Grenoble Alpes Métropole : pourquoi les sports outdoor lui vont si bien
Porte d’entrée des Alpes, entourée par quatre massifs, Grenoble ne possède sans doute pas la notoriété de ses territoires voisins mais s’illustre assurément par son dynamisme. Abritant de nombreuses entreprises et start-up spécialisées outdoor, dotée d’infrastructures de premier plan, concentrant des compétitions de réputation internationale, la métropole s’avère un écrin béni pour les passionnés de sport nature. Eté comme hiver.
« L’ingénieur qui effectue sa rando avant d’aller travailler ». « Le jeune actif qui prend le tramway pour faire une via ferrata ». Ces images ne sont pas rares, elles sont même fréquentes sur la métropole grenobloise comme l’atteste Nicolas Didry, spécialiste du tourisme sportif et Maître de conférences à l’Université Grenoble Alpes, qui évoque « un fort attachement à cet environnement naturel qui entoure ce bassin de vie ».
Innovation au quotidien et mouvement perpétuel
Avec quatre massifs aux caractéristiques différentes à portée de main (Chartreuse, Vercors, Belledonne et Taillefer, auxquels on peut aussi ajouter l’Oisans à une heure de Grenoble), on ne s’étonne pas que la métropole se montre aussi attractive pour les pratiquants, qu’ils soient débutants ou experts. Pas surprenant non plus que des entreprises y aient installé leur siège. Des majors comme Rossignol, Guidetti ou Petzl, mais aussi de nombreuses start-up comme Alphabike, Ebikeslabs, Nolio, Ecoload ou Raidlight, toutes conquises par « l’art de vivre à la grenobloise ». Soucieuse quant à l’impact écologique de leur activité, la plupart ont fait le choix de s’implanter ici pour être au plus proche des adeptes de sports de plein air, avec tout comme eux l’avantage de profiter de ce sympathique terrain de jeu à ciel ouvert. L’été, en mode trail, escalade ou vélo. L’hiver, sur les pistes de ski alpin et surtout nordique. Pas moins de 14 domaines nordiques cumulant 772 km sur les quatre massifs sont ainsi disponibles.
Un cadre de vie propice à l’étude et l’enseignement de la pratique sportive dans son ensemble. Pour preuve, l’Université Grenoble Alpes (UGA) et ses 60 000 étudiants a mis en place un dispositif spécifique pour que les étudiants « sportifs de haut niveau » (SHN) puissent mener de front parcours universitaire et ambitions sportives. « Certains étudiants ont même décroché des médailles lors des récents Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo » raconte Philippe Giroux, chargé de mission SHN à l’UGA. Composante de l’université, l’Unité de Formation et de Recherche (UFR) en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS) a ouvert l’an dernier le diplôme universitaire de Trail Running. Celui-ci vise à transmettre des connaissances aussi bien pratiques que théoriques sur cette pratique en plein essor. « Nous avons pas mal de médecins qui se sont inscrits sur ce DU » souligne Caroline Visery, la responsable pédagogique.
« Les ingés s’installent souvent ici pour le ski »
Lorsqu’on séjourne à Grenoble, on jouit en général d’une vue dégagée. La verticalité des montagnes n’est pas un obstacle. Bien au contraire. Il s’agit souvent d’un horizon qu’on cherche à atteindre. « Agglomération d’environ 700 000 habitants, Grenoble-Alpes Métropole rassemble 49 villes et villages. 70% sont situés en zone montagne. Les ingés s’installent souvent ici pour le ski » commente Chris Dupoux, ancien fondeur, aujourd’hui Chef de projet évènementiel pour Grenoble-Alpes Métropole. L’entité iséroise concentre « une vingtaine de stations de sports d’hiver dont deux grandes : l’Alpe d’Huez et les 2 Alpes, et d’autres très pittoresques comme celle des 7 Laux particulièrement appréciée des locaux ».
« Il existe ici un dynamisme, une jeunesse, une vivacité d’esprit. Avec le massif du Vercors, c’est tout cela qui m’a séduit » confesse Patrick Marguet, organisateur de la Foulée Blanche, grande course populaire de ski de fond, dont la prochaine édition se déroule du 18 au 22 janvier prochain. Car oui l’attractivité de ce territoire est aussi portée par des évènements grand public de premier plan. Ainsi la 19e édition de La Grande Odyssée, l’évènement annuel du chien de traineau en Europe qui se tiendra du 7 au 19 janvier, clôturera son programme en Isère. Les deux dernières étapes auront en effet pour cadre le Col de Porte (voir ci-dessous) le 18 janvier, et le final à Villard-de-Lans, dans le massif du Vercors le 19 janvier.
