Stuttgart : l’Euro de football, tremplin pour la fête et la découverte
Stuttgart est l’une des dix villes hôtes du prochain championnat d’Europe de football qui débute le 14 juin prochain. Une ville festive, verte et dynamique dont la topographie s’apparente à celle… d’un stade, cela ne s’invente pas. Mais que l’on soit fan de foot ou pas, la capitale du Land Bade-Wurtemberg mérite que l’on s’y arrête. Qu’on y vienne un peu capter de son énergie et de son romantisme, déambuler dans ses différents quartiers et également profiter de son extraordinaire pôle muséal avec entre autres les vitrines Porsche et Mercedes.
C’est souvent à la gare que tout commence. Celle de Stuttgart n’est seulement située qu’à un peu plus de trois heures de Paris Gare de l’Est. Aussi simple que pratique si l’on ne se déplace pas en voiture. Une fois arrivé, le réseau de transports en commun (métro U-Bahn, trains S-Bahn, bus) permet de se déplacer facilement.
La gare centrale de Stuttgart est déjà une curiosité en soi. Classée monument historique, elle est actuellement en proie à d’importants travaux. « Cela fait 23 ans que cela dure. Ils doivent normalement se terminer en 2026. L’idée est de construire une gare de passage sous la gare existante » résume Anja Samson, guide dans la ville.
Depuis la gare, vue directe sur les vignobles
Une ville d’aujourd’hui 610 000 habitants (2,5 millions avec les 179 communes environnantes) qui au départ s’est construite sur l’agriculture et les vignobles avant de prospérer avec l’industrialisation. « Il y a 440 hectares de vignobles en centre-ville, nous sommes la première ville au monde derrière Vienne à en avoir autant » proclame avec fierté Anja Samson. D’ailleurs, au sortir de la gare, on est en prise de vue directe avec des parcelles de vigne. Une vue aussi réjouissante qu’insolite qui met tout de suite du baume au cœur et de bonne humeur. « Stuttgart est toujours restée une ville très verte, avec l’air et l’oxygène des forêts qui descendent en centre-ville » précise la guide.
Ville nature, Stuttgart s’apprête donc à accueillir cinq matches de l’Euro à compter du 14 juin prochain. Une belle opportunité pour la métropole de revêtir ses habits de fête et de montrer ses multiples attraits touristiques et culturels. Pas moins de quatre fans zones seront implantées en cœur de ville. « Au global, ce sera la plus grande fan zone en Allemagne » indique Andrea Gehrlach, directrice marketing à l’Office de Tourisme (voir ci-dessous), qui espère accueillir 800 000 visiteurs durant le mois de compétition. Et la responsable de souhaiter la « bienvenue aux supporteurs français ».
Rencontres, fêtes et Histoire sur la Schlossplatz
Les écrans géants, 144 m2 pour le plus grand, seront situés sur la Schlossplatz (la place du château). C’est l’un des lieux incontournables lorsqu’on séjourne à Stuttgart. Parce que cette vaste oasis de verdure ornée de sculptures et de fontaines est encadrée par quelques-uns des plus beaux bâtiments historiques de la ville : le Vieux château de style Renaissance, le Nouveau château de style baroque, l’imposant Königsbau de style néoclassique…
Pour profiter d’une belle vue, il faut monter au sommet du Kunstmuseum, un spectaculaire cube de verre haut de 27 mètres qui contraste – surtout la nuit – avec les autres édifices historiques sur la place Château. Ce bâtiment intègre le musée des Beaux-Arts qui comprend la plus belle collection au monde d’œuvres du peintre expressionniste Otto Dix.
De la Schlossplatz, il est facile de découvrir à pied les principaux attraits de la cité. D’arpenter ses rues piétonnes et de faire du shopping. De prendre un verre dans l’un des nombreux cafés ou restaurants ou de profiter d’un coin de pelouse hospitalier. La Schlossplatz est le cœur battant de Stuttgart, le lieu des grandes festivités annuelles. L’Euro de football en sera l’une de ses plus belles démonstrations. L’accès aux pelouses sera gratuit et jusqu’à 30 000 personnes pourront s’y rassembler pour suivre les matches.
Quatre fans zones comme autant de lieux de célébration
Trois autres fans zones seront installées dans la ville, toutes proches les unes des autres et accessibles à pied. Sur Schillerplatz, des coins fooding permettront de se restaurer. Sur Karlplatz, on pourra assister à des concerts, des shows de danse… Enfin sur Markplatz sera une zone active, plutôt dédiée aux familles, où l’on pourra notamment s’initier à différents sports. « Nous avons l’habitude de faire de grandes fêtes. Par exemple lorsque nous avons reçu la Coupe du Monde de football en 2006, chaque habitant garde au-moins un souvenir de cet évènement qui s’est très bien passé » résume Anja Samson.
