Pavé payant
Avec le Tour des Flandres disputé il y a huit jours, Paris-Roubaix couru dimanche dernier sont deux courses de légende au dénouement souvent spectaculaire. Pour le public massé en bord de route, c’est l’occasion d’assister à un spectacle totalement gratuit. Qui malheureusement ne le sera peut-être plus toujours.
Je ne vais pas vous parler des pavés jetés sur les forces de l’ordre chargées de maintenir l’ordre républicain mais de ceux qui composent et pimentent les routes de deux des Classiques les plus fameuses du calendrier cycliste. Que ce soit sur le Tour des Flandres ou Paris-Roubaix, ces petits blocs de pierres qui jalonnent certains tronçons du parcours constituent souvent le support de magnifiques empoignades. Le scénario s’écrit sous nos yeux, dans cadre champêtre où tout peut arriver. Et où il règne une ferveur populaire incroyable.
Vieux Quaremont, Paterberg, trouée d’Arenberg ou Carrefour de l’Arbre, ces lieux sont devenus de vrais boosteurs d’attractivité. Des spots stratégiques où l’on vient des quatre coins du monde comme en pèlerinage, mais qui pourraient si l’on en croit certaines (mauvaises) langues devenir payants les jours de course. Un moyen pour les organisateurs de couvrir leurs frais et de générer des revenus complémentaires. Comme cela se fait déjà sur des épreuves de cyclocross ou sur piste.
Ce modèle payant, évidemment je ne le souhaite pas. C’est tuer l’essence même de ce sport. Populaire, magnifié par les humbles, le cyclisme doit beaucoup à son caractère gratuit et accessible à Monsieur Tout Le Monde sur le bord des routes. D’ailleurs existe-t-il un autre sport où l’on peut voir passer ses héros à quelques centimètres de soi. Être acteur de l’évènement en poussant les coureurs ou en leur tendant une bouteille d’eau. Si les courses de vélo sont dessinées pour être médiatisées, elles doivent rester gratuites pour tous les spectateurs. Une évidence.