Depuis le ciel le sport devient œuvre d’art

Télépilote de drone professionnel depuis cinq ans, Edouard Salmon s’est fait une spécialité de la photographie aérienne. Avec un domaine de prédilection, l’univers du sport. À travers son imposant ouvrage « Le sport vu du ciel » aux éditions Amphora, il nous fait ici découvrir l’activité physique d’une manière totalement inédite. Un passeur d’émotions qui nous révèle aussi la beauté du monde, la France en l’occurrence, sous un angle nouveau.

Tout commence au p’tit matin par une séance photo lors d’une session de surf en Vendée. « J’étais avec mon beau-frère et des copains. Les images qui sont ressorties m’ont tout de suite plu. Vu du ciel, c’est un angle que l’on ne voyait pas ou très peu » explique Edouard Salmon qui a tout de suite débuté dans le métier par la photographie aérienne. Un mode d’expression qui va l’entrainer progressivement dans d’autres décors, avec toujours le sport comme fil conducteur.

Le drone, même fonctionnement qu’un appareil photo classique

« À la verticale, on peut jouer avec les ombres, les couleurs, les courbes, les lignes des terrains » souligne le photographe autodidacte qui rappelle que la caméra embarquée sur drone fonctionne exactement comme un appareil photo classique, « ouverture, vitesse d’obturation, les ISO…, les réglages sont les mêmes » précise-t-il. À ceci près qu’il faut demander des autorisations de vol auprès de la DGAC et/ou des préfectures.

Chemin faisant, et ayant trouvé son « style photographique », Edouard Salmon multiplie les séances. Avant d’adresser il y a deux ans une plaquette aux éditions Amphora. Son travail séduit. L’idée est donc lancée de faire un livre magnifiant le(s) sport(s) en œuvre(s) d’art par le biais de la photo aérienne. « Nous prenons la place d’un oiseau et nous survolons ces théâtres de la pratique sportive en France pour un spectacle qu’il nous est impossible d’apprécier les pieds sur terre » explique l’auteur originaire de Vendée et habitant à Poitiers dans la Vienne.

Le sport, en tous lieux et en tous genres

S’il photographie beaucoup à proximité de son domicile, Edouard Salmon n’hésite pas à se déplacer un peu partout en France à la recherche du bon spot, de la bonne lumière, d’une discipline différente. Le lac d’Annecy pour tout ce qui est aviron et ski nautique. Le VTT en Haute-Savoie. Les sports d’hiver dans les Pyrénées… Il doit aussi gérer la disponibilité des pratiquants sur les terrains, prendre rendez-vous avec les clubs… Pour un rendu optimal, certaines séances sont très encadrées et organisées. « Parfois lorsque j’étais seul, c’était moi-même sur les photos. J’utilisais alors le retardateur » précise l’auteur.

Outre la dimension artistique, graphique et esthétique, le travail d’Edouard Salmon vise aussi à montrer l’universalité du sport, « la quasi-totalité des photos sont consacrées à des pratiquants amateurs », et à quel point il est ancré dans notre société, « où qu’on aille, on peut toujours accéder à un terrain de foot ou à un terrain de basket ».

Des clichés d’une force incroyable

Pour la réalisation cet ouvrage conséquent de 228 pages, Edouard Salmon a pris des milliers de clichés. Il en a livré entre 250 et 300 pour un peu plus de 200 qui ont été conservées. La photo de couverture, l’une des plus anciennes et parmi ses préférées, dit d’ailleurs un peu tout du travail de l’auteur. Une ode à la rêverie et l’évasion. La scène se passe très tôt le matin, en plein été, sur la plage de Sauveterre en Vendée. « Le soleil se lève à l’est et la plage était plein ouest. Les rayons ont percé les dunes qui bordaient la plage. J’ai demandé au surfeur de se placer là où il y avait ce halo de lumière » explique le photographe qui n’a pas son pareil pour jouer avec les ombres, les étirant parfois jusqu’à leur donner des allures de guerriers Massaï. Le résultat est tout aussi bluffant qu’enivrant. Les sportifs insufflent à ces images une force incroyable, qui parfois nous déconcertent. Une émotion brute comme ces traileurs au milieu des champs de colza en fleurs, ces cyclistes sur vélodrome ou en pleine nature, cette nageuse plongeant au-dessus de l’eau, ou encore ces bunkers aux formes étonnantes révélées depuis les airs. Ici ou là, de petites citations, issus de sportifs célèbres (Renaud Lavillenie, Christ Evert, Mohamed Ali…) ou pas, permettent de reprendre notre souffle.

Une vision graphique et esthétique

Dans l’avant-propos du livre, Yann Arthus-Bertrand, auteur de « La Terre vue du ciel », salue le travail d’Edouard Salmon qui a bien compris que par le prisme de la photographie aérienne, on peut « proposer un autre regard en présentant l’univers du sport dans le paysage, et non pas isolé de son environnement ». Une « vision graphique » que le pilote de drone vendéen va bien sûr continuer de travailler. Et toujours plus nous sensibiliser à la beauté du monde qui nous environne.

« Le sport vu du ciel » se destine aussi bien aux passionnés de photo qu’aux amateurs de sport. Un « bel objet » qui trouvera facilement sa place dans une bibliothèque ou sur une table basse. Convaincu « qu’une photo ne se regarde pas sur un écran de téléphone », Edouard Salmon aime à se dire que des personnes pourront régulièrement feuilletonner son livre, s’arrêter sur un cliché, revenir sur certains détails qu’ils n’avaient pas remarqué auparavant. Bref laisser l’émotion s’installer et la magie opérer.

« Le sport vu du ciel »

Par Edouard Salmon

Aux Editions Amphora

Sortie le 26 octobre 2023

228 pages – 49,95 euros