Passionné et passionnant, festif et joyeux, le football est parfois coloré de romantisme. Sur ce terrain, la capitale du Bade-Wurtemberg a des arguments à faire valoir. Il suffit pour cela de prendre un peu de hauteur, se diriger sur le mont Wurtemberg et se retrouver au milieu des vignes. La vue panoramique sur la vallée du Neckar est superbe. On aperçoit notamment la MHPArena (précédemment Mercedes-Benz Arena), le stade et son architecture si particulière qui va accueillir les matches de l’Euro (voir ci-dessous).
« L’amour ne s’éteint jamais » sur le mont Wurtemberg
C’est sur le mont Wurtemberg qu’a été construite au début des années 1820 la chapelle funéraire (Sepulchral Chapel ou Grabkapelle) abritant la dépouille de la reine Katharina Pavlovna décédée prématurément. Inconsolable, le roi Guillaume 1er de Wurtemberg fit construire ce monument en guise de preuve d’amour éternel envers sa jeune épouse. L’inscription « l’amour ne s’éteint jamais » est d’ailleurs apposée sur la façade de la chapelle. Isolé, au milieu des vignes avec cette vue imprenable, ce chef d’œuvre de l’art classique est souvent considéré comme le plus romantique du Land. Et c’est vrai qu’il s’y dégage une atmosphère très spéciale.
Dans ce paysage viticole, il est possible de déguster les vins authentiques de la ville. Tout en déambulant verre à la main dans les sentiers et les ceps de vigne, un(e) sommelier(e) vous initie à la culture du raisin et aux différents crus produits dans la région. Une escapade enivrante avant de goûter quelques spécialités locales au 1819 Bistro (1819 car c’est l’année du décès de la reine Catherine Pavlovna de Russie) comme les Maultaschen, des ravioles de forme rectangulaire farcies à la viande. Un met traditionnel de la région de Souabe dans le Bade-Wurtemberg.
La tour de télévision Fernsehturm, fierté de tout un peuple et repère permanent
Autre incontournable et symbole de Stuttgart, la tour de télévision Fernsehturm, un repère permanent lorsqu’on se balade dans la ville. Construite en 1956, cette aiguille de béton culminant à 217 mètres est la première du genre, une véritable fierté régionale qui sera par la suite copiée dans de nombreuses villes du monde entier.
Sur son pont d’observation, à l’air libre, on jouit d’une vue à 360° sur la ville et ses environs, les collines boisées, les vignobles de la vallée du Neckar, et même des perspectives qui ouvrent jusqu’à la Forêt-Noire et les Alpes souabes. À l’étage inférieur, un restaurant et un café permet de profiter de la vue… au chaud.
Le berceau de l’automobile
Enfin tout séjour à Stuttgart, surtout si l’on est amateur de sport et d’automobile, s’accommode de la visite des magnifiques musées Mercedes-Benz et Porsche, lesquels retracent l’histoire des deux célèbres entreprises (voir ci-dessous). Quasiment un passage obligé. Stuttgart est en effet considérée comme la ville berceau de l’automobile. Un chiffre témoigne à lui seul de l’importance de Mercedes. 170 000 personnes – sur une population de 610 000 habitants – travaillent pour le compte du premier employeur de la ville.
« Les occasions de faire la fête sont nombreuses »
« Stuttgart est une ville agréable, non stressante où il y a toujours quelque chose à faire. Les occasions de faire la fête sont nombreuses » indique Anja Samson qui met en avant le Frühlingfest, le festival du Printemps au parc des Expositions de Cannstatter Wasen. Une institution dans cette partie de l’Allemagne où l’on peut profiter d’une gigantesque fête foraine et déguster de bonnes bières – la Dinkelacker par exemple – sous des tentes ad hoc. Ambiance garantie apparemment.
Alors oui l’Euro est une belle opportunité pour venir découvrir la sixième ville d’Allemagne, mais cette compétition doit aussi se prendre comme une invitation à découvrir toutes les autres facettes du Stuttgart. Et croyez-moi, elles sont nombreuses.
Trois questions à Andrea Gehrlach, directrice marketing à l’Office de Tourisme
« Nous voulons montrer le meilleur de Stuttgart à travers l’Euro »
Pouvez-vous nous décliner quelques bonnes raisons d’effectuer un séjour à Stuttgart ?
