Baromètre des villes marchables : Les randonneurs aguerris sont les piétons les plus indulgents
A l’occasion du premier Baromètre des villes marchables, au-delà du palmarès des communes, on aura appris que les randonneurs membres d’association se sentent moins en danger que les autres marcheurs dans les zones urbaines.
Le premier Baromètre des villages marchables, porté par le collectif Place aux Piétons* – avec l’appui, entre autres de la Fédération française de randonnée pédestre, a été dévoilé mardi 6 septembre. 56 % des piétons ne faisant pas partie d’associations de marcheurs et randonneurs ou d’associations de défense des piétons pensent que la voirie ne permet pas de se déplacer partout de manière aisée. Alors que ce ressenti s’élève à 73 % chez les membres d’une association de défense des piétons, et seulement à 41 % pour les membres d’une association de marcheurs.
Marcher est une compétence qui s’apprend
Ce n’est pas si étonnant cela même si l’expertise acquise dans les activités associatives aurait pu conduire ce type de piétons à porter un regard plus critique sur les conditions de la marche en ville. Il n’en est rien. Cela démontre qu’un marcheur ou un randonneur a une expertise de la marche. La marche est visiblement une compétence qui s’apprend.
Ainsi, il faut constater que les membres des associations de marcheurs et randonneurs donnent une appréciation plus favorable dans tous les domaines et les différences entre marcheurs et non-marcheurs sont significatives.
On peut supposer que les marcheurs et randonneurs ont une meilleure appropriation de l’orientation, de l’adaptabilité aux milieux, aux obstacles, à gérer les relations/cohabitation avec les autres usagers. Ils choisissent des itinéraires privilégiés pour leur qualité paysagère, environnementale ou sportive.
« Les temps changent », précise Frédéric Brouet, représentant de la Fédération française de randonnée. « 80% de la population française vit dans une aire urbaine et 77% des répondants ont déclaré marché dans les espaces urbanisés ». On ne randonne pas qu’à l’écart des grandes foules. « Il était urgent de prendre le pouls de ces citadins qui, sont, pour nous, avant d’être des piétons, des promeneurs, des marcheurs et des randonneurs ».
La Fédération cherche ainsi à se poser en « expert conseil des cheminements piétons ». Elle a déjà enclenché une réponse avec la production d’itinéraires. C’est d’autant plus cohérent que, rappelle Frédéric Brouet, « nous avons tous découvert que lors des confinements que l’on pouvait faire du tourisme dans un rayon d’un kilomètre autour de notre domicile ». Se rapprocher de structure compétentes en matière de tourisme est ainsi l’une des propositions de la Fédération.
*Du 7 décembre 2020 au 15 mars 2021, le collectif Place aux Piétons, en partenariat avec l’Ademe, a proposé aux Français de remplir une enquête en ligne pour recueillir leur ressenti sur la »marchabilité » de leur commune et leur avis sur la manière d’améliorer le sort des piétons dans les espaces urbanisés. Près de 70 000 d’entre eux ont répondu au premier baromètre des villes marchables et près de 200 villes ont été ainsi évaluées.
Villes marchables : Strasbourg, Rennes et Nantes bonnes élèves, Marseille au fond de la classe
Strasbourg est en tête des villes de plus de 200 000 habitants du baromètres des villes marchables. Suivent Rennes et Nantes alors que Marseille se traîne en queue de classement. Dijon, Annecy et Metz se classent en tête des villes moyennes. Acigné, Cesson-Sévigné et Magny-les-Hameaux sont sur le podium pour les villes qui vont 5 000 à 19 999 habitants. D’une manière générale, les communes situées en Ille-et-Vilaine tirent les classements vers le haut.
Ce que craignent les marcheurs dans les villes
Le manque d’intérêt porté par la commune aux piétons
Les répondants portent un jugement sévère sur l’action de la commune en direction des piétons. 69 % pensent que leur commune est peu à l’écoute des besoins des marcheurs. Qu’elle fait peu d’effort pour la marche (63 %). Si on les interroge sur d’éventuelles améliorations au cours des deux dernières années, ils sont seulement 25 % à trouver que cette situation s’améliore. Pour autant ils attendent beaucoup de la commune : Des actions de promotion des déplacements à pied (71 %). Une régulation des conflits avec les véhicules automobiles : trop de voitures sur les circulations piétonnes (68 %).
Les conflits d’usage
Les piétons partagent l’espace public avec les véhicules motorisés et les autres mobilités actives. Le baromètre interroge les répondants sur leur ressenti vis-à-vis des véhicules motorisés et des autres mobilités actives. Les appréciations varient suivant les territoires et la nature des problèmes.
En savoir davantage, c’est ici
Les 1ères Assises nationales de la marche en ville se tiendront le 7 septembre 2021 à Marseille
Aménager la ville autour des piétons est un enjeu de qualité de vie et de santé, une manière de redynamiser les centres villes et de lutter contre le changement climatique. Quelles sont les demandes et les besoins des piétons ? Comment comprendre et maîtriser l’univers de la marche et ce qu’elle peut apporter à nos concitoyens en attente d’une meilleure qualité de vie ? Comment engager nos concitoyens dans des changements de comportement durables et une meilleure acceptation de la diminution de la place de la voiture ? Telles sont quelques-unes des nombreuses questions auxquelles ces assises tenteront d’apporter réponses et éclairages à travers des interventions et des témoignages. Pour la première fois une manifestation nationale propose à tous les acteurs de la marche de partager expériences et interrogations pour imaginer la ville saine, propre et sûre où le piéton aura sa place. Une ville résiliente apaisée et tournée vers l’avenir.