La voile, ce sport sale
Quoi de moins polluant qu’un bateau à voiles. Et pourtant, la Route du Rhum est dans le viseur des ONG environnementalistes et même des skippers depuis l’ouverture du village de Saint-Malo.
Sport propre par définition, la « voile » l »est toute de suite bien moins quand un village départ accueille plus d’un million de visiteurs dans une ville qui compte moins de 50 000 habitants. Quiconque s’est déjà rendu dans la cité corsaire quelques jours avant le départ de la Route du Rhum, qui se tient tous les quatre ans, se rend compte que la ville n’est pas proportionnée pour accueillir sans inconvénients des centaines de milliers de visiteurs. Ne serait-ce, déjà, parce que Saint-Malo est en manque d’eau et les habitants invités à se montrer économes.
Ainsi, pour la première fois en quarante-quatre ans, rapporte Le Monde, « Malouins, skippeurs, ONG environnementalistes, pourtant attachés à cette course emblématique, dénoncent, à l’heure de la sobriété, un événement devenu une fête commerciale « destructrice » de la nature ».
Dans une tribune parue dans l’Equipe, les plus grands noms de la voile pointaient ainsi la pollution de leur sport : « Nous pratiquons un sport magnifique mais il est déraisonnablement polluant et élitiste ». Cette course à la voile « libère environ 145 000 tonnes d’équivalent CO2, la logistique et les transports représentant les trois quarts de ces émissions », précise la tribune.
La solution avancée : « faire une course aller-retour, qui évite de nombreux transports en avion ». Evidemment, la Route du Rhum perdrait d’un coup toute sa raison d’être avec une arrivée toujours fêtée par la Guadeloupe. « Valoriser les performances des marins engagés sur des voiliers anciens plutôt que mettre en valeur les constructions neuves » est une autre des pistes suggérées.
Il est difficile de ne pas entendre ces prises de position à l’heure où, en France, l’été semble ne plus avoir de fin. Les organisateurs d’évènements sportifs devront faire avec au risque de s’attirer les foudres de tous et de transformer une fête en fiasco. Ou, pire, de ne plus trouver de villes acceptant de les accueillir par crainte d’un bad buzz. Rennes a ainsi refusé d’organiser le Grand Départ du Tour de France cycliste. Gageons qu’elle ne sera pas la dernière si les organisateurs et les athlètes sont incapables de montrer patte verte.