D’abord c’est une grande ville qui peut se visiter à pied, et il est très facile d’être au calme en venant à Stuttgart. C’est un peu une ville à la campagne. Ensuite si l’on veut en connaitre davantage sur l’histoire de l’automobile, c’est ici qu’il faut venir. Car Mercedes-Benz et Porsche y ont implanté leur siège et leur musée. Et puis nous sommes bien présents sur la scène gastronomique avec notamment la cuisine souabe. Nous avons 9 restaurants étoilés au Michelin, 25 dans la région.
En fait nous voulons toujours proposer le meilleur, c’est dans notre ADN. Quelle que soit la prestation, nous avons toujours eu le souci de la haute qualité.
Quelle est la fréquentation touristique de la destination ?
En 2019, nous avons enregistré 4 millions de nuitées, ce qui représente environ 2 millions de touristes. L’an dernier, nous sommes quasiment revenus à ce niveau de fréquentation.
Concernant le marché français, il progresse bien puisque de presque 38 000 visiteurs en 2019 (61 602 nuitées), nous sommes passés à plus de 41 000 visiteurs en 2023 (plus de 71 000 nuitées). Derrière les Etats-Unis et la Suisse, la France, devant la Grande-Bretagne, constitue notre troisième marché en termes de nuitées. Il est si facile de venir à Stuttgart depuis Paris avec le TGV, tout juste un peu plus de trois heures.
Avec de beaux évènements au programme, notamment l’Euro, on espère augmenter la fréquentation de 5% cette année.
Justement l’Euro, qu’est-ce que cela représente pour une ville comme Stuttgart ?
Tout d’abord il faut savoir que Stuttgart entourée par les vignobles et les collines est située dans une vallée. Sa topographie fait d’ailleurs penser à celle d’un stade. Tout un symbole. D’où notre devise « The whole city a stadium » à l’occasion de l’Euro de football. Nous avons d’ailleurs édité des dépliants d’information à destination de nos visiteurs à cette occasion.
Cinq matches se dérouleront à la MHPArena (anciennement Mercedes-Benz Arena). Tout est déjà complet. Cela représente déjà 300 000 spectateurs. Et puis il y a tous ceux qui seront sur les quatre fans zones. Nous attendons environ 800 000 visiteurs sur l’ensemble de la compétition.
En fait nous voulons montrer le meilleur de Stuttgart à travers cet évènement. Nous allons mettre en avant notre culture et notre sens de la fête. Nous voulons célébrer l’Euro avec tout le monde. Les supporteurs français sont bien entendu les bienvenus.
Les cinq matches à la MHPArena
Le dimanche 16 juin, 18h00
Slovénie – Danemark
Le mercredi 19 juin, 18h00
Allemagne-Hongrie
Le dimanche 23 juin, 21h00
Ecosse-Hongrie
Le mercredi 26 juin, 18h00
Ukraine-Belgique
Le vendredi 5 juillet, 18h00
Quart de finale 1 (match 45)
*À défaut de pouvoir assister à un match, il est possible de visiter le stade qui abrite tout au long de l’année les exploits du VfB Stuttgart. Construit en 1933, entièrement modifié pour la Coupe du Monde 1974, cette enceinte de 60 000 places (54 000 pour l’Euro) possède une pelouse 100% naturelle. Anecdote piquante, elle abrite un commissariat de police et même une prison. Pas moins de 3 500 personnes travaillent pour la MHPArena. Lors d’une visite guidée (en anglais ou en allemand), c’est l’opportunité de découvrir toutes les coulisses de ce magnifique stade, les différentes tribunes, le bord de pelouse, les loges…
Musée Mercedes-Benz, près de 140 ans d’histoire de l’automobile
Comme un vaisseau spatial posé sur le sol, le bâtiment à l’architecture ultra design qui abrite le musée Mercedes-Benz ne laisse pas indifférent. Audio-guide en main, on file tout de suite au dernier des huit étages pour admirer les premiers modèles conçus par Gottlieb Daimler et de Carl Benz (1886 pour le tout premier).
À propos, le nom de marque Mercedes provient du prénom espagnol de la fille d’Emil Jellinek, un ingénieur et diplomate austro-hongrois passionné d’automobile, qui fit commande de plusieurs véhicules à Daimler-Motoren-Gesellschaft. Pour le remercier, la société allemande décida à compter de 1900 de nommer ses voitures Mercedes, avec notamment la Mercedes 35 HP présentée comme étant la première voiture de course de l’histoire. Rassurez-vous, documents visuels à l’appui, tout cela est expliqué, en long, en large et en travers au musée.
De façon chronologique, le visiteur descend en douceur les étages en spirale. Partant des premières voitures fin XIXème jusqu’aux modèles contemporains et futuristes, il découvre près de 140 ans d’histoire de l’automobile. Des rappels des principaux évènements historiques permettent aussi de faire un voyage dans le temps et d’avoir des points de repères.
