure le Chateauroussin qui démontre qu’à travers son parcours, « on peut être compétitif et courir avec les meilleurs au monde malgré le diabète ». Oui assurément un exemple à suivre.
David Chabanal, directeur de l’Office de Tourisme de Serre Chevalier : « On peut choisir le type de col en fonction de son niveau »
Galibier, Lautaret, Izoard, Granon…, les cols incontournables du Tour de France se gravissent au départ de Serre Chevalier Vallée Briançon. « C’est notre camp de base » affirme David Chabanal, directeur de l’Office de Tourisme. L’un des artisans aussi de la mise en œuvre de la logistique de l’étape du col du Granon en 2022 marquée par la victoire « historique » du Danois Jonas Vingegaard.
Dans cette « vallée vélo où les routes sont bien entretenues », on peut « choisir le type de col en fonction de son niveau », que ce soit en vélo de route, en VAE (vélo à assistance électrique) ou en Gravel, « la tendance émergeante ».
Porte d’entrée idéale des cols mythiques du Tour, Serre Chevalier Vallée Briançon dispose d’une offre de 52 000 lits touristiques. « La saison estivale représente environ 40% des nuitées annuelles » souligne David Chabanal qui évoque à cette saison « une clientèle étrangère de l’ordre de 15% ».
Se challenger sur l’opération « Cols réservés »
Autant de visiteurs qui peuvent se mesurer aux géants des Hautes-Alpes durant une semaine en juillet à la faveur de la « Tournée des Grands cols » ou de début juin à fin octobre grâce à l’opération « Cols réservés » (voir ci-dessous). Sur certaines matinées, les routes sont en effet fermées à la circulation et permettent donc aux amateurs de vélo d’inscrire gratuitement leurs roues dans celles des champions. En toute sécurité.
Des cyclistes presque toute l’année
« Même si nous enregistrons un pic au moment du Tour de France, nous avons des cyclistes presque toute l’année » se réjouit David Chabanal qui insiste sur « la politique d’accueil vélo » du territoire et « le travail d’évangélisation » effectué auprès de cette cible qui « s’est internationalisée au fil des années ».
Destination résolument sportive avec notamment le Mondial de l’Escalade à Briançon jusqu’au 19 juillet, Serre Chevalier Vallée Briançon, Centre de préparation aux Jeux Paris 2024, s’est également positionnée pour être site d’accueil et Village olympique des JO d’hiver 2030 dans les Alpes.
Le Lautaret Lodge & Spa, hôtel familial aux premières loges du Tour de France
Situé au sommet du col du Lautaret à 2 058 mètres d’altitude, le Lautaret Lodge & Spa, connu également sous le nom Hôtel des Glaciers, est l’endroit tout indiqué pour partir découvrir la route des Grandes Alpes, à vélo, en moto ou en auto. Au carrefour des deux cols mythiques des Hautes-Alpes que sont le Lautaret et le Galibier, il est aussi le cœur battant des environs lorsque le Tour de France y fait régulièrement étape comme cette année. Un épicentre transformé en lieu de fête et d’animation qui fait le bonheur des milliers de personnes de passage.
Géré par la même famille depuis cinq générations
Et puis cet hôtel situé sur la commune du Monêtier-les-Bains possède une histoire. Il est exploité par la même famille depuis cinq générations. Cela remonte à 1887. Propriétaire – et chef de cuisine -, Joss Bonnabel est aujourd’hui aux commandes. Un homme affairé pour le bien de ses clients. Dont beaucoup sont en effet des cyclistes passionnés. « J’en vois d’ailleurs certains, des étrangers notamment, qui arrivent épuisés, transis par le froid. Je leur prépare un chocolat chaud, et je garde toujours les vieux peignoirs de l’hôtel, ça sert » déclare une employée de l’établissement.
Dans un style boisé, le Lautaret Lodge & Spa dispose de 15 chambres duplex, 6 chambres standard, d’un appartement et d’une suite répartis sur trois étages desservis par ascenseur. Une brasserie et un restaurant servent une cuisine locale et traditionnelle. Une mention particulière pour la tarte aux myrtilles, « l’incontournable dessert du Lautaret ».
Les personnes séjournant à l’hôtel apprécieront aussi l’espace bien-être (hammam, sauna, piscine couverte et d’appareils de fitness) ainsi que dans une grande salle d’apparat en bas, la cheminée et les sofas qui offrent une vue imprenable sur les sommets. Un immense garage permet de stocker les vélos, c’est pratique.
« Un hall of fame » avec des maillots de champions dédicacés
Aux premières loges des étapes du Tour de France depuis plus de dix ans, Joss Bonnabel accueille régulièrement des équipes professionnelles de cyclisme qui viennent pour des reconnaissances ou effectuer des stages en hypoxie (déficit d’apport en oxygène) afin d’optimiser leurs performances sportives. Dans une salle du restaurant, le dirigeant possède d’ailleurs son « petit hall of fame », une collection de maillots dédicacés de nombreuses stars du peloton, parmi lesquelles Lance Armstrong, Christopher Froome, Romain Bardet ou encore Jonas Vingegaard. À voir. Juste en face, un peu plus en hauteur face aux glaciers de la Meije, il ne faut pas manquer le jardin du Lautaret qui recense plus de 2 000 espèces de fleurs de montagne, originaires du monde entier.
Des « cols réservés » jusqu’à l’automne
Depuis 1997, l’opération « cols réservés » permet aux cyclistes de gravir gratuitement et en toute sécurité, les cols des Hautes-Alpes sur des routes exceptionnellement fermées à la circulation des véhicules motorisés le temps d’une matinée ou d’une soirée. Des cols de légende tels l’Izoard, le Galibier, Vars, Agnel, le Granon ou Le Noyer mais aussi des montées et cols plus confidentiels comme Puy-Saint-Vincent, Chabre, le Pré de Mme Carle, les Orres, Moissière et bien d’autres. Une occasion unique et conviviale pour les passionnés de la « Petite Reine » de se retrouver « au grand air » et de profiter pleinement, d’une ascension pas tout à fait comme les autres. Accès gratuit et ouvert à tous.
Venir dans les Hautes-Alpes
Par le train :
- Gare de Briançon (moins d’1 km du départ des remontées mécaniques) – Navette vallée vers les villages.
Trains de nuit directs quotidiens depuis Paris Austerlitz.
Trains directs quotidiens depuis Marseille/Aix-en-Provence/Gap et Romans/Valence.
- Gare de Grenoble (117 km) – Bus vers Serre Chevalier Vallée Briançon.
TGV directs depuis Paris (3h00).
TGV directs depuis Lyon (1h30).
Par avion :
Aéroports les plus proches :
- Turin, Italie (115 km).
- Grenoble (158 km).
- Lyon (205 km).
- Milan : Malpensa (228 km) et Linate (268 km).
- Marseille (256 km).
Renseignements et bons contacts :
- Agence de développement des Hautes-Alpes, c’est ici.
- Office de Tourisme de Serre Chevalier Vallée Briançon, c’est ici.
- Hautes-Alpes puresalpes, c’est ici.