Lucas Dauge : Malgré le diabète, des rêves de Grand Tour
Coureur talentueux originaire de Châteauroux-les-Alpes (Hautes-Alpes), Lucas Dauge est membre de l’équipe américaine Novo Nordisk. Malgré un diabète de type 1, le jeune pro ne désespère pas de courir un jour un Grand Tour. Une leçon de vie à lui tout seul.
« Le Tour de France, dès qu’il passait dans le coin, j’allais le voir ». Natif de Châteauroux-les-Alpes près d’Embrun, Lucas Dauge a très vite nourri des rêves de coureur cycliste. « L’ambiance de la course, la caravane publicitaire, le maillot à pois, je me souviens notamment de Richard Virenque, tout cela me fascinait » explique le jeune homme aujourd’hui âgé de 27 ans.
À l’âge de 13 ans, il s’inscrit à l’UCPG, un club cycliste basé à Gap. Alors qu’il progresse et montre de très belles aptitudes pour la discipline, il est diagnostiqué diabétique de type 1 en 2015, « une maladie auto-immune » occasionnant fatigue et perte de poids. Un coup de frein mais pas un coup d’arrêt dans sa quête de devenir pro.
Un petit appareil pour mesurer son taux de glucose même en course
Après Gap, Lucas Dauge, également passionné de ski, rejoint Aix-en-Provence, dans un club davantage en phase avec ses ambitions. Il apprend aussi à composer avec sa maladie. « Il faut en permanence surveiller sa glycémie, ingérer du sucre si elle baisse et s’injecter de l’insuline si elle est haute » résume-t-il. Un capteur placé sur son avant-bras lui permet à l’aide d’un petit appareil de mesurer son taux de glucose en temps réel. L’obligeant parfois à se faire des injections d’insuline en pleine course.
Ayant appris à se gérer, Lucas et son profil de grimpeur accumule de bons résultats en compétition. Lors de recherches sur Internet, il apprend l’existence de l’équipe américaine Novo Nordisk, elle-même managée par une personne diabétique. Ni une ni deux, il rentre en contact avec la direction du Team. L’été 2017, il est convié à faire un stage à Atlanta, camp de base de l’équipe qui évolue en UCI Pro Team (le 2ème échelon international après l’UCI World Tour).
C’est donc dans le fief de Coca-Cola – cela ne s’invente pas – qu’il convainc ses employeurs de l’embaucher. « Oui Coca, on ne l’aura pas comme sponsor » dit-il en souriant. Car il faut préciser que l’équipe Novo Nordisk est composée exclusivement de coureurs diabétiques de type 1. Parmi eux un jeune tchèque, Matyáš Kopecky, au talent particulièrement prometteur puisqu’il enregistre déjà plusieurs places de Top 10 sur des courses de renom.
« Leader, cela ne m’attire pas forcément, équipier, c’est déjà très bien »
Lucas Dauge, lui, ne cherche pas forcément la gloire, simplement de bien vivre de son métier, ce qu’il parvient à faire. Mais non sans casse, une fracture tibia-péroné à l’entrainement en 2021, une clavicule cassée plus récemment sur une course en Roumanie. « Leader, cela ne m’attire pas forcément, équipier, c’est déjà très bien » déclare-t-il. L’objectif pour l’équipe (20 coureurs, 9 nationalités, 3 Français) est d’accumuler des points UCI pour un jour pouvoir rejoindre l’élite, l’UCI World Tour. « Disputer le Tour de France, ce sera peut-être difficile, courir un Giro ou une Vuelta, c’est un objectif » concède le jeune pro qui constate « de plus en plus de pression et de nervosité au sein des pelotons ».
« J’ai du mal à me passer de mes montagnes »
Alors qu’il n’était pas rassuré en prenant l’avion, Lucas Dauge se retrouve à parcourir le monde, l’Amérique du Nord, l’Afrique, la Chine… Après avoir disputé le Tour de Slovaquie au cours duquel s’est notamment illustré le champion français Julian Alaphilippe, puis à l’issue d’un stage en Italie, le coureur du Team Novo Nordisk s’apprête à courir le Tour du Hainan au sud de la Chine, du 27 au 31 août. Une épreuve bien loin de ses routes d’entrainement et de ses montagnes, « j’avoue, j’ai du mal à m’en passer » lui qui adore « faire le tout du lac de Serre-Ponçon » ou « gravir le col de l’Izoard » au nord-ouest du massif du Queyras.
Un exemple à suivre
Dans sa quatrième année sous le maillot de l’équipe Novo Nordisk, Lucas Dauge montre la voie. Persévérer, se surpasser et ne jamais lâcher pourrait être son mantra. « Il faut croire en ses rêves » assure le Chateauroussin qui démontre qu’à travers son parcours, « on peut être compétitif et courir avec les meilleurs au monde malgré le diabète ». Oui assurément un exemple à suivre.