Sur plus de 16 000 m2, quelque 160 modèles symbolisant leur époque sont exposés. Ils sont tellement rutilants que l’on pourrait croire qu’ils sortent direct des usines de fabrication juste à côté. Les espaces de présentation sont lumineux et d’une propreté incroyable. Des salles dites de « Legend » ou « Collection » exposent aussi des modèles ayant appartenu à des célébrités ou ayant marqué l’histoire. On peut notamment voir la papamobile ou le car de la Mannschaft victorieuse de la Coupe du Monde 1974.
En fin de parcours, c’est un festival de couleurs, de courbes et de lignes racées qui s’offre au regard avec les voitures de sport, Formules 1 comprises. Bref un musée où l’on passe sans problème son après-midi, et qui saura convaincre tous les passionnés d’automobile mais aussi ceux qui ne le sont pas forcément. À noter que le musée Mercedes-Benz est situé juste à côté du stade MHPArena.
Musée Porsche, écouter le bruit des moteurs
Ouvert depuis 2009, dans son fief de Zuffenhausen dans la banlieue nord de Stuttgart (très facilement accessible en transport depuis le centre), le musée Porsche n’a rien à envier à son « concurrent » Mercedes. Le bâtiment dont la structure semble flotter au-dessus du sol est lui aussi très avant-gardiste. Lui faisant face, au milieu d’un rond-point, une sculpture toute en hauteur – une vingtaine de mètres – présente trois voitures, des 911, érigées au bout de flèches en acier pointant vers le ciel.
Devant le musée, différents modèles de la gamme Porsche sont garés. Il est possible de les louer – mieux vaut réserver assez longtemps en avance – et de faire un tour. Avec prudence.
À l’intérieur, et là encore de façon chronologique, il est possible d’admirer plus de 80 voitures. Toutes aussi fascinantes les unes que les autres. Muni de son audio-guide, on reste parfois bouche bée devant les performances réalisées par de tels bolides. En outre, un mur interactif à écran tactile permet de se plonger dans l’histoire de Porsche, depuis Ferdinand le pionnier qui a fondé la société en 1931 jusqu’à aujourd’hui. Détail amusant, des compte-tours avec accélérateur permettent d’écouter différents bruits de moteurs. Assez jouissif lorsqu’on met la clé dans le contact
Un endroit où dormir
Le Waldhotel, 96 chambres dans un océan de verdure
Un havre de paix en pleine nature. Cet établissement 4* coche toutes les cases en vue d’un séjour apaisant et déstressant. À moins de 15 minutes de la gare centrale de Stuttgart, c’est un bonheur que d’entendre le chant des oiseaux dès qu’on arrive dans cette immense forêt.
Aux abords de l’hôtel, diverses installations sportives, des courts de tennis et terrains de foot à la pelouse parfaite, font le bonheur des sportifs en herbe et/ou confirmés. On comprend mieux alors pourquoi la délégation suisse et ses stars Manuel Akanji, Granit Xhaka ou Xherdan Shaqiri a choisi de séjourner au Waldhotel Stuttgart durant l’Euro.
Construit en 1920, récemment rénové, le complexe composé de deux bâtiments comprend 96 chambres dont deux suites. Il possède en outre un restaurant et un bar à l’atmosphère tamisée. Doté d’un parking gratuit, il abrite par ailleurs un spa et diverses salles de réunion à même d’accueillir jusqu’à 80 personnes. Le Waldhotel Stuttgart se situe non loin de la tour de télévision Fernsehturm.
Un endroit où manger ?
Le Dinkelacker, ici la bière est reine
Restaurant, brasserie, bistro, peu importe le terme, c’est ici une adresse de choix pour les amateurs de bonne ambiance et de cadre un peu rustique. Certes un peu à l’écart de la ville mais on mange parait-il dans cet établissement comme un vrai allemand de Stuttgart. Donc plutôt à 19h00 et bien sûr avec de la bière, la fameuse Dinkelacker brassée juste à côté. Au niveau des plats, les portions sont généreuses. L’occasion notamment de tester la spécialité locale, les Maultaschen, ces fameuses ravioles farcies à la viande. C’est très bon. Tout comme le service, souriant et attentionné. En toile de de fond, de la bonne musique, Cyndi Lauper ou Van Halen. Le Dinkelacker n’est pas forcément l’endroit le plus calme mais on est assuré d’y passer une bonne soirée.
Autres adresses intéressantes, sur les hauteurs autour de Sepulchral Chapel (Grabkapelle), le 1819 Bistro à l’atmosphère plus intimiste, ou en cœur de ville sur la place du Château l’immense Carls Brauhauss.