Des évènements de renommée mondiale
Si en hiver, la Foulée Blanche demeure toujours un moment attendu, la saison estivale brille aussi par ses temps forts. Du 4 au 11 juin 2023 se déroulera la 75ème édition du Critérium du Dauphiné, célèbre épreuve cycliste qui prépare au Tour de France. La métropole grenobloise qui au passage a déjà accueilli 43 fois la Grande Boucle. Au cœur de l’été, du 20 au 23 juillet, se dispute l’UT4M, un ultra-trail avec « un dénivelé supérieur à celui de l’UTMB » et dont la particularité est de traverser les quatre massifs de la région grenobloise. Un peu plus tard dans la saison, du 19 au 24 septembre, la Coupe Icare, à Saint-Hilaire du Touvet au Nord de la capitale des Alpes, se définit comme la « Mecque du vol libre » comme l’indique sa directrice Anne Budillon, avec « plus de 90 000 spectateurs ».
L’écosystème outdoor prend ses quartiers à Grenoble
Des rendez-vous grand public mais aussi des manifestations professionnelles liées à l’outdoor participent au rayonnement du bassin grenoblois. Certaines sont bien ancrées, telles le Moutain Planet qui rassemble tous les deux ans dans la ville l’ensemble de l’écosystème mondial de la montagne, d’autres ont fait pour la première fois leur apparition. C’est le cas de l’Outdoor Expert Forum qui a mobilisé le mois dernier 300 experts pour échanger et s’informer sur les enjeux des sports de nature. C’est aussi le cas des Assises Nationales du VAE qui ont choisi Grenoble en 2021 pour un cycle de trois ans. Lors de cet évènement, quelque 250 professionnels viennent s’informer des dernières tendances du marché. D’ailleurs, tout invite ici à délaisser son véhicule pour ses déplacements actifs. Côté vélo, la métropole grenobloise recense plus de 450 km d’itinéraires cyclables sécurisés et revendique « la flotte de vélos en location la plus importante de France avec 9 000 vélos dont 400 VAE ». Selon les chiffres de la collectivité, 29% des trajets domicile / travail sont réalisés à pied ou à vélo.
En l’absence de vélo, cinq lignes de tramway et des dizaines de lignes de bus maillent tout le territoire. Ils permettent d’accéder facilement aux quatre massifs. Si Grenoble s’était montrée précurseur en se dotant en 1934 d’un des premiers téléphériques au monde (les Bulles de Grenoble), la ville conserve son côté avant-gardiste en proposant dès 2025 un téléphérique urbain connecté au réseau de transports en commun.
Capitale verte européenne où l’escalade tient salon
Avec sa journée consacrée aux professionnels de la discipline suivie de deux jours pour le grand public, le Salon de l’Escalade, après deux éditions à Lyon, semble ici avoir trouvé sa place. À Grenoble Alpexpo. Il y a quelques jours, cet évènement (voir notre article) a tout de même rassemblé 245 exposants et reçu plus de 4 500 visiteurs.
Désignée « Capitale verte européenne » en 2022, Grenoble et sa région possède bien des arguments pour séduire le visiteur aimant le sport et la vie en plein air. Pas peu fiers de vivre ici, les habitants adorent en profiter. Tous les jours, toute l’année. Les responsables locaux parlent volontiers de la destination comme d’un « camp de base idéal pour les montagnards néophytes comme pour les experts ». Pourquoi : « Parce qu’ils bénéficient ici de services, d’équipements, d’entreprises, de professionnels pour vivre la montagne dans tous ses possibles ». Alors lancez-vous, filez sur Grenoble – à trois heures en train de Paris – pour faire le plein de sports nature.
Rossignol, chantre du ski recyclable
Son siège situé à Saint-Jean-de-Moirans au nord-ouest de Grenoble mérite le détour. « En 2008, les architectes se sont inspirés des lignes de fuite des montagnes environnantes pour construire le bâtiment de presque 12 000 km2 » résume Yann Laphin, directeur communication du groupe Rossignol. Un immense hall d’accueil dévoile notamment tous les trophées du biathlète Martin Fourcade cédés à l’entreprise. « Depuis Chamonix en 1924, l’histoire de Rossignol est jalonnée par 100 champions olympiques » précise le responsable.
