Henri Leconte : « En Russie, on échangeait des jeans Lewis contre des boites de caviar »
Henri Leconte, à qui il est arrivé de « faire deux fois le tour du monde en une année », n’a jamais cessé de voyager. A quinze ans, déjà, il s’envolait pour le Brésil afin de participer à des tournois et, aujourd’hui, il commente les matches pour Eurosport. Il nous livre quelques souvenirs de voyages en confiant qu’il est très attaché à la France et à tous ses territoires.
Vous avez fait le tour du monde comme joueur et vous voyagez encore beaucoup. Quelles sont les destinations que vous appréciez particulièrement ?
J’ai toujours aimé me rendre en Australie, un continent très particulier. A mon époque, c’était quelque chose d’y aller, il fallait faire quatre escales. Les joueurs de tennis sautent comme des kangourous de villes en villes. On n’a pas vraiment le temps de faire du tourisme. J’ai donc aimé redécouvrir l’Australie grâce à mes fonctions de consultant pour Eurosport. J’ai pu ainsi parcourir ce pays merveilleux, Sydney, Adelaïde. J’ai eu aussi la chance de faire un documentaire pour la ville de Melbourne que j’ai donc pu visiter dans des conditions exceptionnelles. J’adore aussi l’Italie et l’Espagne, un pays que j’ai eu du mal à comprendre. Je n’aimais pas aller y jouer. J’ai aussi apprécié l’Angleterre, l’Allemagne. Et la France… le plus beau pays au monde.
Si un fan de tennis devait assister à un seul tournoi, lequel lui conseilleriez-vous ?
Pour un Européen, c’est Wimbledon. Parce que Wimbledon, c’est différent. C’est le seul des quatre Grand Chelem où il y a de vraies traditions . On doit encore y jouer en blanc. Il faut le vivre une fois dans sa vie. Sinon, Roland-Garros, bien sûr, l’Australie et New York.
Des hôtels que vous pourriez conseiller pour pratiquer le tennis ?
L’hôtel La Mamounia, à Marrakech. Le tennis au beau milieu de la palmeraie, c’est magique. J’ai aussi aimé séjourner à la Colombe d’or à Saint-Paul de Vence, avant de jouer à Monaco, mais je ne recherche pas pour autant des hôtels ostentatoires. J’aime les chambre d’hôtes.
Pourriez-vous nous raconter quelques anecdotes de voyages ?
J’ai fait mon premier long voyage à 15 ans avec mon copain Thierry Tulasne (champion du monde junior en 1980 NDLR). La Fédération nous avait envoyés au Brésil pour participer à une étape du championnat du monde cadet. Nous avons pris l’avion tout seul avant d’être pris en main par l’organisation.
Je suis parti un an plus tard pour une tournée à Santiago du Chili, Quito, Bogota, Sao Paulo, Rio. Un périple de cinq semaines, c’était Indiana Jones ! Je me souviens aussi de mes déplacements en Russie comme jeune joueur de Coupe Davis où l’on échangeait des jeans Lewis contre des boites de caviar que l’on glissait dans les tubes de balles.
Où aimeriez-vous partir en 2021 dès que l’on pourra de nouveau voyager ?
On oublie que l’on vit dans un pays extraordinaire. Il faut se recentrer sur la France et ses endroits exceptionnels comme Bergerac où habitent mes parents. J’aime aussi Bordeaux, Saint-Emilion ou encore Clermont-Ferrand. On veut toujours prendre l’avion mais pourquoi ne pas consommer chez nous ? J’ai aussi retrouvé des copains d’enfance dans le Nord dont je suis originaire. On ne prend pas assez le temps d’écouter les gens, de partager.
L’endroit rêvé pour poser vos valises ?
Je suis un homme de voyages, un citoyen du monde. Je ne sais pas où je serai heureux de vivre à 70 ou 80 ans. Mes parents ont 89 ans, tous les deux. A 82 ans, ils sont partis de Corbeil-Essonnes pour aller à Bergerac, sans connaitre personne. J’ai aussi conscience que l’on doit être plus respectueux de la planète, être plus réaliste et plus intelligent. Il faut aider des destinations comme les Maldives à mieux traiter leurs déchets mais aussi penser à ce que l’on peut mieux faire chez nous.
Quelques éléments de biographie
C’était en 1991, un weekend de décembre, à Lyon, lors d’une finale de coupe Davis contre les Etats-Unis. Tout juste remis sur pied, Henri Leconte terrassait Pete Sampras, futur numéro un mondial, avant que Guy Forget ne finisse le travail pour permettre à la France de soulever de nouveau le saladier d’argent, ce qui n’avait pas été réalisé depuis 1932. L’exploit ne vient évidemment pas de nulle part. Henri Leconte, c’est aussi une finale à Roland-Garros, une victoire en double avec Yannick Noah et 19 titres ATP. Aujourd’hui, le natif du Nord (né le 4 juillet 1963 à Lillers, dans le Pas-de-Calais), en plus de ses activités de consultant, s’apprête à encadrer des stages de tennis en 2021 pour l’agence de voyages Elux Travel avec pour envie de partager, « en épicurien » sa passion du sport et du voyage.