Sébastien Camus : « Entre mer et montagne, j’ai trouvé mon p’tit coin de paradis à Sospel »
Professionnel spécialiste de l’ultra-trail, parmi les meilleurs de sa discipline en France, Sébastien Camus a fait des Alpes-Maritimes son terrain de jeu favori. Vivant aux portes du Parc national de Mercantour, le natif de Saint-Etienne enchaine les épreuves et les victoires aux quatre coins du monde. Et dire qu’au départ il détestait courir.
Parlez-nous de vos premières expériences en course à pied ?
Comme pour la plupart des enfants, cela se passe au niveau scolaire. Et souvent cela se résume à tourner autour d’un stade, une activité pas du tout ludique et sans grand intérêt. Je détestais courir. Et puis vers l’âge de 10-11 ans, j’ai découvert la course à pied en pleine nature, une sorte de chasse au trésor lors d’une rencontre interscolaire. Il fallait trouver de petites balises cachées dans la forêt, c’était fabuleux.
Je n’ai redécouvert cette pratique qu’à l’âge de 22-23 ans. Entre-temps, mes seules expériences se limitaient à courir autour d’un stade d’athlétisme. Je comprends qu’on associe cela à quelque chose de pénible et d’ennuyeux.
En compagnie de mon frère avec lequel j’ai monté une petite structure, on s’est mis à faire du raid aventures (Ndlr : activité 100% outdoor multidisciplinaire), ce qui m’a obligé à beaucoup courir. Partant de là, la petite addiction s’est mise en route pour ne plus jamais s’arrêter. Mais attention je ne fais pas de piste, pas de route, quasiment exclusivement de la course à pied en pleine nature.
Traileur professionnel, vous avez donc beaucoup voyagé. Quels sont les spots qui vous ont marqué, en France ou à l’étranger ?
L’effet waouh s’est toujours produit dans des endroits authentiques et sauvages. Et la première destination qui m’a vraiment marqué, c’est la Nouvelle-Calédonie. En 2008, j’ai participé là-bas au Dream Raid Grands Hôtels, une traversée de l’île d’Ouest en Est durant trois jours et demi. C’était exceptionnel, un dépaysement total car nous sommes passés par la forêt primaire. La densité était telle que cela a nécessité l’installation d’une antenne GPS déportée. En certains endroits nous avons même reçu l’autorisation des « tribus » pour pouvoir passer. Nous étions donc loin du traditionnel circuit touristique, Nouméa, l’île des Pins…, mais en immersion au cœur d’une nature sauvage et splendide.
Trois plus tard en 2011, j’ai participé au « Mark Webber Pure Tasmania Challenge », un périple de 250 kilomètres comprenant des épreuves de mountain bike, de kayak et du trekking organisé par l’ancien pilote de Formule 1. Là encore, nous avons traversé la Tasmanie (Ndlr : cette île est le plus petit état du territoire australien) sous son aspect le plus sauvage avec une diversité de paysages tous aussi incroyables les uns que les autres.
J’ai encore le souvenir de sections de kayak avec les dauphins, et puis il y a aussi ces routes, les gravel roads, où l’on passe d’un coup du bitumé au cendré, cela m’a beaucoup marqué. À chaque que je revois les images de ce périple, j’éprouve toujours de l’émotion tellement c’était exceptionnel. Une vraie aventure humaine aussi.
Une destination que j’adore aussi, l’île de La Réunion. J’ai eu l’occasion d’y aller plusieurs fois. C’est MA destination favorite, un des endroits où j’aurais pu vivre.
Pouvez-vous nous partager une anecdote de voyage ?
Oui, toujours lors de cette compétition par équipe en Tasmanie, après le briefing il y a une note que nous n’avons pas compris. Nous avons suivi d’anciens rubans qui ne faisaient pas partie de l’épreuve. C’est-à-dire qu’au lieu de contourner par la plage, on a tracé au plus court en traversant le bush. Malheur ! Nous avons fini dans des genres de marécages. Je me suis retrouvé avec des sangsues dans les chaussures. Avec le risque de morsure de serpents aussi. J’avais l’impression d’avoir fait le stage des légionnaires en Guyane. D’ailleurs les organisateurs n’ont pas compris par où on est passés. Bon on s’en est sortis mais c’était vraiment l’aventure.
Où vivez-vous aujourd’hui ?
Depuis 2006, je vis à Sospel dans les Alpes Maritimes. C’est une petite ville, à la frontière italienne, à côté de Menton et aux portes du Parc national de Mercantour.