Marque fondée en 1907, Rossignol abrite en son siège 250 salariés, plus de 600 dans son usine de Sallanches (Haute-Savoie). Au total environ 1 300 personnes œuvrent pour le groupe à travers le monde. C’est ici à Saint-Jean-de-Moirans que l’on fabrique les skis des champions (alpins et nordiques), « environ 10 000 paires à l’année ». « On ne parle pas d’usine mais d’atelier. C’est de la haute précision, comme en Formule 1 » indique Alexandre Rebatel, coordinateur skis alpins World Cup et Prototypage Skis.
Rossignol, dont 80% du chiffre d’affaires est réalisé à l’étranger (dont 40% en Amérique du Nord), veut incarner le produit montagne en hiver comme en été. « Nous sommes en effet présents sur toutes les pratiques de montagne, et nous nous adressons aux gens toute l’année » confirme Yann Laphin qui précise que « le vêtement représente 40% du chiffre d’affaires du groupe en France ».
Rossignol communique aussi beaucoup sur son engagement social, économique et écologique. 100% de ses skis, chaussures et fixations sont fabriquées en Europe. « Nous sommes en mode circuit court puisque la distance maximale entre nos centres de production et notre centre logistique est de 700 km » indique le directeur communication. La sensibilité à l’environnement est telle que « la plus ancienne marque de ski au monde » s’engage à « réduire ses déchets industriels de 40% d’ici 2025 ». Sa principale innovation réside dans la conception du « premier ski recyclable ». Baptisé Essential, celui-ci utilise « 73% de matériaux recyclés et biosourcés » et affiche « un taux de recyclabilité dix fois supérieur à un ski traditionnel qui est de l’ordre de 7% aujourd’hui ». « Nous travaillons en open source, et nous encourageons d’autres entreprises à s’engager dans cette voie » déclare Yann Laphin. Les premiers skis recyclables devraient sortir début décembre, « quelques centaines de paires haut de gamme avec un prix unitaire de l’ordre de 1 050 euros avec les fixations ». D’ici 2028, un tiers des gammes de skis du groupe s’intégreront dans une démarche de développement durable et d’économie circulaire.
Sans oublier l’appli On Piste :
S’appuyant sur l’expertise de Rossignol, l’appli On Piste regroupe toutes les destinations des 4 réseaux d’activités de l’entreprise française (Stations de Trail, marche nordique, vélo et ski de rando). On Piste se veut un précieux outil d’accompagnement pour les pratiquants de sports de plein air. Pour l’utilisateur c’est la garantie d’une sélection de parcours qualitatifs, sécurisés et respectueux de leur environnement naturel. C’est également une multitude de fonctionnalités facilitant la pratique sportive avant, pendant et après chaque sortie. Pour les destinations partenaires, c’est l’utilisation du savoir-faire du groupe Rossignol qui les accompagne dans le développement, la promotion et la commercialisation de leur territoire touristique par les sports outdoor.
Séance de biathlon à l’école de Porte
Le Col de Porte, au pied du pic de Chamechaude en Chartreuse, est la station la plus proche de Grenoble et l’une des plus fréquentées pour les activités outdoor, en été comme en hiver. À la belle saison, le site met à disposition ses parcours de VTT, de trail ou de randonnée. Durant la saison froide, le col de Porte se révèle le spot idéal pour l’apprentissage des activités neige. À côté des pistes de ski alpin, il offre des itinéraires de ski nordique, de ski de randonnée, de raquettes à neige avec l’accès, pour les plus aguerris, à Chamechaude, le fameux toit du massif de Chartreuse.
