Vendée Globe : Oliver Heer est prêt, son mental aussi
Alors que le départ de la 10ème édition du Vendée Globe approche (le 10 novembre), le skipper suisse débutant Oliver Heer estime que la maîtrise du mental est tout aussi essentielle que la préparation physique avant son tour du monde en solitaire et sans escale de trois mois.
Depuis le début de sa campagne, Oliver Heer, 36 ans, travaille en étroite collaboration avec le professeur Wolfgang Jenewein, un préparateur suisse spécialisé dans les performances mentales. Le jeune navigateur s’entraîne ainsi à l’acceptation radicale, la résilience mentale et la gestion des émotions.
« Les gens me demandent souvent comment je me prépare à passer près de trois mois complètement seul en mer. En fait, c’est probablement la question la plus fréquente » explique Oliver. Et de répondre « qu’une partie de la préparation consiste à comprendre que la navigation est une série de défis, et à croire en soi que l’on sera capable de les relever ».
« Dans le passé, j’ai fait l’erreur de me précipiter pour réparer quelque chose »
L’acceptation radicale consiste à accepter la situation dans laquelle on se trouve, sans jugement ni reproche. « Je sais déjà que ce ne sera pas toujours facile. Mais j’ai appris à m’attendre à ces situations et à les accepter. Au lieu de blâmer quelqu’un ou quelque chose, je m’efforce de rester calme et de voir ce que je dois faire pour résoudre le problème. Dans le passé, j’ai fait l’erreur de me précipiter pour réparer quelque chose, alors que je sais maintenant que je dois prendre le temps de décomposer le problème en plusieurs petits problèmes afin de ne pas me laisser submerger, puis de les classer par ordre de priorité » détaille Oliver Heer qui s’apprête à vivre son premier Vendée Globe à bord de son IMOCA Oliver Heer Ocean Racing (OHOR).
Les 40 skippers du Vendée Globe ont participé à une série de courses de qualification qui sont délibérément difficiles et conçues pour les mettre à l’épreuve, en leur donnant l’occasion d’expérimenter et de relever les défis typiques auxquels sont confrontés les navigateurs océaniques.
« J’ai appris à mieux me connaitre »
« J’ai surmonté chaque défi et j’ai appris à mieux me connaître à chaque fois. Cela m’a donné confiance en ma capacité à gérer les situations au fur et à mesure qu’elles se présentent. La proactivité est cruciale dans mon sport et j’essaie toujours d’identifier et de réaliser les tâches importantes avant qu’elles ne deviennent urgentes. Je pratique des techniques qui m’aident à rester calme et à me concentrer sur mes objectifs » ajoute Oliver Heer.
Dans ce type de compétition qui nécessite des compétences en matière de navigation et d’endurance physique, le skipper Suisse-allemand insiste sur l’importance de savoir se ménager. « Il y a beaucoup de problèmes à résoudre sur le bateau, mais il ne faut pas oublier de prendre soin de soi. Je prévois du temps pour manger, dormir, m’hydrater et même prendre mes vitamines. J’ai peut-être l’impression de perdre un temps précieux, mais à long terme, cela me permet d’être plus vif et plus efficace. Le Vendée Globe n’est pas un sprint, c’est un marathon et plus encore ».
« Ils m’envoient des photos de mon chien »
Concernant l’épreuve de la solitude, celui que l’on surnomme Ollie déclare aimer être seul. Il est cependant soutenu par son équipe, sa femme Theresa, sa famille et ses amis, tous sont à portée de message. « Ils m’envoient des blagues, des photos de mon chien (Tao) et des nouvelles de chez moi, ce qui m’aide à me sentir connecté. Bien sûr, j’emporte aussi quelques petites friandises pour me remonter le moral dans les moments difficiles » explique-t-il.
Avant et après chaque course, Oliver Heer fait le point avec son coach en performance mentale afin de réfléchir à sa performance et d’identifier les leçons qu’il peut en tirer. « La préparation technique, la forme physique, les obligations médiatiques – tout cela fait partie de l’effort. Mais se ménager des moments de tranquillité pour la préparation mentale a été l’une des choses les plus importantes, et parfois les plus difficiles, à faire » affirme-t-il.
À trois semaines du départ de cette 10ème édition du Vendée Globe aux Sables d’Olonne, Oliver Heer entre dans la dernière phase de sa préparation. Le travail mental effectué pourrait bien s’avérer être l’un de ses meilleurs atouts pour relever le plus grand défi de sa vie.