Se souvenir de Secrétin
Maradona, Dominici, Secrétin, trois points communs : ils sont morts la semaine dernière, ils étaient des sportifs de très haut niveau et ont fait découvrir le monde aux admirateurs nés sous Pompidou au fur et mesure de leurs exploits accomplis sur tous les continents.
Quand Christophe Dominici a marqué son essai contre les All Blacks, en 1999, j’étais avec mon grand-père maternel, mort quelques semaines après, et c’est un souvenir que même Alzheimer ne me fera pas oublier. J’ai eu la chance, comme journaliste, 15 ans plus tard, de découvrir la Nouvelle-Zélande et il est évident que je n’aurais pas tout compris de ce pays sans avoir en mémoire le rebond capricieux d’un ballon ovale dompté par un magicien.
Maradona, c’est le ballon rond, mais c’est peut-être encore plus difficile à contrôler, on ne peut pas le toucher avec la main, sauf quand Dieu s’en mêle. En 2010, en Afrique du Sud, j’ai eu le privilège d’assister à un Argentine-Nigéria (1-0). Sur le banc, juste devant moi, le « gamin en or », alors sélectionneur, encourageait son équipe avec passion comme s’il jouait sa vie et c’était sans doute le cas. J’ai aimé l’Afrique du Sud mais je l’aurais peut-être seulement rangé dans un joli petit coin de ma mémoire sans ce moment.
Je mentirais si j’écrivais avoir été particulièrement ému par la mort de Jacques Secrétin, « l’artiste de la petite balle blanche ». J’avais oublié qu’il était le Platini du tennis de table. Heureusement, malgré la disparition de deux icônes du football et du rugby, sa disparition a suscité de nombreux hommages et j’ai même eu un peu de peine qu’aucun journal ne puisse lui consacrer une belle « une ».
Ces hommes ont voyagé partout dans le monde entraînant dans leur sillage des supporters qui ont ainsi pu se confronter à d’autres cultures. Ils sont « le monde d’avant », celui qui mariait voyage, rencontre et exploit sportif, celui qui nous manque. Imagine-t-on Maradona jouer dans un stade vide ?