C’est au cœur du massif de la Chartreuse que s’est installée l’Ecole de Porte. Parmi les nombreuses activités qu’elle propose, il y a le biathlon. Parce qu’ici figure l’un des douze stades de la discipline en France, le Domaine de Chamechaude. Une opportunité unique pour s’initier au tir à la carabine. D’abord sur des cibles à faible distance. Un coach est là pour vous encadrer et vous familiariser avec la carabine. Basée ici, l’entreprise Kiwi Précision fait du biathlon laser son activité majeure. Une initiation ludique et donc sans aucun risque. Place ensuite, pour ceux qui le veulent bien, à la 22 Long Rifle. Position debout, position couchée (plus facile), les cinq cibles à atteindre (un disque de 11 ou 4,5 cm) sont cette fois placées à 50 mètres, distance olympique. La carabine d’environ 3 kg est bien calée sur l’épaule. Les tirs s’enchainent, ça claque et on ne boude pas son plaisir lorsqu’on atteint son objectif. Une expérience vraiment sympa. Et qui est souvent appréciée dans le cadre d’un team building. Si la neige est présente, on peut bien sûr compléter avec du ski de fond. Faute d’enneigement, c’est en ski à roulette que l’on parfait son expérience biathlon.
Davantage de renseignements ici.
Grenoble, terreau d’entreprises innovantes
Berceau d’entreprises, d’écoles d’ingénieurs et instituts de recherche de renommée mondiale, Grenoble cultive l’innovation au quotidien. Ce qui est vrai dans le domaine scientifique s’applique aussi à l’industrie du sport outdoor. En témoignent des majors solides comme des start-up agiles.
Des majors solides
– Béal, leader mondial de la production des cordes d’escalade.
– Go Sport, né à Grenoble, l’un des leaders en France du commerce de détails du sport.
– Petzl, inventeur de la lampe frontale, présent sur de nombreuses pratiques outdoor.
– Poma, leader mondial du transport par câble, par les airs ou au sol.
– Rossignol, icône des sports d’hiver et présent sur toutes les pratiques de la montagne d’aujourd’hui et de demain.
Des start-up agiles
– Alpha Bike, spécialiste du vélo et VAE ultra-léger.
– Alpinov-x, pépite locale qui a levé 4,8 millions d’euros pour développer la production efficiente de neige en s’affranchissant des paramètres météorologiques.
– Athletics 3D, fabricant d’équipements de biathlon et de tir sportif.
– Bluecime, qui a conçu un troisième œil à l’exploitant de remontées mécaniques en détectant les anomalies à la sortie d’embarquement des véhicules.
– Cognidis, anticipation du comportement des visiteurs en montagne en utilisant l’IA.
– eBike Labs, innovation en partage de vélos.
– Ecoload : Crée, dessine, construit, installe et entretient de stations de recharge solaire les plus écologiques possible.
– Edelbikes, le vélo sur-mesure.
– GBoost, le rétrofit du vélo.
– Mhikes, application mobile pour les voyagistes.
– Neoz, inventeur de solutions d’utilitaires éco-logiques pour le dernier kilomètre.
– Nolio est une plateforme pour la planification, le suivi des entraînements et l’analyse des performances sportives.
– Skaping, spécialiste de l’image, propose une nouvelle génération de webcams fixes et panoramiques pour la promotion touristique des destinations.
Des pépites
– Caprin Sport, marque de vêtements techniques de trail/ running écoresponsable.
– Entre Prises, spécialiste d’équipements de mur d’escalade, bloc et prise et fournisseur officiel des Jeux Olympiques de Tokyo 2020.
– GMM (Gimar Montaz Mautino), constructeur historique français de remontées mécaniques.
– G Tech – Guidetti, conçoit et fabrique des bâtons de randonnée et de marche nordique sous la marque Guidetti (80 000 paires de bâtons vendues par an).
– Raidlight, créateur d’équipements de trail. – Sidas, expert du pied « actif » depuis 1975. – Centre logistique de Snowleader, distributeur de matériel de ski.
*Nous reviendrons ces prochaines semaines sur certaines de ces start-up.
Quelques chiffres
- 5 massifs avec 2 Parcs Naturels Régionaux (Chartreuse et Vercors) et 1 PNR en projet (Belledonne)
- 865 km de sentiers de randonnée autour de la Métropole.
- 15 parcours de trail au départ des communes de la métropole.
- 21 itinéraires de randonnée à vélo pour découvrir le territoire métropolitain en famille.
- Une dizaine de balades fraîcheur identifiées dans les 5 massifs pour se rapprocher des 11 lacs.
- 450 km d’itinéraires cyclables sécurisés.
- 25 stations de ski et d’outdoor.
- Des dizaines d’itinéraires VTT en prairie, en forêt, plutôt à plat ou pour dévaler des pentes.
- Près de 5 600 emplois dans la filière outdoor dont 2 100 dans le secteur de l’aménagement de la montagne et 3 500 dans l’industrie du sport.
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