L’ancien journaliste Henri Sannier nous livre ses Seigneurs du football
Passionné de cyclisme, l’ancien journaliste de télévision Henri Sannier l’est tout autant par le football. Après « Les seigneurs de la route » paru l’an dernier, il vient de publier aux éditions Hoëbeke « Les seigneurs du football », beau livre agrémenté de photomontages graphiques dans lequel il portraitise 40 géants du ballon rond.
A l’image de l’émission qu’il a présentée durant 17 ans sur France 3, Henri Sannier aime « Tout le(s) sport(s) ». D’abord le cyclisme, « je suis devenu journaliste parce que je voulais suivre le Tour de France » mais aussi le football, « gamin j’ai créé l’équipe de foot de mon village en Picardie ». Pas étonnant donc qu’on le retrouve dresser le portrait de ses héros du stade dans « Les seigneurs du football ». Comme pour « Les seigneurs de la route », pas plus de 40 noms. « Le choix n’était pas forcément facile, et après-coup je m’aperçois que j’en ai oublié quelques-uns comme Ronaldinho, Antoine Griezmann ou N’Golo Kanté » souligne l’ancien présentateur du 20 heures et du 13 heures sur Antenne 2.
Raymond Kopa, « le plus proche de mon cœur »
Lorsqu’on lui demande quel est son joueur préféré, Henri Sannier répond tout de suite sans hésiter Raymond Kopa, le Napoléon du football, « c’est le plus proche de mon cœur et c’est celui qui m’a éveillé à la passion pour ce sport ». Fils d’immigrés polonais qui a grandi sur le bassin minier entre Lens et Béthune, Raymond Kopa symbolise le football des années 50. Il a tout gagné ou presque. Vainqueur à trois reprises de la Coupe d’Europe des Clubs Champions avec le Real de Madrid, il termine 3ème de la Coupe du Monde en 1958 avec l’équipe de France, et est désigné cette année-là Ballon d’Or. « J’ai eu l’occasion de le rencontrer. C’est un monsieur qui ne rigolait pas tous les jours mais pour moi c’était le plus grand » précise Henri Sannier qui raconte dans son livre cette anecdote, « pendant la guerre, Raymond Kopa observe les soldats allemands qui ont réquisitionné les stades et un jour il leur vole un ballon. Il dira plus tard que « c’était un acte de résistance ».
Si Kopa occupe une place particulière dans le cœur du journaliste de télévision du service public, le Roi Pelé figure également en très bonne position. « J’ai eu le privilège de le rencontrer lors de la Coupe du Monde 1994 aux Etats-Unis. Il m’avait donné rendez-vous dans un grand hôtel de Dallas. J’avais l’impression de côtoyer un mythe mais un mythe vivant et abordable. Il a accepté de dédicacer tout ce que je lui présentais » résume Henri Sannier qui se souvient que Pelé déplorait l’absence de l’équipe de France pour cette Coupe du Monde 1994 mais que dans 4 ans nous serions les meilleurs. Il avait vu juste.
« Plus difficile de rencontrer les footballeurs que Chirac ou Jospin »
Emmenée par Zizou, nous gagnons certes notre première Coupe du Monde en 1998, mais comme l’explique Henri Sannier, « il est à cette époque plus difficile de rencontrer les footballeurs que d’interviewer Chirac ou Jospin ». La faute à des agents, des personnages parfois néfastes qui gravitent autour des joueurs. « Il y a toute une cour autour des footballeurs qui m’épate » avoue le journaliste qui a exercé à la télévision durant près de 50 ans et qui « désormais maitrise les codes de la discipline et comprends mieux la passion qui anime les champions et leurs dirigeants ».
Parmi les seigneurs du football, classés par ordre alphabétique, Henri Sannier n’oublie pas Michel Platini qui à quelques jours du Mondial 1998 était venu témoigner sur le plateau de Tout le Sport. « Il a refusé de toucher la Coupe du Monde qui se trouvait sur le plateau prétextant qu’il faut éviter ce genre de geste car pour l’instant rien n’est gagné ». « Un numéro 10 éternel, un pied droit assassin et une modestie légendaire » résume encore le journaliste fan aussi de la jeunesse actuelle et notamment de Kylian Mbappé, « un garçon très bien élevé et le footballeur le plus bankable de la planète ».
Parmi les autres joueurs qu’il affectionne et dont il dresse le portrait, Lionel Messi bien sûr, « peut-être le meilleur du monde », mais aussi « Super Gigi », pas Alain Giresse pourtant bien présent dans le livre, mais le portier italien Gianluigi Buffon ; ou « San Paolo », Paolo Maldini, l’un des plus grands noms de l’histoire du football italien. « Ces joueurs italiens ont la classe » confie Henri Sannier qui évoque un souvenir personnel qui le lie à chacun de ces héros qu’il met en avant dans son livre.
Parmi ces hommes au destin exceptionnel qui se surpassent pour livrer des émotions à tous les fans de foot, Henri Sannier se souvient d’avoir vu jouer Diego Maradona, « El pibe de oro », à Dallas en 1994. « Les gens sortaient des tribunes et revenaient avec du pop-corn et de la bière. C’était un autre monde mais c’était beau ».
Le Parc des Princes mais aussi les stades de province
Supporteur du PSG de toutes les époques, Henri Sannier aime le Parc des Princes mais aussi les stades de province, en particulier celui de la Licorne où évolue l’Amiens Sporting Club. Picard et inconditionnel du club, il n’a pas apprécié qu’en raison du Covid le classement soit gelé l’an dernier et qu’Amiens se retrouve relégué en Ligue 2 alors qu’il restait encore 10 matches à jouer, « une injustice totale, c’est comme si on arrêtait le Tour de France à la 10ème étape et qu’on disait c’est celui qui est en tête qui a gagné ». Pour manifester sa réprobation à « cette décision ridicule », le maire d’Eaucourt-sur-Somme a décidé de ne plus mettre les pieds dans un stade.
Passionné un jour, passionné toujours, Henri Sannier suit avec attention devant son écran l’Euro qui se déroule jusqu’au 11 juillet. Sans doute y-trouve-t-il de nouvelles émotions, l’éclosion de nouveaux joueurs qui pourront demain alimenter un autre tome de ses Seigneurs du football. Le vice-président de la communauté d’agglomération de la Baie de Somme ne dit pas non non plus à un « Seigneurs de l’athlétisme ». Quand on aime le sport, on aime tous les sports.
« Les seigneurs du football, portrait de 40 géants du ballon rond »
Par Henri Sannier
Aux éditions Hoëbeke
En librairie depuis le 17 mai
168 pages, 25 euros