Flora Lambert (Cimes Evasion) : « Ce n’est pas parce que j’ai fait le Mont Blanc que je vais réussir le Kilimandjaro »
Possédant son agence à Saint-Jean-de-Sixt, petit village du massif des Aravis à côté de La Clusaz (Haute-Savoie), Flora Lambert est familière de l’univers montagnard. Séduite l’an dernier par l’intervention de la chef d’expédition Isabelle Mislanghe (Côté Soleil Voyages) lors d’une convention du réseau Cediv Travel, elle décide de lancer à l’assaut du Kilimandjaro. Un autre défi après avoir déjà gravi le Mont Blanc.
Parmi la trentaine de professionnels du tourisme qui vont tenter d’atteindre début février le plus haut sommet de l’Afrique (5 895 mètres au Nord-Est de la Tanzanie), Flora Lambert est l’une des plus jeunes. Mais probablement aussi la plus expérimentée en matière de montagne. « J’ai toujours vécu en station de ski, du côté de La Clusaz, et la montagne a toujours été mon environnement » rappelle-t-elle.
« Isabelle a présenté son film, et là j’ai eu les larmes aux yeux »
Pour autant rien ne la prédestinait à ce qu’elle grimpe le Kilimandjaro, « cela ne m’est jamais venu à l’idée ». Le déclic, c’est une intervention l’an dernier d’Isabelle Mislanghe (Côté Soleil Voyages) spécialisée sur les voyages d’expédition lors d’une convention du réseau Cediv Travel sur un bateau MSC dans les Caraïbes. « Elle a présenté son film, et là j’ai eu les larmes aux yeux. Je me suis dit waouh, quelle belle personne, quelle belle aventurière. Cela doit être grandiose de partager quelque chose avec elle, de faire une expédition » résume Flora Lambert.
Quand le Cediv sous la houlette de sa présidente Adriana Minchella décide de monter le projet de l’ascension du Kilimandjaro, tout s’enclenche. « C’est devenu une évidence pour moi. De pouvoir le faire avec Isabelle, avec mon amie Ericka et surtout de le faire en groupe avec des gens qui partagent les mêmes valeurs » s’enthousiasme la fondatrice de Cimes Evasion qui a toujours été attirée par les grands espaces.
Le Mont Blanc, un défi réussi « face à elle-même »
Vivant au milieu des montagnes mais pas forcément férue d’alpinisme, Flora Lambert aime les défis. À force de voir quasiment tous les jours le Mont Blanc, elle décide un jour de faire l’ascension du toit de l’Europe. « L’an dernier, avec la chaleur, les conditions météo n’étaient pas propices, j’ai décalé et je l’ai donc fait cette année en septembre ». Seule, simplement accompagnée d’un guide. « Je ne voulais pas gâcher l’aventure de quelqu’un si jamais je n’arrivais pas à suivre, et de la même façon je ne voulais pas être déçue de ne pas atteindre le sommet si mon binôme était lui-même en difficulté » * justifie la jeune femme. Dans sa quête de liberté et de dépassement de soi, personne ne viendra la contrarier. En confiance avec son guide « très à l’écoute », c’est donc à sa plus grande joie qu’elle réussit ce « défi face à elle-même ». « Au niveau du souffle et de l’altitude je n’ai eu aucun problème, par contre techniquement et physiquement c’était difficile » admet Flora.
La montagne, « un terrain de jeu vraiment ressourçant au quotidien »
Une expérience incroyable qui la projette déjà sur celle du Kilimandjaro. « Mais attention, prévient-elle, l’ascension d’un jour n’est pas forcément celle d’un autre jour ». Autrement dit, « ce n’est pas parce que j’ai fait le Mont Blanc que je vais réussir le Kilimandjaro. Ce sont deux défis avec deux terrains totalement différents. L’un se monte en deux-trois jours, l’autre sur une semaine, on ne peut pas comparer ».
Flora possède toutefois un avantage par rapport à ses futurs compagnons d’expédition, celui d’avoir du relief partout autour d’elle. « C’est vrai, je peux monter, descendre 1 000 mètres de dénivelé quand je veux » concède-t-elle. Pour celle qui ne se voit pas quitter la région, la montagne est « un terrain de jeu vraiment ressourçant au quotidien ». Avec » la possibilité le midi d’enfiler une paire de basket, de se balader et ainsi se changer les idées ». Un luxe.
« Cela va se faire au mental »
Généreuse, Flora Lambert se proposait même d’organiser le mois prochain, juste avant le grand départ pour la Tanzanie, un week-end « spécial Cedimandjaro » à La Clusaz. Histoire de bien commencer à s’acclimater. « Mauvaise idée » lui répond tout de suite la chef d’expé Isabelle Mislanghe, « il faut se préserver afin d’optimiser ses chances d’aller au sommet sans s’épuiser ni attraper froid avant le jour J ». L’idée tient toujours, mais après l’ascension du Kili, « histoire de célébrer nos retrouvailles et de revivre des moments très forts » précise Flora.
Si elle appréhende un peu le froid au sommet du Kilimandjaro, la responsable de Cimes Evasion s’imagine déjà la dernière partie de l’ascension, « de nuit à la frontale alors qu’on aura quasiment pas dormi sous la tente ». « Cela va se faire au mental, et puis sur l’ambiance et les encouragements qu’il y aura dans le groupe, cela va être énorme » conclut Flora Lambert.
*Dans ce type d’expédition, les cordées sont en général constituées de deux personnes accompagnées d’un guide. Il est donc primordial de bien choisir son coéquipier, et de s’assurer que chacun est à peu près du même niveau. Car si l’un des deux participants n’est plus en mesure de suivre le rythme de la course, toute la cordée sera contrainte de redescendre.
**Dans la perspective de cette expédition, nous vous livrerons régulièrement le témoignage de participants concernant leurs motivations et manière de se préparer à l’ascension du Kilimandjaro.