« Un enfant qui ne bouge pas sera un adulte sédentaire »
Intervenant aux côtés de Tony Estanguet lors de son audition au Sénat, Marie Barsacq, directrice exécutive et directrice « Impact et Héritage » au sein du Comité d’Organisation de Paris 2024, s’est exprimée sur dispositif « 30 minutes d’activité physique par jour » au sein des écoles.
Basé sur le volontariat, « ce dispositif a été pensé pour qu’il n’engendre pas de dépenses supplémentaires. Des contenus pédagogiques clés en main sous forme de fiches thématiques (apprendre à sauter, courir, danser…) sont adressés aux professeurs des écoles afin que ces derniers puissent permettre aux enfants de se dépenser de façon simple et ludique » résume Tony Estanguet, président de Paris 2024, lors de son intervention au Sénat. Porté par le ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, en collaboration avec le COJOP (Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques) Paris 2024, l’initiative lancée fin 2020 n’en est qu’à ses débuts.
« On sucre trop souvent l’EPS »
« Il y a aujourd’hui 1 100 écoles en France qui expérimentent le dispositif » affirme Marie Barsacq qui précise que ces « 30 minutes d’activité physique et sportive sont complémentaires des heures d’EPS (Ndlr : Education Physique et Sportive) ». Des heures d’EPS, normalement 3 heures par semaine, qui ne sont pas toujours appliquées selon l’établissement où l’on se situe. « Il y a le lire, écrire, compter, et quand on manque de temps on sucre souvent l’EPS » déplore la responsable. Et pourtant, comme l’a rappelé le professeur François Carré, lors de son audition au Sénat le 20 janvier dernier, « Les enseignants l’ignorent mais on apprend mieux à lire, écrire et compter lorsqu’on fait de l’activité physique ». « L’activité physique quotidienne favorise la concentration des élèves. Elle engendre également un climat de classe plus serein, plus apaisé ce qui facilite un meilleur enseignement » complète la directrice « Impact et Héritage ».
Les études actuelles ne sont guère enthousiasmantes. Bien au contraire. « Un enfant sur cinq est en situation d’obésité avant son entrée en 6ème, c’est grave » constate Marie Barsacq car plus tard, « ce sont des adultes qui évolueront avec de lourdes pathologies qui pèseront sur les finances de la société ». La responsable en est convaincue, « tout se joue entre 6 et 11 ans, ce sont les médecins qui le disent » et « un enfant qui ne bouge pas sera un adulte sédentaire ». Pour s’exercer, l’activité physique quotidienne peut s’appuyer sur l’environnement existant. Une tenue sportive n’est pas nécessaire. La cour d’école, les locaux scolaires et les abords de l’école sont utilisés en priorité. A noter que dans les trois ans des tests d’évaluation seront mis en place auprès des élèves de 6ème, ce qui permettra de « mesurer l’impact positif du sport sur leur santé ».
Des personnalités du sport pour faire la promotion du dispositif
Comme l’explique la directrice exécutive de Paris 2024, « les 30 minutes d’activité physique constituent un marchepied vers davantage de sport dans le quotidien des enfants » avant d’ajouter que c’est également un tremplin pour que « ces enfants aillent vers les clubs ». Paris 2024 est actuellement en discussion avec des personnalités du sport qui pourraient jouer le rôle d’ambassadeur, tant auprès des plus jeunes que des enseignants, pour les convaincre du bien-fondé du sport dans notre société. Via ce dispositif, « nous voulons aussi que les enfants jouent un rôle de prescripteur auprès de leurs parents et les convainquent de la nécessité d’être actif » conclut Marie Barsacq.
Pour Michel Savin, sénateur de l’Isère, présent au moment des débats, « le sport doit retrouver une vraie place dans notre société, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui ». « La France n’est pas une nation sportive » déplore l’élu qui remarque que « beaucoup d’enseignants n’ont même pas eu connaissance de l’opération 30 minutes ». Déjà englué dans la gestion de la crise sanitaire, le ministère de l’Education nationale a encore beaucoup de travail sur la planche.