Les « compétitions de demain » seront éco-responsables ou ne le seront pas
Quels points communs entre le Schneider Electric marathon de Paris, l’Ultra Trail Mont Blanc et Paris 2024. Les trois organisateurs travaillent sur les « compétitions de demain » et seront bien plus attentifs à l’impact écologique et social de l’évènement qu’ils ne l’étaient avant la pandémie.
A l’occasion du Paris Running Festival, qui se tenait jeudi dernier au Parc des Princes, les représentants de l’Ultra Trail Mont Blanc, du Schneider Electric Marathon et de Paris 2024 ont pu donner leur point de vue sur les « compétitions de demain » qui s’engagent dans la voie du développement durable.
Déjà, une satisfaction portée par Thomas Delpuech, organisateur d’évènements chez ASO dont le marathon de Paris. « Les coureurs sont là, on les voit ». Mais « attention aux surentrainements qui surviennent quand il n’y a pas le rythme des évènements et les objectifs qui vont avec, souligne Catherine Poletti, fondatrice de l’Ultra Trail Mont Blanc et président de l’UTMB Group. Il n’y a plus le temps de repos comme cela existe après une compétition ».
L’envie est là, l’impatience grandit, tant du côté des coureurs et des bénévoles et organisateurs. On a envie de savoir ce que seront les « compétitions de demain » marquées, lors de la pandémie, par le développement des courses virtuelles et le développement durable.
Mais c’est quoi un « évènement responsable » ? Pour Améda Kostrzewa, manager climat et environnement de Paris 2024, « c’est déjà comprendre son impact environnemental et climatique pour ensuite l’anticiper et mettre en place des mesures pour le réduire. La prise de conscience est en cours. Si beaucoup de choses ne sont pas à la hauteur des enjeux climatiques, de plus en plus d’évènements s’engagent sur cette voie ».
« Le développement durable, cela ne doit pas être juste un vernis, il faut le vivre complétement. Au sein de l’entreprise, avec les coureurs, mais aussi avec le public, les accompagnateurs et les locaux » souligne Catherine Poletti, fondatrice de l’Ultra Trail Mont Blanc et présidente de l’UTMB Group.
« Nous sensibilisons les enfants et nous arrivons à mesurer ce qui s’est passé pendant la course, les bénévoles sensibilisent eux le public, nos évènements ont un rôle exemplaire ». Une commission environnement a été créée dès 2005 par l’UTMB. « L’impact, ce n’est pas que les saletés par terre, c’est aussi respecter les gens qui vivent dans la montagne ». Bref, c’est tout un écosystème qui doit marcher ensemble. Avec WWF, l’UTMB travaille à limiter son bilan carbone avec, par exemple, la mise en place de navettes électriques : « la compensation n’est pas une fin en soi, il faut d’abord penser à limiter son impact ».
UTMB : « voyager moins pour voyager mieux » et faciliter « le sport pour tous »
Au-delà de l’engagement écologique, la « compétition de demain », c’est aussi permettre à tous de faire du sport, « les « normaux », pas uniquement ceux dont la vie tourne autour du sport ». C’est pour cela que Catherine Poletti milite pour une baisse du taux de TVA afin de réduire les prix des dossards : « C’est 20% pour nos inscriptions, organisateur d’un évènement sportif de masse » alors que c’est 4% pour la billetterie d’un match ». Elle insiste : « Tout le monde doit être traité de la même manière, le sport c’est bon pour la santé de tout le monde. Il faut ouvrir le sport à tous ».
L’organisation travaille aussi à créer des évènements similaires dans le monde entier, un « circuit » avec les mêmes codes de qualité : « 110 nationalités sont représentées lors de l’ultra trail, certains concurrent viennent de très loin. Pourquoi plutôt ne pas aller à leur rencontre et ainsi « voyager moins pour voyager mieux », ne « plus se balader comme une boule de flipper autour de la terre ». « On travaillera avec les locaux pour s’adapter aux environnements ».
Marathon de Paris : plus difficile de transformer des évènements qui existent depuis 40 ans
« Plus on est gros, plus on est impactant », renchérit Thomas Delpeuch. « C’est plus difficile de transformer un évènement qui existe depuis 40 ans que d’en construire un de toutes pièces ». Depuis 2017, le marathon de Paris travaille sur son impact avec les territoires et ses partenaires aussi engagés dans cette voie. Il a déjà fallu faire un travail de bilan et se questionner sur l’utilité de chacune des composants de la manifestation. « Pourquoi, par exemple, remettre une médaille à la fin de la course. Au bout de trois ans, on a réduit de 60% les ordures étrangères parce que l’on a mieux trié et mieux recyclé en embarquant tout le monde. Demain, on portera peut-être du textile à recycler ».
Il rappelle qu’il faut aussi embarquer les prestataires ce qui n’est pas toujours simple pour des raisons financières. « Passer des toilettes chimiques aux toilettes sèches a un coût pour les fournisseurs qui nous les loue ». Il doit être sûr « que le marché s’ouvre et qu’il soit viable » dans les années à venir. Il n’est pas question que de développement durable mais aussi de travailler sur tous les aspects d’une politique RSE en sensibilisant, aussi, le sportif : « Un bénévole n’attend rien d’autre qu’un « merci » de la part du pratiquant ».
Paris 2024 : réduire de moitié les émissions de CO2
Paris 2024 s’est fixé comme ambition de réduire de moitié les émissions de CO2 de l’impact d’un tel évènement. « Les JO vont reposer sur 95% d’infrastructures existantes ou temporaires et on travaille sur tous les métiers des Jeux. On s’assure que les sites seront accessibles en transport en commun et on travaille sur la restauration, comment faire livrer 15 millions de repas de manière exemplaire, c’est une démarche globale, à 360 degrés. 100% de nos sites seront alimentés en énergie renouvelable hors réseau ».
Ces trois évènements ont adhéré à la charte Grands Evènements Sportifs (Gesi) du Ministère des Sport, non contraignante, dans laquelle sont listées 15 engagement éco-responsables : « Heureusement, que ce n’est pas une règle mais un cadre, sinon on essaierait de la biaiser ». Comme le souligne la responsable « environnement » de Paris 2024, tout le monde y est allé pour la carotte et non pour le bâton. « La sanction sera celle de l’opinion publique ».
Enfin, du côté du marathon Schneider Electric de Paris, on est persuadés que le digital aura toujours un rôle à jouer une fois la crise sanitaire passée : « Cela va devenir quelque chose qui compte pour les coureurs, entretenir un rapport différent entre l’organisateur et les coureurs. On va mieux les accompagner dans leur préparation ».