Marathon pour Tous : « L’un des trucs les plus forts que j’ai vécu dans ma vie »
Un peu plus d’un mois après avoir disputé le Marathon pour Tous, notre confrère Bruno Cammalleri (Sportsmarketing.fr) que nous avons suivi dans sa préparation revient sur cette extraordinaire aventure, au-delà même de ce qu’il avait pu imaginer. Avec l’accompagnement du Team Orange Running, « une vie en condensé sur 42,195 km » faite de moments d’exaltation, de joies et de souffrances.
Chaque soir, il s’endormait avec la vidéo du parcours. Et puis le grand jour est arrivé. En ce samedi 10 août, Bruno Cammalleri s’est levé à 13h00 histoire d’emmagasiner un maximum d’énergie pour son départ programmé à 22h10 depuis l’Hôtel de Ville de Paris.
« La foule, l’ambiance, c’était ouf »
Chez lui, à la télévision, il voit les Bleus triompher face à la Pologne en finale du volley. Puis ce sont les filles au hand qui décrochent la médaille d’argent face à la Norvège. Après une petite collation vers 18h00, il quitte son domicile deux heures plus tard pour rejoindre tranquilou son aire de départ. « Il faisait beau, la foule était déjà présente, l’ambiance incroyable, c’était ouf » raconte celui qui allait s’engager sur son premier marathon. Exactement sur le même parcours que les professionnels de la discipline olympique, les hommes ayant d’ailleurs couru le matin même.
Se considérant chanceux d’avoir obtenu un dossard, Bruno Cammalleri n’est pas du tout dans une quête de performance, « c’était le cadet de mes soucis ». Non, lui ce qu’il veut, c’est « se construire des souvenirs pour la vie ». Et le moins qu’on puisse dire c’est que le résultat est à la hauteur de ses ambitions.
« Sans eux, je ne serai peut-être pas allé jusqu’au bout »
La première image qu’il retient, c’est toute cette foule massée derrière les barrières. « Elle nous a vraiment porté, malgré l’horaire tardif. Je voudrais d’ailleurs remercier tous ces passionnés qui nous ont soutenu. Sans eux, je ne serai peut-être pas allé jusqu’au bout ».
« Lorsque les sas se sont ouverts, le départ a été extrêmement puissant » concède Bruno Cammalleri qui se revoit « au milieu de la chaussée avec tous ces gens qui tapaient sur les barrières pour nous encourager ». Au kilomètre 2, au niveau de la rue du 4-Septembre où il travaille au quotidien, il se permet de faire une petite vidéo qu’il adresse à ses collègues. Il ressort son smartphone un peu plus loin à hauteur de l’Opéra. Il est impressionné par ce torrent de supporteurs en bord de route, « certains scandent même mon prénom inscrit sur le dossard ». Place Vendôme, cette foule demeure toujours aussi compacte. Puis, avant de fouler les quais de Seine, c’est la vue sur la vasque olympique aux abords du jardin des Tuileries. « Waouh. Waouh » s’enthousiasme Bruno qui n’a plus de mots pour décrire ce qu’il ressent.
« C’est l’un des trucs les plus forts que j’ai vécu dans ma vie et que j’aurais sans doute vécu dans ma vie » s’enflamme le sémillant trentenaire. « Nous sommes des athlètes amateurs et nous vivons un truc d’athlètes pro au coefficient olympique. Tout cela à domicile, qu’est-ce que tu veux de plus » justifie-t-il.
Un « sacré morceau qui a duré 05h50 »
« Je n’ai que 34 ans, mais j’ai l’impression d’avoir vécu une vie en condensé sur 42,195 km » résume le marseillais d’origine. Et d’expliquer qu’à travers ce « sacré morceau qui a duré 05h50 », il est passé par « tous les états émotionnels possibles, de bas à très bas, et de haut à très haut ». Surtout qu’il a effectué une préparation minimaliste sur la distance reine. « Je suis conscient qu’un marathon c’est normalement deux ans de préparation à raison de trois séances par semaine, j’étais loin de ça » avoue celui qui avait tout au plus dans les jambes les 20 kilomètres d’un Marseille-Cassis couru l’an dernier. « Heureusement, dit-il, j’ai eu la chance d’être membre de la Team Orange Running qui nous a accompagné et permis de « faire des runs de préparation et de reconnaissance, cela m’a beaucoup apporté ».
