Vendée Globe : une arrivée à huis clos qui entraîne agacement et incompréhension
Jamais, sans doute, la course du Vendée Globe n’avait été aussi serrée avec pas moins de cinq bateaux qui, lundi, pouvaient l’emporter. Le vainqueur et ses poursuivants, maîtres du suspense, ne seront pourtant pas honorés par d’enthousiastes spectateurs, le préfet de Vendée imposant une arrivée à huis clos. Ce que déplore Yannick Moreau, maire des Sables d’Olonne qui a écrit une lettre à Emmanuel Macron.
C’est une première. Une triste première que, d’ailleurs, on ne compte plus.. L’arrivée du Vendée Globe se fera à huis clos. Président du Conseil départemental de la Vendée et de la société organisatrice (SAEM) de la course, Yves Auvinet explique « regretter » la décision de l’Etat d’organiser « les arrivées du Vendée Globe à huis clos ». Il précise : « Si la crise sanitaire imposait naturellement des conditions très strictes auxquelles nous aurions apporté notre concours, la proposition du maire des Sables d’Olonne, Yannick Moreau, qui préconisait une présence filtrée, limitée – et en déambulation – du public aurait été compatible avec la situation. Il est dommage que ce scénario n’ait pas été retenu par l’Etat ».
Malgré cette contrainte qui s’impose à l’organisation, « tout sera mis en œuvre pour rendre un hommage aux skippers à la hauteur de leur exploit, en favorisant notamment la dimension médiatique des arrivées ».
Le maire des Sables d’Olonne ne s’avoue pas vaincu et, dimanche, il a adressé un courrier à Emmanuel Macron pour faire valoir ses arguments en espérant que l’Etat puisse revenir sur sa décision.
Opportunément, l’édile rappelle déjà à Emmanuel Macron qu’il avait tenu à s’entretenir « en visio-conférence avec Kevin Escoffier et Jean Le Cam au lendemain du naufrage et du sauvetage héroïque du skipper de PRB » avant de souligner « qu’ entre les marins et les terriens, il y a un lien permanent d’attention et d’affection que nul ne peut rompre ». Ce lien, « c’est l’espérance, l’espérance de se retrouver, de voir le bateau pointer son étrave au bout du chenal, l’espérance de pouvoir l’accueillir sur le quai ou le ponton, l’espérance de pouvoir vivre pleinement ces retrouvailles ». Tout ça pour faire comprendre « qu’à la grandeur de cette aventure », la France ne peut « répondre par le silence de quais fermés au public ».
Alors, comment faire pour rimer spectateur avec clameur : « Il doit y avoir un moyen équilibré d’assurer une présence humaine et chaleureuse sur le bord du chenal pour accueillir dignement les skippers du Vendée Globe, dans le respect de notre culture maritime séculaire. Il ne s’agit évidemment pas de faire venir des spectateurs de toute la France, ce serait un contre-sens épidémiologique, mais de permettre à quelques habitants du port des Sables, filtrés et entrant dans une jauge stricte et définie, d’accueillir comme il se doit les skippers du Vendée Globe ».
Une bouteille à la mer, probablement : « J’ai fait un certain nombre de propositions au préfet de la Vendée en ce sens. Elles n’ont pas été entendues mais il n’est pas encore trop tard pour apporter un peu d’humanité au retour des marins du Vendée Globe ». Le maire conclut en se disant être « à la disposition de l’État pour travailler et mettre en oeuvre toute disposition qui permettrait de rendre aux marins du Vendée Globe les honneurs publics qu’ils méritent ».
Il peut aussi compter sur la solidarité d’autres élus comme président du conseil départemental de la Mayenne, Olivier Richefou, qui a dénoncé dans la foulée « les conditions excessives imposées pour l’arrivée des marins » sur son compte Twitter. Olivier Richefou est d’autant plus déçu par ce huis-clos qu’il ne pourra pas assister le weekend prochain à l’arrivée du bateau financé par le département, l’Imoca V&B – Mayenne barré par le skipper Maxime Sorel.