D’Olympie à Saint-Etienne, si loin, si proche !
Jusqu’au 24 novembre prochain, le Musée d’Art et d’Industrie de Saint-Etienne accueille l’exposition « D’Olympie à Saint-Etienne, sports en jeu ». Alors que la ville « de l’arme, du cycle et du ruban » recevra dans son mythique stade de Geoffroy-Guichard six matches de football dans le cadre des Jeux Olympiques, Saint-Etienne démontre qu’elle est une vraie ville de sports marquée par son environnement naturel et son activité industrielle.
Si Saint-Etienne se situe à quelque 2 000 kilomètres d’Olympie, la ville du Forez n’est jamais qu’à trois heures de train de Paris. Un temps de trajet tout à fait acceptable pour venir le temps d’une journée, d’un week-end ou plus, visiter le chef-lieu du département de la Loire, et donc parcourir cette exposition « D’Olympie à Saint-Etienne, sports en jeu ». Un beau voyage où sport et culture dialoguent ensemble.
Environ 400 objets présentés
Orchestrée par son Commissaire général Sylvain Bois, l’exposition prend pour point de départ les Jeux de la Grèce antique, puis aborde la rénovation des Jeux par le baron Pierre de Coubertin en 1896 à Athènes, montre ensuite l’essor et la démocratisation des sports modernes venus notamment de Grande-Bretagne, pour enfin faire la part belle à Saint-Etienne et sa région, terre d’innovation et de champions.
Dans différentes salles, toutes situées au même étage du Musée d’Art et d’Industrie, environ 400 objets sont présentés. « C’est une exposition qui s’adresse à tous, sportifs et non sportifs. On parle de sport mais aussi de sport loisir et de sport santé » résume Sylvain Bois. L’expo s’appuie sur un fonds d’objets de collection, photographies ou documents patrimoniaux rares sélectionnés dans les collections du musée et d’œuvres empruntées à des institutions muséales ou collectionneurs privés.
Des statues et des amphores évoquent les Jeux anciens
Consacrée aux Jeux panhelléniques ou antiques, la première salle plonge tout de suite le visiteur dans l’ambiance olympique avec de magnifiques répliques du Discobole du sculpteur Myron et du Diadumène de Polyclète. Faisant la fierté de Sylvain Bois, deux belles amphores, qui contenaient naguère l’huile d’olive offerte en récompense aux vainqueurs des Jeux panathénaïques, sont également présentées. Prenant tout un pan de mur, une carte colorée nous rappelle aussi quels étaient les quatre grands concours panhelléniques : les Jeux Pythiques à Delphes (582 avec J.C), les Jeux Isthmiques à Corinthe (589 avant J.C), les Jeux Néméens à Némée (573 avant J.C), et donc les Jeux Olympiques à Olympe (776 avant notre ère). C’est toujours bien de se resituer dans le temps.
L’influence des Britanniques
D’Olympie on arrive vite à Saint-Etienne en passant par Pierre de Coubertin qui relance les Jeux Olympiques à la fin du XIXème siècle. Mais « ces Jeux ne démocratisent pas la pratique sportive qui reste à cette époque très élitiste » comme l’explique Marie-Caroline Janand, directrice du pôle muséal de la ville de Saint-Etienne. Interdits aux femmes aussi. Bien qu’imposant le principe de l’amateurisme qui perdurera jusqu’aux années 80, le baron ouvre les Jeux à de nouvelles disciplines prônés par l’aristocratie anglaise (cricket, lawn-tennis…).
Indépendamment des joutes olympiques, cette expo montre très bien comment jusqu’à la fin du XIXème siècle la haute-société britannique influence sur le développement de sports dits modernes (rugby, football…) qui seront ensuite pratiqués par tous en Europe.
Saint-Etienne, capitale du cycle
Et Saint-Etienne dans tout ça ? Par-delà cette exposition, c’est l’opportunité pour la ville de mettre en avant ses équipements, ses champions et sa contribution au rayonnement du sport français. Avec en majesté de beaux espaces consacrés au cycle. Parce que oui c’est à Saint-Etienne qu’a été inventée la première bicyclette française en 1886. Le musée se targue d’ailleurs de posséder la plus importante collection publique de cycles en France, plus de 400.
