Souviens-toi, l’été dernier

Les Jeux Olympiques étaient censés offrir à l’hôtellerie parisienne un été record, une parenthèse enchantée où les établissements afficheraient complet à des tarifs gonflés par la demande. La réalité est plus nuancée : si les hôtels de la capitale ont connu un pic en juillet-août, le bilan annuel montre une croissance atone, bien en deçà des attentes.

Le diagnostic dressé par l’étude Deloitte In Extenso est clair : l’hôtellerie française n’a progressé que de 1% en 2024, un chiffre loin du boom espéré. Paris a connu une année en dents de scie, avec une flambée des prix et des taux d’occupation pendant les JO, mais aussi un net recul avant et après l’événement. Juin et septembre ont particulièrement souffert, laissant les hôteliers avec un sentiment mitigé.

À l’inverse, d’autres destinations ont su tirer leur épingle du jeu. La Côte d’Azur affiche +5% de croissance, grâce à une clientèle haut de gamme toujours plus nombreuse et fidèle. À Lille et Clermont-Ferrand, l’effet JO a joué à plein, mais il n’a pas compensé les baisses observées ailleurs, notamment à Lyon (-4%) ou au Havre (-11%), privés d’événements majeurs comme la transat Jacques Vabre ou le salon de la restauration Sirha.

Si les hôtels de luxe et haut de gamme ont profité de la dynamique olympique (+5%), la situation est plus compliquée pour l’hôtellerie économique et super-économique, en recul respectivement de 1% et 2%. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance. L’offre, d’abord, est jugée vieillissante et moins en phase avec les attentes des voyageurs modernes. La concurrence d’Airbnb s’accroît et capte une part grandissante de la clientèle sur les segments les plus abordables. Enfin, l’inflation des prix pousse certains touristes à éviter Paris ou à reporter leur séjour.

Le phénomène n’est pas nouveau, mais il s’amplifie. Airbnb continue de grignoter des parts de marché et, face à cette menace, les hôteliers doivent impérativement innover : montée en gamme, services différenciants, nouvelles expériences client… L’hôtellerie traditionnelle ne peut plus se contenter d’attendre le client, elle doit le séduire.

Faut-il pour autant parler d’un échec des JO pour le secteur ? Pas forcément. Les premiers signaux post-olympiques sont encourageants. En décembre 2024, Paris a accueilli un nombre record de visiteurs internationaux. Une dynamique qui devrait se prolonger en 2025, portée par le retour des grands salons, un calendrier favorable de jours fériés et un afflux renforcé de touristes étrangers. Deloitte table ainsi sur une croissance de 4% pour l’hôtellerie parisienne en 2025, contre 1 à 2% en province et 2% sur la Côte d’Azur.

Mais ce rebond reste fragile. L’environnement géopolitique et économique demeure incertain, avec une inflation qui pèse toujours sur le budget des voyageurs et un « effet Trump » qui pourrait influencer la fréquentation des touristes américains. L’hôtellerie parisienne a une opportunité unique de capitaliser sur l’exposition mondiale des JO pour attirer et fidéliser une nouvelle clientèle. Encore faut-il ne pas se reposer sur les seuls souvenirs de l’été 2024.

Laurent Guena

Rédacteur en chef adjoint.
Contact: laurent.guena@sport-et-tourisme.fr

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