Le mauvais Tour de Rennes

Dans moins d’une semaine, Nice et son arrière-pays seront sous le feu des projecteurs. Des centaines de millions de téléspectateurs, à Tokyo, Sydney ou encore New York, vont pouvoir pour beaucoup découvrir tout ce que la Côte d’Azur peut offrir au départ de sa capitale.

Une publicité mondiale d’autant plus bienvenue que les retombées économiques du tourisme sont vitales pour cette région qui souffre de la désaffection des visiteurs étrangers. Ce coup de projecteur, Rennes n’en a pas voulu. La capitale bretonne, sous la pression des élus écologistes, au grand désarroi des commerçants qui peine à se relever du confinement et des contraintes liées à la circulation du virus, a refusé la proposition des organisateurs d’être la ville-départ de l’édition 2021. Tant mieux pour Brest et le Finistère, ses restaurants et ses hôtels, qui n’ont pas fait la fine bouche et qui pourront aussi exposer leur patrimoine et leur incomparable littoral.

Pour la maire de Rennes, Valérie Faucheux, le Tour de France est une course au « format sportif daté », sexiste et qui doit se réinventer. Est-ce pour cela que le directeur du Tour, Christian Prud’homme, vient d’annoncer que le vainqueur de l’étape et les porteurs de maillots distinctifs seraient désormais félicités, sans embrassades, par une hôtesse et un hôte. Après tout, ça peut s’entendre. Mais de là à invoquer un bilan carbone désastreux pour refuser une telle aubaine, cela semble relever sinon de l’ignorance du moins de la mauvaise foi tant l’organisateur fait des efforts pour rendre l’évènement plus « vert ».

Et puis, nous dit-on à Rennes, ça coûte cher. 700 000 euros à reverser à l’organisateur. En revanche, personne dans l’équipe municipale pour chiffrer les retombées dont on sait qu’elles sont bien supérieures qu’à l’investissement de départ, entre 1,5 et 4 euros selon les calculs des villes qui ont accueilli des étapes. Cruelle, la presse a exhumé des propos de l’actuelle maire de Rennes qui s’enthousiasmait en 2015 que sa ville accueille une étape. Mais ça, c’était le monde d’avant, celui où personne, ou presque, ne s’offensait qu’une jeune femme embrasse un coureur sur les joues.

Le monde que l’on nous prépare sera peut-être plus vertueux mais, privés de tous nos petits plaisirs coupables, comme celui de saisir au vol au passage de la caravane une casquette Cochonou, on ne va pas s’amuser tous les jours.

Laurent Guena

Rédacteur en chef adjoint.
Contact: laurent.guena@sport-et-tourisme.fr

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