Les masques de sport seront-ils efficaces ?
Roxana Maracineanu, ministre des Sports, était heureuse d’assister samedi dernier à la présentation par l’Afnor (Association française de normalisation) du prototype d’un masque destiné à l’activité sportive en milieu confiné. Nous avons demandé à Matthieu Lecuyer, cofondateur de la startup R-Pur, société qui travaille sur des masques anti-pollution depuis 2015, de nous éclairer sur ce référentiel.
C’est tout sourire, derrière son masque, que Roxana Maracineanu, ministre des Sports, a présenté samedi 13 février le référentiel Afnor qui doit servir de base pour créer un masque destiné à l’activité physique pratiquée dans les milieux confinés. Reste que la partie n’est pas encore gagnée.
Co-fondateur de la startup R-Pur, qui travaille en recherche et développement sur le masque sportif depuis plus de deux ans et demi, Matthieu Lecuyer, nous offre son expertise. Il regrette, déjà, de ne pas avoir été associé au groupe de travail comme a pu l’être Decathlon pour participer à la rédaction de ce référentiel Afnor : « C’est dommage d’avoir été mis à l’écart alors que l’on devrait tous ensemble œuvrer pour le bien commun ».
Dommage, en effet, de se passer du savoir d’une startup qui, depuis 2015, a fait ses preuves dans l’élaboration de masques anti-pollution. Matthieu Lecuyer tique sur recommandation de l’Afnor qui attend de ces masques « une étanchéité suffisante »*. Un adjectif qui laisse en effet place à diverses interprétations.
Sans rentrer dans trop de considérations techniques, on comprend les craintes du responsable : que les masques développés, « même si c’est une belle avancée », ne soient pas assez protecteurs pour permettre la réouverture des salles de sports, des milieux confinés où l’on rejette beaucoup de particules, « cela pourrait être comme conduire un véhicule de 1000 chevaux avec des pneus en plastique ».
Les masques Nano Light, conçus par R Pur pour la pratique du sport en extérieur appartiennent à la classe FFP3, avec même « une filtration supérieure à cette norme ». Lavables, ils sont commercialisés à partir de 129 euros avec des filtres à changer qui durent cinq et quinze semaines. Un produit « premium » assumé et entièrement conçu en France, la startup vient d’ailleurs d’ouvrir une unité de production à Longjumeau.
On le comprend : il reste encore des obstacles à franchir avant que des masques « bon marché » puissent permettre la réouverture des salles de sport en toute sécurité. La norme Afnor est une chose, la validation par les autorités administratives et sanitaires en est une autre.
Decathlon, dans un communiqué, soulignait d’ailleurs « qu’il reste encore quelques étapes à valider avant la phase de commercialisation que nous souhaitons proche ». On ne connait d’ailleurs pas le prix du masque.
* « Le masque doit pouvoir être ajusté étroitement sur le nez, les joues et le menton de la personne qui le porte pour assurer une étanchéité suffisante lorsque sa peau est sèche ou humide et lorsqu’il bouge la tête dans le cadre d’une activité physique et sportive » (Afnor).