« Un moment chaud » à la mi-course
Malgré la difficulté, l’idée de l’abandon lui effleure à peine l’esprit. « Il était hors de question que je rentre à la maison avec des regrets qui m’auraient poursuivi pendant des jours et des semaines » relate Bruno Cammalleri. Cependant avant la mi-course, il connait « un moment chaud », une douleur qui lui tétanise le haut de la cuisse gauche, et qui le « déstabilise ». « J’avais couru sans m’arrêter du départ au 17ème kilomètre, et là je me suis demandé comment j’allais terminer. Il était peut-être 1 heure du matin, nous étions dans cette longue montée vers Versailles, la température avait baissé et il n’y avait plus cette foule compacte pour nous encourager » relate Bruno.
« Je me suis arrêté et je me suis calmé » confesse le marathonien en herbe. « J’ai regardé autour de moi et j’ai vu que je n’étais pas le seul en galère. Ce n’était donc pas moi le problème, et quelque part cela m’a rassuré et évité de paniquer » complète Bruno Cammalleri pas peu fier d’avoir réussi à « maitriser réussi son mental ». Le mental justement, « cette petite clé qui peut ouvrir de grandes portes ». Comme celle d’être finisher sur le Marathon pour Tous.
« Je n’en peux plus des bananes »
Il franchit cette « borne psychologique de la mi-course », se dit qu’il lui reste « de la marge » pour faire une deuxième partie de course à sa main. Ou plutôt à ses pieds. Mais tout n’est pas si simple. « Du 21ème au 30ème, je prends les kilomètres les uns après les autres. Je marche beaucoup et chaque kilomètre franchi est une victoire » affirme Bruno qui « dans la nuit profonde » ne « parvient plus à se projeter ». « Je vois des gens qui sont vraiment dans le dur. J’en vois même vomir, faire de petits malaises… Au niveau des ravitos, les toilettes sont dégueulasses et l’eau froide commence à faire mal à l’estomac. Je n’en peux plus des bananes » déclare-t-il.
Il se fait dépasser mais rattrape ces mêmes concurrents quelques kilomètres plus tard. Cette fois, « ce sont eux qui sont dans le rouge ». « La dynamique collective s’enclenche », essentielle pour dompter la fameuse Côte des Gardes à Meudon. Un long tunnel musical et lumineux donne du réconfort aux participants. « Grâce au run de repérage d’Orange, j’avais appréhendé cette difficulté sur le parcours, elle ne m’a pas fait peur du tout » souligne Bruno.
« Je fais un nouveau calcul dans ma tête »
Vient ensuite la descente et le retour sur Paris. Il ne reste plus que 10 kilomètres. « Je fais un nouveau calcul dans ma tête et me dis qu’il me reste 1h30 pour les boucler (Ndlr : la barrière horaire pour terminer sur le marathon est de six heures) » explique encore Bruno qui tout « en serrant les dents » comprend à ce moment-là que c’est gagné. Une forme de relâchement apparait. Le primo-marathonien donne alors ses « vibes à un mec qui n’en pouvait plus ».
Vers 3 heures du matin, Bruno Cammalleri passe devant le siège d’Orange et s’engouffre dans le tunnel André Citroën. La folie est de retour, « c’est absolument dingue ce qu’on vit ». La Tour Eiffel est là. La douleur à la cuisse aussi mais elle est « différente », moins tenace. L’arrivée est proche. Bruno passe devant son domicile. Comme un symbole. Dernier ravitaillement. Il en a plus que marre des bananes et des morceaux de sucre, mais il continue de s’alimenter « pour tenir ».
« Je prends mon temps sur les 100 derniers mètres »
Boulevard des Invalides, le dernier virage arrive. « Je savoure, je prends mon temps sur les 100 derniers mètres. Je fais même une petite vidéo » souligne Bruno. Parti à 22h10, il franchit la ligne à 4 heures du matin. Avant de s’asseoir et de goûter à l’instant présent. Un rêve s’est réalisé. Il profite ensuite de l’espace Hospitalités d’Orange. D’un massage salvateur. Il y croise aussi Claude-Henri Duriez, responsable Sponsoring de la marque de téléphonie partenaire des JOP, qui l’a lancé dans cette formidable aventure.
« En tant que journaliste, j’ai assisté à la soirée d’inauguration du Team Orange Running. C’était en septembre 2021 au Palais de Tokyo. Je n’imaginais pas à cette époque qu’Orange me proposerait de courir ma première course entre Marseille et Cassis, et qu’ensuite je pourrais décrocher un dossard pour participer au Marathon pour Tous. Un grand merci à eux » déclare Bruno Cammalleri qui, après voir été acteur de cette épreuve de légende, est rentré tranquillement chez lui pour s’endormir vers 8 heures du matin. Des images et des souvenirs pour la vie. Finisher un jour, finisher toujours.
*Bruno Cammalleri va continuer de « vivre l’aventure des courses » en s’alignant sur la 46ème édition des Vredestein 20 km de Paris le dimanche 13 octobre, et le 10 km Hoka Paris Centre le dimanche 17 novembre.