La dernière danse
Chaque hiver, c’est la même scène. Dès que les premiers flocons pointent leur nez, des centaines de milliers de Français scrutent frénétiquement les bulletins météo et les webcams des stations.
Partir ou attendre ? Réserver ou jouer la montre ? Le ski est devenu un pari, une course effrénée contre le réchauffement climatique. Bienvenue dans l’ère du « tourisme de la dernière chance ».
Pendant des décennies, les montagnes françaises ont été le théâtre d’une certitude blanche : la neige tomberait, abondante et fidèle. Mais les dernières années ont bousculé cet équilibre. En bas des stations, les alpages restent verts en plein janvier ; en haut, les pistes dépendent de canons à neige qui consomment des millions de litres d’eau. Pourtant, les amateurs de glisse s’entêtent. Avec une ferveur presque irrationnelle, ils se ruent dès qu’un mince manteau blanc recouvre les sommets, comme des pèlerins à la recherche d’un miracle.
Mais le tourisme de la dernière chance ne se limite pas aux cimes enneigées. Les plages coralliennes des Maldives et les fjords de Norvège subissent une pression similaire.
Et si, au lieu de courir après une nature en sursis, nous choisissions d’en préserver les traces ? Moins de selfies devant des glaciers agonisants, plus de réflexion sur la manière de limiter notre empreinte.
Car le vrai pari n’est pas celui des flocons incertains ou des plages condamnées. C’est celui d’un avenir où ces merveilles ne seront pas qu’un souvenir pour nos enfants.