Florian Rousseau : « Madère, un concentré de tous les voyages que j’ai fait »

Ayant grandi dans le Loiret, Florian Rousseau s’est forgé l’un des plus beaux palmarès de l’histoire du cyclisme sur piste avec 13 titres mondiaux et olympiques. Actuel directeur du Programme Olympique à la Fédération Française de Cyclisme, il est également un grand voyageur. Un voyageur amoureux de la nature et toujours avide d’expériences et de découvertes.

Vous avez  beaucoup voyagé. Quels sont les « spots » qui vous ont marqué, en France ou à l’étranger ?

Tout d’abord je tiens à dire que je suis un passionné de voyages. Cela a commencé très tôt. J’ai grandi en Beauce, dans un petit village qui s’appelle Patay, entre Chartres et Orléans. Quand on habite en province, le vélo c’est la liberté. On s’éloigne de chez soi, on va de plus en plus loin, on agrandit son cercle. Il s’agit déjà une forme de voyage, d’aventure, d’exploration.

À l’école, je n’étais pas passionné, je n’aimais pas cela. Mais il y avait une matière qui me plaisait, c’était la géographie. Parce qu’à travers cette matière je voyageais. Lorsque je regardais une mappemonde, je me racontais des histoires en me disant que j’aimerais aller ici ou là. Le voyage c’était la découverte pour moi.

Aller vers l’inconnu, partir à l’aventure, oui c’est ce que j’apprécie dans le voyage.

Justement quels sont les endroits qui vous ont plus particulièrement marqué ?

J’aime la mer, je suis plongeur. Donc j’ai beaucoup voyagé dans l’Indo-Pacifique, en Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie, sur les Iles Salomon… Il n’y a pas un lieu plus fort que l’autre, c’est à chaque fois extraordinaire.

Lorsque je me rends quelque part en vacances, il est très rare que j’y retourne une deuxième fois. Pourquoi, parce que j’aime cet effet de surprise. En revenant au même endroit, on sait à quoi s’attendre, donc il n’y a plus cet effet de surprise.

Vous l’avez compris, j’aime la nature, mais j’adore aussi la rencontre avec la population locale. C’est une vraie richesse et le voyage n’en est que plus beau. On peut séjourner à l’autre bout du monde dans un très bel hôtel mais s’il n’y a pas ce côté authentique et l’échange avec les gens qui vivent à destination, on perd quelque chose.  Je pense notamment au lien que j’ai pu établir avec les guides en Afrique de l’Est, au Kenya notamment. J’y retourne chaque année, et ce sont toujours de grands moments de les revoir.

Pouvez-vous nous partager une anecdote de voyage ?

J’ai beaucoup de souvenirs. Récemment, après les Jeux Olympiques de Tokyo en 2021, je suis allé en vacances à Madère. Dans un hôtel qui s’appelle « Socalco Nature Calheta » (Les Terrasses), les propriétaires nous ont demandé si nous voulions participer aux vendanges. Nous avons accepté, et je dois dire que c’était un moment extraordinaire, de partager ces moments intimes, du casse-croûte dans les vignes jusqu’au repas de famille. Nous sommes d’ailleurs resté en contact avec les propriétaires.

Autre anecdote, moins sympathique. En tant qu’athlète puis entraineur, j’ai pu constater que le matériel n’arrive pas toujours en bon état. Parfois même il n’arrive pas à destination. En effet avec des vols en transit, les vélos ne suivent pas toujours. Ce sont des moments stressants. Je me souviens qu’en Colombie, lors d’une manche de Coupe du Monde, une partie du matériel n’est arrivée que la veille de la compétition. Cela ne nous a pas empêchés de décrocher des médailles, mais ce sont tout de même des moments délicats.

Je remarque cependant qu’en sport et en cyclisme sur piste en particulier, il y a souvent beaucoup d’entraide et de solidarité entre les délégations. En équipe de France, nous avons déjà prêté des vélos à d’autres nations qui n’avaient pu récupérer les leurs. Dans notre sport, nous sommes une grande famille.

Où vivez-vous aujourd’hui ?

Je vis en Ile-de-France, à Joinville-le-Pont sur les bords de Marne, et non loin du Bois de Vincennes. J’ai été athlète à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) juste à côté. Lorsque je suis sorti de l’internat, j’ai trouvé un pied-à-terre à Joinville. Et j’y suis resté pour des raisons professionnelles. C’est un coin sympathique pour vivre en Ile-de-France.

Comment choisissez-vous vos vacances. Êtes-vous plutôt voyage organisé ou improvisé ?

Il y a deux, trois critères qui orientent mon choix. Bien que travaillant en équipe avec mon épouse, je suis plutôt l’initiateur du lieu de vacances. En privilégiant des destinations où l’on peut faire de la plongée sous-marine, de la randonnée ou qui sont liées à la vie sauvage car j’ai également une passion pour la photo.

Globalement je préfère des endroits peu connus où il y a peu de touristes. Concernant la plongée, je m’organise moi-même. Pour ce qui est de l’Afrique, je passe par une agence de voyages, « Etendues Sauvages », dont le responsable est devenu un ami.

Quel est votre prochain voyage ou prochaine destination de vacances ?

Rien de planifié pour l’instant mais j’en envie d’aller voir des poissons, de refaire un voyage axé sur la plongée. Ce qui est sûr, c’est lorsque je pars en vacances et que je dois prendre l’avion, je ne prends plus de vélo. C’est trop compliqué à gérer, je l’ai vécu.

Côté destinations, il me reste beaucoup d’endroits à explorer. Mais la vie passe si vite et le monde est si grand que je ne sais pas si j’aurai le temps de tout faire.

J’aimerai aller en Amérique du Sud, l’Argentine, la Patagonie… Mais aussi découvrir le Grand Nord, l’Alaska, la Colombie-Britannique en automne… Je pense aussi à tous ces confettis posés sur le Pacifique, comme les îles Marshall où il doit subsister pas mal d’épaves de la Seconde Guerre mondiale. C’est tout ce côté exotique qui me plait.

Je n’oublie pas non plus qu’il existe de très beaux endroits à découvrir en Europe et en France. D’ailleurs j’ai envie de retourner dans le Massif central. J’ai besoin de grands espaces et de nature.

Si vous deviez poser vos valises, le paradis ce serait où ?

Madère car c’est un petit concentré de tous les voyages que j’ai pu faire. D’abord c’est assez proche de la France. Et puis il y a la mer, c’est volcanique avec une très belle végétation. Donc oui je retournerai volontiers à Madère.

En Europe, je pourrai également parler du Monténégro. J’ai eu l’occasion d’y aller en 2020, il n’y avait personne, c’était magnifique. Les bouches de Kotor font parties des plus belles baies du monde.

J’évoquerai un dernier coup de cœur avec les îles Marquises en Polynésie française. Un endroit absolument fascinant où l’on se rend compte de la puissance de la nature, de son côté mystérieux et inquiétant parfois.