En Isère, l’engouement pour les sports nordiques ne faiblit pas
La crise du covid et l’arrêt des remontées mécaniques ont donné un coup d’accélérateur aux sports nordiques. La preuve avec Grenoble Alpes, « grand témoin de cette mutation en marche ».
Dans le bassin grenoblois, les infrastructures, les domaines skiables ou pas de tir de biathlon, comme les clubs et les encadrants ont permis de transformer l’engouement pour les sports nordiques en pratique durable.
Avec quatre massifs aux caractères si différents, Grenoble Alpes est un grand témoin de cette mutation en marche. On ne dénombre pas moins de 14 domaines nordiques à moins d’une heure de Grenoble. Ils représentent plus de 770 km de pistes soit l’équivalent d’un trajet entre Grenoble et Le Havre.
Et cette tendance résiliente se confirme en 2022 malgré la reprise du ski alpin : les domaines enregistrent une hausse de leur fréquentation de + 30 à + 40 % par rapport à la moyenne des cinq années 2015/2020.
Ainsi, à 20 minutes de Grenoble, le Col de Porte en Chartreuse, station desservie par les transports en commun, rallie tous les suffrages avec son stade de biathlon tout neuf et ses pistes parfaitement damées.
Des fenêtres de son domicile à Autrans dans le Vercors, Pierre Mignerey, directeur de course ski de fond de la Fédération Internationale de Ski (FIS) observe le phénomène. « En ski de fond, en raquettes à neige ou tout simplement à pied, les habitants du bassin grenoblois sont de plus en plus nombreux à avoir une pratique sportive régulière l’hiver en montagne. La Covid a fait exploser le besoin d’oxygénation, de nature et de beaux paysages. Et la crise sanitaire a complètement balayé l’image « papy mamie » ou à l’opposé, super exigeante, du ski de fond.
Jean Lambret, responsable du site nordique de Corrençon-en-Vercors, détaille les six raisons qui expliquent cet engouement
- L’engouement pour le biathlon, un sport de plus en plus médiatisé grâce aux performances de l’équipe de France.
- L’essor des pratiques running, trail, course à pied l’été. Le ski de fond est le pendant « endurance » hivernal.
- La complémentarité des pratiques entre l’alpin et le nordique permet aux pratiquants de varier les plaisirs au fil de la saison hivernale.
- Une discipline accessible financièrement, notamment pour les familles, avec des forfaits moins onéreux et des packs tribus sur mesure.
- Un impact écologique moins important que d’autres disciplines, grâce à l’absence de remontées mécaniques et d’équipements d’envergure nécessaires pour la pratique.
- Un sport social, facteur d’échanges, de liens sociaux et de temps de partage entre amis ou en famille, tout en pratiquant.
Les chiffres 2022 : à fond pour le ski nordique
En moyenne, les quatorze domaines nordiques à moins d’une heure de Grenoble enregistrent une hausse de leur fréquentation de + 30 à + 40 % par rapport à la moyenne des cinq années 2015/2020. La redevance du domaine nordique de Villard-Corrençon (Vercors) a été multipliée par 2,5 entre les saisons 2019/2020 et 2020/2021. Cette saison, au 31 janvier 2022, les chiffres sont déjà plus élevés que l’année dernière à la même période. Cela s’explique par la mise en place de préventes ouvertes dès le mois d’octobre et l’achat de « pass saison » beaucoup plus important cette année.
À Autrans-Méaudre (Vercors), les néo fondeurs de l’hiver 2021 sont revenus et entendent bien pratiquer tout l’hiver. La vente de « pass saison » a quasiment été multipliée par 2 entre décembre 2020 et décembre 2021. Les gestionnaires des sites nordiques constatent aussi un rajeunissement des pratiquants. Ils ont en moyenne entre 25 et 45 ans et viennent en groupes d’amis. La pratique se féminise aussi puisqu’on compte 60 % de femmes pour 40 % d’hommes. Le nombre de cartes Chartreuse (accès aux domaines nordiques du massif) vendues a déjà dépassé le chiffre final des saisons 2018/19 et 2019/20.
Rossignol : ventes historiques pour le nordique
L’équipementier français installé dans le bassin grenoblois constate lui aussi un avant/ après Covid. Si le ski alpin a repris ses marques cette saison, le poids du ski nordique ne cesse de grimper. Pour preuve : la part du nordique dans le chiffre d’affaires de Rossignol est passée de 10 % à 20 % en un an. Pour les pratiques nordiques, il y a un avant et un après Covid. « C’est incroyable, jamais dans ma carrière je n’aurais imaginé vivre cette situation, s’enthousiasme Bruno Dusser, directeur marketing nordique de Rossignol depuis dix ans.
En une saison la part du nordique dans le chiffre d’affaires de Rossignol est passé d’environ 10 % à 20 %. Bien sûr cette très forte progression doit être pondérée par la baisse du ski alpin liée aux fermetures des remontées mécaniques en 2021 qui a bien sûr impacté notre chiffre d’affaires global. Mais cette tendance s’observe sur tous les continents. Cette année encore, la capacité mondiale de production des marques de ski nordiques sera inférieure à la demande. La crise sanitaire nous a fait gagner 10 ans de progression d’un coup ».