Je suis né à Saint-Etienne dans la Loire. Pour des raisons professionnelles, mon père a beaucoup bougé en France. Nous avons joué les globe-trotters. J’ai ainsi déménagé 15 fois en 18 ans. Mais maintenant avec ma famille j’ai posé mes valises. À Sospel, j’ai trouvé ici mon p’tit coin de paradis entre mer et montagne.
Comment choisissez-vous vos vacances. Êtes-vous plutôt voyage organisé ou improvisé ?
Sensible aux valeurs environnementales et écologiques, je m’oriente désormais vers des destinations de proximité. Si je dois prendre un long-courrier pour faire une compétition, j’y reste minimum trois semaines afin de rentabiliser le coût énergétique. Ce que j’adore, ce sont les espaces de montagne. J’ai un faible pour Cortina d’Ampezzo dans les Dolomites en Italie. C’est un relief progressif avec de belles plaines avant de monter sur les sommets, un mix entre végétal et minéral.
Lorsque je pars en vacances, j’ai un minimum d’organisation. J’aime aussi profiter du trajet. Je ne vise pas tout de suite la destination finale. Si je peux découvrir d’autres endroits, j’en profite. Disposer d’un camion aménagé et voyager en famille constitue l’idéal pour cela.
Quel est votre prochain voyage ou prochaine destination de vacances ?
Je vais retourner en Andorre fin juin. Je vais aussi en profiter pour faire une compétition (le Trail 100 Andorra by UTMB). Je dois dire que mon sport m’a permis de réaliser un de mes rêves qui est de voyager aux quatre coins du monde.
Si vous deviez poser vos valises, le paradis ce serait où ?
Là où je suis à Sospel, j’ai tout ce qu’il faut, la mer, la montagne et des espaces à perte de vue. Je suis vraiment un fan des sports outdoor que j’ai plaisir à partager avec mes amis. Canyoning, rafting, escalade, VTT, ski de randonnée … j’ai trouvé l’endroit où je peux tout faire, au calme et en pleine nature. Il y a même une voile de parapente qui dort dans mon garage. En face de la porte de ma maison, il y a une aire de départ. C’est formidable non !
Après, si je devais prendre ma valise et aller ailleurs, j’irai sur l’île de La Réunion ou en Corse.
Entre 20 et 25 heures de course à pied par semaine
Ambassadeur de l’Outdoor Festival 06 qui se déroule du 29 avril au 1er mai dans les Alpes-Maritimes, Sébastien Camus est très attaché à son territoire. Les grands espaces du département et les nombreuses possibilités d’itinéraires qu’il offre lui permettent en effet de s’entrainer dans les meilleures conditions. Sur les grosses semaines, cela représente entre 20 et 25 heures de running, avec des sessions de 60 à 80 km par jour. Un rythme soutenu qui fait qu’aujourd’hui Sébastien est l’un des meilleurs de sa discipline, avec une durée et une régularité qui consacrent un athlète hors pair.
Fort d’un palmarès bien nourri (voir ci-dessous), il intègre l’UTMB World Series, le plus grand circuit mondial de trail running. Avec dès le mois de juin l’ambition de figurer dans le Top 3 lors du Trail 100 Andorra by UTMB. En juillet il participera à l’Ultra-Trail Côte d’Azur Mecantour, épreuve qu’il a déjà remportée en 2018. Sébastien Camus s’alignera également au départ de l’UTMB Mont-Blanc 2022, format TDS (145 km pour 9 100 m de dénivelé positif) le 23 août prochain.
Se consacrant à 100% à sa passion, adepte de la pureté de l’effort, Sébastien Camus, bientôt 43 ans, est aussi à l’origine avec son frère Sylvain du Team Garmin Adventure. Six athlètes, quatre garçons, deux filles, font partie de cette équipe qui participe régulièrement aux épreuves sur le circuit.
Retrouvez les exploits de Sébastien sur sa page Facebook.
Palmarès :
- 1erUltra Trail Côte d’Azur Mercantour en 2018.
- 4ème Ultra Trail de Madère en 2018.
- 1er VIBRAM Maremontana (Loano, Italie) en 2018.
- 1er Ultra Marathon de Laugavegur (Islande) en 2016.
- 7ème Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) en 2016.
- 3ème Ultra Trail de Madère en 2016.
- 2ème Grand Raid de la Réunion en 2015.
- 2ème Diagonale des Fous (La Réunion) en 2015.
- 2ème CCC (Courmayeur-Champex-Chamonix) en 2013.