Le vélo de Jeannie Longo
Sur « D’Olympie à Saint-Etienne », on peut voir quelques belles pièces, aussi rares qu’uniques, qui ont participé à l’histoire du cyclisme. Citons par exemple le vélo de piste de Roger Rivière ou le vélo de piste de Jeannie Longo avec lequel elle a battu le record de l’heure féminin à Mexico en 1989 (49,352 km parcourus). Ou encore la tenue vestimentaire de sa coéquipière Marielle Garde (voir ici) (non) portée lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984. Une mention particulière aussi pour les nombreuses affiches de courses et affiches publicitaires qui attirent le regard et vantent les succès des entreprises stéphanoises Automoto, Mercier, Ravat, Wonder ou Vitus. C’est très visuel et ça fourmille de détails que les initiés apprécieront.
Sainté, ville minière et ville pionnière
Souvent associée à Manufrance (Manufacture française d’armes et cycles de Saint-Étienne), la ville a beaucoup œuvré pour la pratique et la démocratisation des sports. C’est notamment l’histoire du premier terrain privé de course de vélocipèdes, des pistes relevées du vélodrome d’hiver, des premiers stades de football, de rugby, les piscines aménagées par les grandes entreprises du territoire ou les Houillères de la Loire. Diverses innovations techniques et culturelles qui rappellent dans le même temps le passé industriel de Saint-Etienne nous sont ici contées.
Un espace interactif pour les petits et les grands
En fin de visite, un espace interactif est consacré à l’expérimentation. Epreuves de force, d’équilibre et de souplesse, le visiteur est encouragé à tester et évaluer sa forme physique grâce aux appareils du laboratoire Interuniversitaire de Biologie de la Motricité des Universités de Saint-Etienne Lyon 1 et Savoie Mont Blanc. Il est également possible de s’essayer au torball, sorte de tir au but pratiqué par les déficients visuels basé sur l’écoute à l’aide de ficelles sonores.
Quand on pense à Saint-Etienne, on pense aussi bien sûr à son célèbre club de foot qui est également évoqué dans l’expo. D’autant plus que le mythique stade de Geoffroy-Guichard, « le chaudron » (voir ici), va accueillir à partir du 24 juillet six matches de football (trois chez les hommes, trois chez les femmes) lors des Jeux Olympiques.
La Flamme dans la ville et six matches dans le « chaudron »
Toujours à propos d’olympisme, Frédéric Durand, adjoint au maire de Saint-Etienne, et Conseiller Métropolitain Délégué aux Grands Evénements, a précisé que l’acier de la torche olympique a été fondu à Châteauneuf (par l’intermédiaire de l’entreprise Industeel Châteauneuf, filiale du groupe Arcelor Mittal), à seulement 30 km de Saint-Etienne. Un autre motif de fierté. Cette Flamme olympique, les stéphanois pourront la voir dans leur ville le 22 juin prochain.
Avec l’exposition « D’Olympie à Saint-Etienne, sports en jeu », « nous espérons attirer 25 000 visiteurs, dont 30% en dehors de la métropole » indique Marie-Caroline Janand. Vous pouvez profiter de votre venue pour également aller faire un tour au « Musée des Verts » qui retrace l’histoire du club de foot de l’AS Saint-Etienne. Las passionnés du ballon rond ne seront pas déçus.
Davantage de renseignements ici.
D’Olympie à Saint-Etienne, sports en chiffres
- 400 objets mis en valeur dans l’exposition.
- 50 prêteurs.
- 96 sportifs ligériens (du département de la Loire) aux JO entre 1920 et 2020.
- 2 médailles d’or pour l’haltérophile Louis Hostin.
- Après 1967 et 1992, troisième passage de la Flamme olympique dans la ville.
- 3 pôles France de haut niveau : gymnastique, course d’orientation, cyclisme.
- 1 site olympique (le stade Geoffroy-Guichard).
- 4 sites d’entrainement labellisés Centre d’entrainement olympique Paris 2024.
- 189 équipements sportifs de plein air.
- 43 équipements sportifs couverts.