Souffrir en silence
La joueuse de tennis Alyzé Cornet a sans doute perdu une occasion de se taire. Après avoir vertement répondu à des élus écologistes, qui lui reprochent une subvention de 25 000 euros de la part de la mairie de Nice, elle s’en est publiquement prise à la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, coupable, à ses yeux, d’avoir reporté d’une semaine du tournoi de Roland-Garros.
Le ministère des Sports lui a fait savoir que cette décision n’était pas de son ressort mais bien celui de la Fédération Française de Tennis, qui a qualifié de « totalement déplacées » les déclarations de la joueuse. Alyzé Cornet est talentueuse et a forcément travaillé dur pour vivre aujourd’hui de son sport.
Se rend-elle néanmoins compte qu’elle a toujours la chance, à la différence de restaurateurs, d’agent de voyages ou de tous les commerçants non essentiels, de pouvoir pratiquer son métier. Eux aussi ont travaillé dur et pris des risques pour ouvrir des boutiques et certains, c’est déjà une réalité, malgré le soutien de l’Etat, ne se remettront pas de ces fermetures contraintes.
Se rend-elle compte dans quel état se trouve le sport amateur et combien de clubs et même de fédérations vont avoir du mal à sortir la tête de l’eau. Le ministère des Sports estime que le nombre de licenciés, tous sports confondus, a baissé entre 20 et 30%. On va mettre ces excès de colère sur le compte de la lassitude et on souhaite évidemment à Alyzé Cornet d’aller le plus loin possible à Roland-Garros, mais répétons-le, qui, aujourd’hui, n’est pas fatigué par ce contexte. Quand on peut encore voyager pour travailler, on souffre en silence.
En passant, remercions le ministère des Sports, qui vient d’offrir aux amateurs le droit de déroger à la règle des 10 km pour aller rejoindre un équipement sportif situé à l’extérieur. On prend.